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POESIES
UC DE SAINT-CIRG
BIBLIOTHÈQUE MERIDIONALE
PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA. FACULTÉ DES LETTRES DE TOULOUSE
Ire SÉRIE.
TOME XV.
POÉSIES
DE
C DE SAINT-CIRC
PUBLIÉES
AVEC UNE INTRODUCTION, UNE TRADUCTION
ET DES NOTES PAR
A. JEANROY
Professeur à l'Université de Paris, ET
J.-J. SALVERDA DE GRAVE
Professeur à l'Université de Groningue.
TOULOUSE Imprime eu h kt librairie Edouard privât
l'i, RUE DES ARTS (SQUARE OU MUSÉE)
Paris, Alphonse PICARD et fils, rue Bonaparte, 82. 1913
2 561T
A M. Paul MEYER
DOYEN ET MAITRE DES PROVENCA LISTES
AVANT-PROPOS
// n'y a guère moins d'une dizaine d'années que j'ai commencé à réunir les matériaux de cette édi- tion, en copiant les manuscrits de Paris ou en colla- tionnant sur ces manuscrits les éditions antérieures^. Et pourtant elle serait encore bien loin de pouvoir paraître si mon ami Salverda de Grave n'avait ai- mablement accepté d'assumer une partie de la tâche. Il n'y a ménagé ni son temps, ni sa peine. En effet, il n'a pas seulement classé les manuscrits , établi le texte, rédigé les notices métriques et les notes criti- ques (celles-ci se trouvent soit en tête des poésies, soit disséminées parmi les autres); il a encore écrit la plupart des traductions , les commentaires histori- ques [pp. i5i~65 ) et r Introduction qu'on va tire-. Seules, les notes grammaticales et quelques traduc- tions (en dehors du travail matériel dont j'ai parlé) sont donc de moi. Toutefois, il n'est pas de difficulté importante que nous n'ayons examinée en commun, au cours de longs entretiens qui resteront, pour moi,
i. Les copies ou collations des manuscrits D, <i, a' m'ont été four- nies par mon très obligeant ami (i. Bertoni, qui n'avait pas encore à ce moment publié les deux derniers de ces manuscrits.
2. Une première rédaction de celle-ci a été lue, en hollandais, devant l'Académie royale des sciences d'Amsterdam et a paru dans les actes de cette Société (1912).
3330 ■(13
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VIU WANT-PROPOS.
l'un des principaux bénéfices de cette entrepris,- .- il en a été ainsi notamment pour rétablissement des pas- sages les plus diffibiles du texte, que j'avais expli- quée deux reprises, à Toulouse en igoy, à Paris en rgiO-igil, pour les interprétations les plus sujettes à controverse, enfin pour la théorie exposée dons l'In- troduction au sujet de l'irréalité du roman d'amour de nôtre poète. Nous avons, du reste, revu le manus- crit ou les éprennes l'un de Vautre et il nous serait saunent impossible de préciser, dans le détail, ce qui revient à chacun. Notre ouvrage est donc un édifice bâti à frais communs, pour lequel nous entendons payer solidairement et indivisément le tribut dû à la critique.
Notre travail a été saunent interrompu et par/ois poursuivi dans des circonstances gênantes, je veux
dire à une époque qui nous tena t éloignés de la plu- part de nos livres ou notes. C'est ce qui explique le nombre des « additions et corrections » qu'on trou- vera à la fin du volume. Toutes les fautes que nous y avons relevées ne sont pas, au reste, imputables aux circonstances. H est certaines omissions ou bé- vues dont nous nous accusons avec toute la modestie qui convient. Puisse le lecteur ne pas en trouver beaucoup d'autres.
A. Jeanroy.
Saint-Jean (Hante-Garonne), i5 août iota.
INTRODUCTION
LA « BIOGRAPHIE » CONTROLEE PAR LES POESIES.
S'il était assuré que Uc de Saint-Cire, en dehors des biographies de Bernart de Ventadour et de Sa- vane de Mauléon, en a écrit d'autres, comme le sup- posent Ghabaneau et Grôber1, on serait autorisé à penser qu'il a aussi composé la sienne propre, et on pourrait appuyer cette hypothèse sur deux faits. D'abord, on y rencontre deux italianismes (ampqret pour après et com au sens de ab, « avec »); or, Uc a longtemps habité l'Italie, où probablement il est mort. Puis, nous lisons dans la Biographie : gran ren amparet de Vautrai saber e voluntiers /'ensein- gnet a autrui"1.
i. Chabaneau, Biographies des Troubadours, p. 3; Grôber, Die Liedersammhutgen </<'/■ Troubadours, p. ^94 •
2. M. Grôber, dès 1884, a supposé que la grammaire dite « de Uc Faidit » était l'œuvre de notre troubadour, alors exilé (faidit) en Italie. {Zeitschrift f. rom. Philo/., VIII, 112; cf. Roman ia, XIII, G3o.) Ce n'est toujours qu'une hypothèse.
\ INTRODUCTION.
Par là, cette « autobiographie »> gagnerail infini- ment en autorité. D'ailleurs, nous verrons qu'elle ne contient aucun l'ail <|iii soit en contradiction formelle avec les données fournies par les pièces. Nous la sui- vrons point par point, en la divisant en un certain nombre de paragraphes et en essayant de la com- pléter au point de vue chronologique.
I. Naissance et jeunesse. — Thégra est un village du canton de Gramat, arrondissement de Gourdon, à environ 6 kilomètres à Test de Rocaina- dour. Quant à Saint-Cire, dont était originaire le père du troubadour et dont celui-ci prit le nom, l'identification de ce lieu n'est pas sans présenter quelque difficulté. La seule localité qui corresponde à peu près aux indications données par la Biographie est la « grange de Saint-Cyr », portée sur la carte de l'état-major n° i<)4 (Gourdon); elle n'est très dis- tante ni de Rocamadour i 5 kilomètres environ au sud-est, à vol d'oiseau), ni de Thégra, mais elle n'est en aucune façon située ni pe de l'église du célèbre pèlerinage : celle-ci est accrochée à mi-pente au ro- cher calcaire qui domine le cours de l'AlzOu; au fond du ravin, il n'y a place que pour quelques maisons et un château fort n'a jamais pu y être éditié. G'esl cependant la seule localité à laquelle on puisse son- ger, Saint-Girc-la-Popie (arrondissement de Gahors, canton de Saint -( iéry ), Saint-Cirgues (arrondisse- ment de Figeac, canton de La Trouquière i, et même Saint-Cirq Madelon (arrondissement et canton de
INTRODUCTION". XI
Gourdon) étant beaucoup trop éloignés de Thégra et de Rocamadour1.
Il n'y a aucune raison de douter de l'exactitude des informations du biographe sur l'éducation cléri- cale qu'aurait reçue notre troubadour. On sait que les poètes provençaux se recrutaient souvent dans le inonde du clergé-. Les valais homes et les valens domnas dont Uc aurait étudié les faits et les écrits pourraient bien n'être que les poètes et les poétesses d'alors.
II. Période toulousaine. — On trouvera les dé-
i . [M'étant livré à une exploration des lieux, voici ce que j'ai cons- taté : La « grange de Saint-Cyr », composée de deux bâtisses où on abrite les troupeaux, est située dans la partie la plus désolée du causse de Gramat; on n'y trouve aucune trace de constructions féodales et l'emplacement, sur un plateau découvert de tous côtés et aisément accessible à l'est, eût été très peu favorable à l'édification d'un château fort. Ces masures, situées à 270 mètres d'attitude environ, sont au reste plus élevées que la partie supérieure de Rocamadour (25o mè- tres environ). Il y a bien, à 2 kilomètres de là, au sud, le château moderne de la Pannonie, mais il est dans une situation très analogue et ne parait pas non plus édifié sur l'emplacement d'une ancienne for- teresse. Ce que dit le Biographe au sujet de la destruction du châ- teau de Saint-Cire a pu lui être inspiré par les vers 4-5 de notre pièce XXXV. En ce qui concerne Thégra, qu'il aurait pu confondre avec Saint-Cire, cette localité, située elle aussi en plein causse (à 18 kil. nord-est de Rocamadour), n'est pas davantage « au pied » du sanc- tuaire.
Il semble donc bien que l'auteur de la Biographie ignorait tout des lieux qu'il a mentionnés, ce qui exclut l'hypothèse que cet auteur se confondrait avec le poète. Il suffirait, pour avoir uwv, marge beau- coup plus étendue, de supposer que al pe esi une faute pour ni prep (on trouvera dans Levy quelques exemples anciens de cette forme); mais j'avoue que la correction me paraîtrait bien hardie. — A. J.]
2. Stengel, Grundriss der romanifehen Philologie, II2, pp. 18 et 19.
XII INTRODUCTION.
I;nls de la datation que nous allons proposer dans les commentaires que nous avons ajoutés aux pièces. \i la mention du Dauphin d'Auvergne (V), ni celles de la vicomtesse de Benauges (XIII), ni celle de la comtesse de Montferrand (111) ne nous permettent une conclusion un peu précise; nous apprenons par là seulement que c'esl dans les trente premières an- nées du treizième siècle que lie a dû vivre en Lan- guedoc. Ses rapports avec Savaric de Mauléon (voyez le commentaire du n" VI j se placent, d'après les poé- sies, entre 121 1 et 12 19. Ses tensons avec le vicomte de Turenne contiennent des allusions à la guerre contre les Albigeois, celles qu'il a échangées avec le comte de Rodez (XXXVII et XXXVIII) semblent se placer entre i2il\ cl 1222 (date incertaine de la mort d'Henri I" de Rodez), tandis que le n" XLIII parait antérieure 1219, année incertaine de celle de Marie de Ventadour. La pièce VIII, dédiée à Sanclia d'Aragon, a du être écrite entre 121 1 et 122O, et plutôt dans les environs de 1220.
Tout considéré, c'est bien «Mitre 1211 et 1220 que le a du vivre en Languedoc. On ne peut savoir quelle pari il a prise aux opérations militaires; il semblerait, d'après la pièce XXXVII, qu'il a servi sous le comte de Itodez, et les tensons échangées avec le vicomte de Turenne paraissent autoriser la même conclusion.
Par l'outre, les poésies ne conlirmcnt ni les phra- ses de la Biographie : estet lonc Irm/ix en Gascoigna paubres, cora <i ne, cora <i caval, ni le lait «pic la
INTRODUCTIOK. XIII
vicomtesse de Benauges l'aurait mis en rapports avec Savaric de Mauléon, ni enfin le séjour qu'il aurait fait en Poitou. Mais tout cela est parfaitement vrai- semblable ; il a pu accompag-ner son protecteur dans ses déplacements.
III. Séjour en Espagne. — Ici encore, la Bio- graphie seule nous renseigne : des poésies qui nous restent aucune n'a été écrite en Espagne. On peut se demander s'il est probable qu'étant en Espagne il n'ait pas fait de chansons ou que toutes celles qu'il y aurait faites se soient perdues. Deux fois seule- ment l'Espagne semble mentionnée dans ses œuvres : aux vers i5-i6 de la pièce XXXVII, le comte de Ro- dez exprime le souhait de le voir au fond de l'Es- pagne ; au vers 16 du n° XL, l'interlocuteur d'Uc, Giraut, regrette que De ne l'ait pas accompagné « au delà de Moncat1 ». Ces deux passages, s'ils permet- tent une conclusion, feraient plutôt croire que Uc, jusqu'à ce moment, n'avait pas visité l'Espagne2.
IV. Séjour en Provence. — La tenson que Uc a échangée avec Guillaume des Baux (XXXIX) est an- térieure à 12 18. La chanson dédiée à la comtesse de Provence (II) est peut-être antérieure à 12 iy.
Si Ton pouvait savoir que c'est en se rendant en
1. Moncat doil probablement être identifié à Moncada (Catalogne). Cf. note à XL, 16.
2. Les renseignements donnés par .Mi là y Kootanals, De lus Trova- dores in Espahn, |>[>. ni, {'■'<-, [5a, reposent uniquement sur la Bio- graphie.
\l\ INTRODUCTION.
Italie que l •• a passé quelque temps en Provence, on pourrait préciser les dates de s;i période toulousaine i ci-dessus, sons II).
V. Période italienne. — < m ne connaît pas le motif qui a poussé Uc à s'expatrier. Gàsini, dans sou étude siii- a les troubadours dans le pays de Trévise1 », établit des rapports entre ce dépari et la guerre des Albigeois; à tort, probablement, car nous voyons, inversement, Sordel, vers 1 2 29 > quitter l'Ita- lie pour le midi de la France. D'ailleurs, une visite à l'Italie taisait en quelque sorte partie du pro- gramme des poètes provençaux de cette époque. Et puis Uc ne semble pas s'être intéressé beaucoup au sort des hérétiques; nulle part, il ne parle des hor- reurs de la croisade, lui qui plus tard trouvera des accents indignés pour flétrir les cruautés d'Ezzelino2.
Les poésies que Uc a écrites en Italie se placent entre 1220 et 1253. Suivant, la Biographie, il épousa une femme de Trévise, et, après son mariage, il ne fit plus de chansons. Cela est confirmé par ses œuvres, car, sauf une exception (XV), toutes les poé- sies écrites en Italie sont des sirventés, des tensons ou des <( cohlas >». Or, l'étude des pièces (voyez le commentaire du n° XLI) nous apprend que e'esl dans les années immédiatement postérieures à 1220 qu'il
i. Propagnatore, XVIII (i885).
2. Il est vrai <|tit\ dans les œuvres de Miraval, qui vivait sur le théâtre même des événements <m dul assister aux scènes les |>lus san- glantes, on nt' trouve qu'une seule allusion, el très vague, à ta guerre. (Voy. Andraud, Raimon île Miraval, pp. 7'1-tO
INTRODUCTION.
a dû être en rapport avec la cour de Malaspina, où vivait Selvaggia d'Auramala, destinataire de la chan- son XV. De sorte que rien n'empêche d'admettre qu'il s'est marié peu après son arrivée en Italie, ce qui d'ailleurs s'accorde bien avec l'âge qu'il a dû avoir à cette époque; en effet, d'après ce que nous avons constaté plus haut, il devait avoir entre trente et quarante ans lorsqu'il quitta sa patrie.
Les poésies nous apprennent que, outre un séjour à la cour d'Auramala, il a vécu à la cour des da Ro- mano, à Trévise et dans les environs, ce qui corro- bore le renseignement de la Biographie au sujet de son mariage ; il a sans doute été aussi ailleurs, peut- être à Pise (XXX), en Toscane et dans les Mar- ches (XLI)1.
II.
CLASSEMENT DES CHANSONS ET CRITIQUE DES (( RAZOS )) .
Il y a, dans la Biographie, un passag-e que nous n'avons pas encore relevé : Cansos fetz de Jort bonus et de bons sons e de bonas coblas et anc no fo gaires enamoratz. Mas se sanp feigner enamoratz ; et ben saup levar las soas dompnas et ben decazer, quant el lo volia far, ab los siens vers et ab los sieas digz.
i. De Lollis, Sordello, p. l\, a. IL — La Marche <l<>nt il y est question peut être celle de Trévise, liés fréquentée par les trou- badours.
XVI INTRODUCTION.
N'attachons |>;is Irop d'importance ;'i celle dernière information; e/esl un lieu commun dans la poésie des troubadours, et c'est dans une des poésies de LJc lui-même (VII, 9-10) qu'au besoin le biographe aurail pu la trouver. Mais les premières lignes nous amèneront à discuter, pour ce qui est des poésies de I r, la question que MM. Wechssler ' et Stronski* oui remise à Tordre du jour, celle de savoir si la poésie des troubadours est fictive ou repose sur une réalité concrète.
Les poésies de Uc ne nous renseignent pas sur la femme ou les femmes qu'il a aimées. Quand, dans la « tornada », il en nomme une, ce n'est jamais celle qui t'ait l'objet de la poésie; ses envois, quand ils contiennent un nom, — ce qui n'est pas le cas pour IX, X, XI et XII, — servent à rendre hommage à un liant personnage. Aussi on ne trouve, chez (Y, guère de noms fictifs; on n'en rencontre que dans IV, où Désir paraît cacher un nom de femme, à moins (pie ce nom ne soit une personnification d'Amour, et dans XXIV, où Ma Vida ou M'Ajuda doit être un « senhal » désignant un confrère. Les tornades de II, V et XIV disent expressément (pie celles à qui les chansons sont adressées ne son! pas celles dont il s'agil dans la pièce; celles de VI cl de
VII soni envoyées à Savaric, à qui l'auteur demande
conseil au sujet de ses amours.
11 sérail imprudent d'expliquer par cette particu-
1. bus Kulturproblem des Minneaangs, Huile, 1909. ■>. /.r troubadour Folquet de Marseille, Gracovie, 1910,
INTRODUCTION. XVII
larité les paroles : Ane no fo gaires enamoratz , mas se saup feigner enamoratz; car c'est là encore une de ces phrases qu'on rencontre plus d'une fois. Ainsi Folquet de Marseille dit la même chose d'un troubadour, probablement Bertran de Born, et d'un autre, qu'on n'a pas réussi à identifier1. Cette phrase ne prouve donc rien, ni pour ni contre la réalité des sentiments exprimés par Uc. Mais l'absence du nom, fictif ou réel, de la femme aimée dans toutes les chansons sans exception nous permettrait l'hypo- thèse que toutes ou plusieurs ont pour objet la même femme, fictive ou réelle, si cette hypothèse se laissait étayer par d'autres arguments. Et, si nous ne nous trompons, c'est bien le cas. Nous croyons, en effet, que treize des quinze chansons forment un groupe et représentent les différentes phases de ce qu'on pourrait appeler un roman d'amour, dont nous discuterons plus tard le rapport avec la réalité. Les chansons I, II, III et IV présentent ce trait commun qu'elles débutent par les mêmes images, complaisamment développées, nous voulons dire la personnification des yeux et du cœur de l'amant, opposés entre eux ou à la personne même de celui-ci. Dans la troisième, les yeux et le cœur de l'amant, ainsi que lui-même, sont simplement considérés comme les victimes de l'Amour; dans la première, s. ,n cœur et ses veux sont pour lui des ennemis qu'il
i. Édition Stronski, XII, vv. 47-/18; XIII, 48-49- I^es raisonne- ments (!i- Wechssler (op. cil., p. 19")) sur se fenher arliorat sont peu probants.
11
XVIII INTRODUCTION.
s'efforce en vain de fuir; dans la seconde, ces enne- mis, unis à deux mauvais « seigneurs » (sa daine et l'Amour), le luent; dans la quatrième, ses yeux triomphent de son cœur, son cœur et ses veux réunis triomphent de lui-même, el ions finissent par succomber, car le cœur, se comportanl en traître, l'ail hier l'amant el ses yeux par la daine, qui finit par le hier lui-même '.
De ees chansons, la quatrième appartient, en outre, à un groupe tonné par les neuf autres chan- sons de Uc et trois poésies que nous avons imprimées parmi les sirventés (XVI, XVII et XXV), et qui, ainsi (pie nous l'avons dit, se laissent sans effort ranger de façon à former les différentes étapes d'un amour malheureux. Il est à noter que toutes les ehansons qui en font partie, à en juger par les noms que con- tiennent les tornades (quand elles en contiennent), se rattachent aux années où Uc était encore en France»
Nous allons maintenant résumer brièvement le contenu de ces pièces, en les plaçant dans l'ordre requis.
[I, II, III . Le poète a longtemps été aimé de sa dame2, mais depuis il a constaté avec douleur qu'il n'est plus seul à l'être. Il se plaint de la froideur que lui témoigne sa dame. Il l'aime éperdument et il fera son possible pour la rendre plus humaine; il chérit la douleur qu'il éprouve à cause d'elle. Aucune
i. l'ouï- obtenir ce sens, il a fallu corriger If vers i d'une manière i|ui. espérons-le, m* paraîtra pas 1 1 • » » | » arbitraire.
2. Voy. VI, i ."> ss.
INTRODUCTION. XIX
autre femme ne pourra la remplacer dans son cœur (a)1.
[VI]2. Le poète proteste toujours de son intention de rester fidèle à sa dame. Mais dès maintenant, nous surprenons en lui un mouvement de révolte à la pensée qu'il sera obligé d'aimer toujours sans espoir de retour l'vv. 10-10); il insiste sur l'effort qu'il doit faire pour continuer à l'aimer (vv. 28-29); il se décourage et demande à Savaric s'il doit porter ses hommages ailleurs.
Vil . Le sujel est le même, mais les plaintes et les protestations d'amour sont plus violentes. Sa dame aurait tort de refuser ses hommages, parce que, comme poêle, il peut lui donner la gloire. Il se dit que le seul parti à prendre, c'est de la quitter, mais il ne le peut pas. Il supplie Amour de le contenter et de ne pas le laisser mourir inconsolé; si sa dame ne veut pas de lui, il n'en aimera pourtant pas d'autre (a). Il dit à Savaric que, quoi qu'on puisse lui rap- porter d'elle, il ne la quittera pas avant de s'être assuré par lui-même que ce qu'on dit d'elle est la vérilé (6).
Voilà la première allusion aux bruits défavorables qui eirculenl sur sa dame; ce n'est qu'une petite
1. Les lellres pincées entre parenthèses servent à mettre en relief 1rs pensées ci imm nues aux différentes poésies el renvoient à la liste de la |). xxiv.
2. On pourrait placer avant eetle pièce la clianson V, que nous avons exclue du groupe, parce que le lien qui la relie aux autres n'est pas évident. On \ remarquera aussi l'insistance avec laquelle Uc proteste qu'il n'aimera jan ais une autre Femme (v. 23).
INTRODUCTION.
égratignure ; nous verrons que les traits ne tarde- ronl pas à devenir plus Incisifs.
[VIII . Le poète n'a pas de quoi faire une chanson gaie qui sciait inspirée par- des sentiments vrais; il en fera donc une à double face (/). Les amants fidè- les sont méconnus et Amour accueille bien les arro- gants. Les femmes sont perfides et ne se respectent pas, de sorte que, pour avoir du succès auprès d'elles, il faudrait se prêter à leurs mensonges. Une femme peut déchoir rien qu'en faisant semblant de prendre plaisir à ce qui ne doit pas lui plaire (c), car de là naissent des bruits fâcheux (6), qui séparent ceux qui ont été liés. Que la dame ne s'attende pas à voir le poète fermer les yeux à ce qu'il aura vu. Et pourtant celui-ci ne pourra jamais ôter de son cœur celle qui le rend misérable; la dame aura beau le maltraiter, il lui restera fidèle (a).
Mais, malgré l'énergie de ses protestations, nous voyons qu'il commence à se détacher de sa dame ; déjà il la menace au eas où il constaterait la vérité de ce que l'on raconte d'elle; déjà il l'avertit d'éviter même les apparences «Tune mauvaise conduite.
[IX]. Le poète est ballotté entre la joie et le cha- grin (i). Les amantes ingrates ont fait déchoir l'amour; elles ne peuvent plus être fidèles. Le poète a, pendant quelque temps, fermé son cœur à l'amour, mais il est à bout de forces et accourrait sur un seul sigUe de sa dame. Il termine par un nouvel avertisse- ment : on reconnaît les femmes honnêtes à leur con- duite dans le inonde. Donc, si vous voulez l'ester
INTRODUCTION. XXI
honnête femme, évitez même de faire semblant d'ai- mer les folies (c). Maïs il ne lui convient pas d'en dire plus long (d).
Cette dernière phrase fait sons-entendre que le poète a déjà des preuves de l'incondnite de celle qu'il aimait ; mais il suppose encore qu'elle n'est qu'étour- die; il insiste sur son inconscience; il ne croit pas encore à sa faute.
[X]. 11 a longtemps attendu (J) pour trouver la matière d'une chanson gaie qui serait en même temps vraie; il n'y a pas réussi; il en fera donc une qui sera mi-partie (7). Il se rappelle avec tristesse le temps où il était aimé de sa dame. Puis, sans tran- sition, il revient à son thème. Une folle seule croit se relever par ce qui, en réalité, l'abaisse, et pour avoir l'ait parler d'elles, plusieurs femmes de mérite ont perdu leur gloire, quelles espéraient justement augmenter par là (c). El si elle tombe, elle ne peut plus se relever. Mais, quoi qu'il arrive, le poète n'aimera jamais une autre femme (a).
Donc, il continue à mettre sa dame en garde con- tre une certaine libellé de conduite; il lui montre les dangers (pie court la femme qui aime à faire par- ler d'elle.
XV] I . C'est un grand malheur pour un ami que d'apprendre les mauvais bruits qui circulent au sujet de la femme aimée (6); il en a dit assez pour que h's gens avertis le comprennent u/i; il n'entend pas se plaindre, mais seulement avertir sa daine que c'est une grave faute d'accorder ses faveurs à
l.VI IWlIHHTION.
mi indigne (é). Il la prie donc de bien choisir sou amou- reux et de rie rien Paire qu'on ne puisse pas excuser. Déjà, ce n'esl plus seulement d'apparences d'in- conduite <|iril est question-) le poêle parait certain
que sa dame se laisse faire la cour par des hommes
(loul la société ne lui fait pas honneur. De sou amour
pour elle, il ne parle plus.
XI]. Il ferait volontiers une chanson gaie, mais il n'a aucune raison d'être gai (i). Il a longtemps été malheureux (/) et il renonce à celle qu'il aime, mais il en souffre cruellement. Et encore il se consolerait de son malheur, il cesserait de se plaindre, s'il ne s'agissait (rue de lui; mais ce qui l'irrite, c'est de voir que sa dame, pour le punir de l'avoir aimée, se con- duit de telle façon qu'elle perd l'estime des honnêtes yens. Lui ne saurait aimer une femme qui se promet à tous (e), car alors ce n'esl plus un honneur d'être distingué par elle; et d'ailleurs, une dame intelli- gente et adroite peut bien s'attacher' plus d'un ami, tout en respectant son honneur et sans donner à tons de l'espoir.
Ainsi , il ne s'agil plus maintenant de bruits fâcheux causés par une certaine légèreté de sa dame. Les accusai ions se précisent; le poète n'a plus foi dans l'innocence de celle qu'il a aimée. Il va briser les derniers liens.
XII . Désormais, il ne demande pins aucune faveur à sa dame; il ne cherchera pins à se réconci- lier avec elle; il lui souhaite tout le mal possible. l'msse-i-elle aimer quelqu'un qui ne l'aime pas > />.
INTRODUCTION. XXIII
Mais il ne lui convient pas de dire d'elle des choses qu'une autre pourrait lui reprocher (d).
[XVI]. Il lui rend sa liberté, mais en lui donnant le eonseil de s'enfermer, parce que sa conduite dans le monde est révoltante. Cependant il ne veut pas insister (d).
XXV]. Il maudit son amour et annonce qu'il s'est tourné vers une autre dame.
XIII]. On ne doit pas servir un seigneur per- fide (g). La dame que le poète a aimée en est la preuve. Puisse Dieu, pour la punir, lui donner un amant déloyal (f). Mais le poète a gagné les bonnes grâces d'une autre dame, belle et gaie; il craint de la perdre el promet de ne pas èlre exigeant.
XI V . Délivré d'un mauvais amour, il s'adresse à une dame plus loyale. Cette dame, il l'avait déjà aimée avant celle qu'il vient de quitter; qu'elle ne le lui reproche pas, car, grâce à ses malheurs, il a compris combien esl fou celui qui quilte son bon seigneur (g). Il l'en aime mille fois davantage. Il sait qu'il est indigne de pardon, mais à tout péché misé- ricorde. Il est encore loin, et déjà il est jaloux d'elle. Il envoie sa chanson à Azalaïs d'Autier, pour qu'elle sache qu'il a quitté la mauvaise voie.
IV . Il aime, mais il hésite à déclarer son amour; toutefois, il espère que sa dame aura pitié de lui. « Amour, je serai votre esclave, car celle que j'aime maintenant vous fait mettre fin, à mon profit, à tous les torts que vous aviez envers moi. »
[NTRODI CI'ION.
En résumé, le poète a aimé une daine qui, peu à peu, s'esl laissée aller à son penchanl pour les succès mondains. Sa folle coquetterie l'a l'ail sortir de la réserve nécessaire ei sa réputation en a souffert. Malgré les avertissements réitérés de son amant, elle a laissé courir les mauvais propos ''I, pour retenir les adorateurs, elle leur a accordé des laveurs non équivoques. Le poêle, alors, l'a abandonnée à son sorl et esl revenu à celle qu'il aimait avant que la coquette se fût emparée de son cœur! 11 trouvera auprès d'elle la sécurité qu'il cherche, car il recon- naît que ce fut, de sa part, une grosse erreur de la quitter pour une autre moins digne.
11 n'est donc pas douteux que ces poésies se rap- portent aux mêmes faits, réels ou fictifs. Et le lien qui les unit se montre aussi dans les assez nom- breuses pensées communes que nous avons mises en relief et que voici : a. Le poète n'aimera aucune autre femme; b. des bruits fâcheux circulent au sujet de la dame; c. une femme doit éviter même les appa- rences de la mauvaise conduite; <l. le poète se gar- dera bien de donner des détails; e. la dame esl vo- lag^; sa conduite finit par être scandaleuse; /'. le poète lui souhaite un amoureux déloyal; g. le poêle préfère le bon seigneur au mauvais; /'. le poète ne saurait trouver dans la réalité matière à une chanson joyeuse; il en fera donc une à double face; y. il a longtemps souffert.
Sans doute, ces pensées ne sont pas nouvelles; on les retrouve chez d'autres troubadours. Mais,
INTRODUCTION. XXV
si nous ne nous trompons, chez aucun elles ne reviennent aussi régulièrement et avec tant d'in- sistance.
Une autre particularité qui donne à l'œuvre de Uc une physionomie spéciale, c'est qu'elle est remplie d'allusions à des faits déterminés.
Ces poésies reflètent-elles un épisode amoureux de la vie du poète ou ne sont-elles qu'un badi- nage auquel on a donné l'apparence de la réalité? Telle est la question délicate qui nous reste à aborder.
Nous exposerons d'abord les arg-uments qui sem- blent militer en faveur de la réalité.
Le plus spécieux consiste en ceci que certains détails de cette histoire semblent confirmés par les razos.
La première, celle de la pièce X, se trouve dans N2 et relate ce qui suit : « Uc de Saint-Cire aimait une dame du pays de Trévise, appelée Stazailla, et il la servit et l'honora et fit pour elle de jolies chansons. Et elle agréa ses hommages et lui promit de le ré- compenser. Mais c'était une dame qui voulait que tous les hommes de valeur qui la voyaient fussent amoureux d'elle, et elle acceptait leurs hommages et leur faisait des promesses. Uc se brouilla avec elle. Mais elle ne craignait ni le blâme ni les mauvais bruits. El le attendait chaque jour qu'elle se récon- ciliât avec lui et lui donnât matière à une chanson gaie. Et voyant qu'elle ne venait pas, il lit la chan- son qui dit : Lonjamen ai atenduda. »
\\\ l INTR0D1 CTION.
On sait « 1 1 1 « * les razos de V ont été faites d'après les poésies auxquelles elles servent d'introduction*.
En effet, lonl le récit <|iii précède a pu être tiré de la poésie X, sauf la mention du nom de la daine. Cette mention suffit-elle à nous faire admettre, con- trairement à ce que nous savons de l'origine des razos de .\-, qu'ici l'auteur a puisé à des sonnes différentes? Remarquons que la pensée de localiser à Trévise un épisode amoureux de la vie de le a pu être suggérée à l'auteur de la /'oco par la biogra- phie, qui dit (pie le habita ce pays et s'y maria.
Quant au nom de la clame, il est obscur. Casini "2 croit que Stazailla pourrait être une déformation d"OstasieI/a, diminutif d'Ostasia. Mais c'est là une supposition gratuite et peu probable, à cause de la diversité des noms; d'ailleurs, elle ne permet aucune identification. Comme on s'attendrait à trouver le titre de Na devant le nom, on pourrait supposer que Stazailla est une faute d'écriture pour NI A z ailla, qui pourrait être une altération de celui d'Azalaïs d'Autier, dont il sera question plus loin. Quoi qu'il en soit, jusqu'à plus ample informé, cette razo ue saurait être un obstacle à notre groupement.
Maintenant, voici ce que nous raconte la razo de XIV, contenue dans P:« Uc de Saint-Cire aimait une dame d'Anduze appelée Clara, qui aimait à ce qu'on parlât d'elle de près et de loin, et désirait
i. Zingarelli, Su Bernari ili Ventadorn, p. 'i (SindJ medievuli, i t)o5, I, 309). :>. / Trovatori nella Marca Trivigianaf déjà cité.
INTRODUCTION. WVII
avoir l'amitié et jouir de l'intimité des bonnes dames et des hommes de valeur. Et Ue sut la bien servir en ce qu'elle désirait le plus, et fit en sorte que Clara entra en relations avec toutes les bonnes daines de ces contrées, si bien que toutes lui envoyèrent des lettres et des « salutz » et des « joias ». Et Uc faisait les réponses. Elle agréait les hommages de Uc et lui promit de lui être agréable. Uc fit à son sujet beau- coup de belles chansons, et elle y prit grand plaisir. Leur amour dura longtemps, et il y eut entre eux beaucoup de querelles et de réconciliations. Or, elle avait une voisine très belle, appelée Ponsa, qui était jalouse de la célébrité de Clara et de l'honneur que Uc lui avait fait acquérir. Pour attirer Uc, elle lui fit dire que Clara avait un autre amant quelle aimait mieux que lui, et elle lui promit de faire et de dire ce qu'il voudrait. Uc, n'étant ni fidèle ni constant, se sépara de Clara et commença à dire du mal d'elle et à louer dame Ponsa. Dame Clara fut très irritée, mais ne se plaignit pas de lui. Uc fut longtemps L'ami de Ponsa, niais elle ne tint pas sa promesse. Uc, se voyant trompé, fut triste et s'en alla chez une amie de Clara et lui lit connaître les raisons pour lesquelles il s'était éloigné de Clara et la pria ins- tamment de faire la paix entre elle et lui. Cette amie lui promit de faire son possible; elle parla à Clara, el «'lies convinrent que Uc serait admis à parler avec elles deux; et ainsi la réconciliation eut lieu. Au sujet de quoi fut faite la chanson : Ane mais non oi tems ni sazo ».
I.N'I IIOIH (I ION.
Ici, la question est j >] us compliquée, car l'auteur de I* nous donne des détails qu'il u'a pu trouver ni clans la poésie ni dans la biographie. On ne saurait nier qu'entre ce récil el le roman tel que nous l'avons reconstruit au moyen des poésies, il y ait une ressemblance frappante. Il est vrai qu'il y a aussi des différences. Car le reproche de coquetterie est adressé, dans la razo3 à la première amante, à la- quelle le poète revient, tandis qu'il ressort des poé- sies que c'est la seconde qui serait coupable. On pourrait se tirer de cette difficulté en mettant en relief la phrase de la razo qui dit, de Ponsa aussi, qu'elle était jalouse de Clara et de l'honneur que le lui avait fait acquérir. Quoi qu'il en soit, des rap- ports entre les deux versions sont indéniables, et cette concordance pourrait être un argument en faveur de l'authenticité de l'histoire. De plus, parmi les détails qu'ajoute la razo, il y en a qui semblent confirmer que nous avons affaire à une histoire réelle. En effet, celle Clara d'Anduze a pu être iden- tifiée avec une poétesse dont il nous reste une poésie1 qui se signale par l'accent passionné des protestations d'amour qu'elle contient ; on dirait une femme qui, poussée à boni par les calomnies, oublie (oui pour sauver son amour. El ces vers trouveraient tout naturellement leur place dans notre roman : la dame, injustement accusée, aurail tâché de convain- cre le poète qu'elle l'aime toujours; rappelons-nous
i. Chabaneau, Biographies, |>. 5 ■ ; Schultz, Provenzalische Dichterinnen, |>. 26.
INTRODUCTION. XXIX
que Ponsa, d'après la raso, avait répandu le bruil que Clara avait pris un autre amant.
Enfin , ce qui semble devoir appuyer encore l'hypothèse de la réalité de toute cette histoire, c'est le fait qu'Azalaïs d'Autier, à qui,, dans la tornada de XIV, le poète dit qu'il est guéri de son erreur, et qui est sans doute l'amie que la raco fait entrer en scène, pourrait bien être une personne en chair et en os. On sait, en effet, que Grescini * a découvert qu'une lettre en vers, que Bartsch "2 considérait comme anonyme, a été écrite par Azalaïs d'Autier, qui se nomme au vers G. Cette. lettre est adressée à une certaine Clara (v. 99) qu'Azalaïs supplie de par- donner à un amoureux désespéré; elle se qualifie de son « amie » 3.
En résumé^ s'il s'agit ici d'un amour réel, les poé- sies de Uc doivent attaquer Ponsa, et Uc a dû re- venir à Clara, qu'auparavant il aurait laissée pour Ponsa.
En dépit de ces arguments, nous avons de la peine à admettre la réalité de cette histoire, surtout parce que, à chaque pas, nous nous heurtons à des situations traditionnelles.
1. Per gli studi romand (Padoue, 1892), p. 71 (Zeitschrift f. rorn. Philol., XIV, 128).
2. Jahrbuch, VI, O0-61.
3. Crescini suppose que la lettre s'applique à une brouille He Uc et de < llara, antérieure à celle dont parle la razo, parce que celle-ci qua- lifie Azalaïs d'fl amie ». tandis qu'il résulte de la lettre qu'Azalaïs n'a jamais vu Clara. .Mais nu constate par' la lettre qu'Azalaïs, sans avoir jamais vu Clara, l'adore tout de même (d'un 0 amour lointain »), de sorte que la razo peut très l>ieu l'appeler une « amie » de Clara.
XXX INTRODUCTION.
C en est une d'abord que nous trouvons dans les. chansons Mil el XIV el dans la cobla XXV. La chanson de a change » (pour employer un mol qui, du moyen-âge au wu1 siècle, a désigné l'incons- tance en amour) eûl dû être, au même titre <iur le « comjal », classés comme variété de la chanson. Les troubadours entendaient-ils flatter la daine de leurs pensées en lui protestanl qu'ils la préféraienJ à une rivale longtemps adorée, ou piquer sa jalousie en lui faisanl croire qu'elle était déjà remplacée dans leur cœur? Cherchaient-ils simplement à introduire un peu de nouveauté dans une tonne poétique en- vahie par la banalité? Cette dernière hypothèse nous paraîl la plus vraisemblable, à cause du retour fré- quent de ce thème dans leurs œuvres1. Le plus sou- vent, ils allèguent simplement l'intraitable cruauté de leur daine; parfois, ils nous révèlent qu'ils ne ton! que suivre l'exemple qu'elle leur a donné8. Mais le fond de ces pièces est, en somme, le même : « Je suis découragé de courtiser une femme cruelle, ou
i. Nous connaissons une vingtaine d'exemptes. Il y en ;i au moins quai re dans les œuvres de G. faidil (De faire; Gen fora ; Jamais mil tems; Tant ni): deux dans celles de Gui d'Ussel (Ja mm cuidei quein desplagues; Si bem par tel z). Les autres sonl de A. de IV- gulhan (Qui soffrir), E. Caïrel (Quan la freidorf), 1'. de Capdueîl (Si cum celui), K. de Miraval (Chansoneta), l>. de Palazol (Ab la fresca), G. uV la Tor (Quant hom), G. de Calanson (Ara s'es), G. de Salignac (Aissi cum cel), Peirol (Camjat m'a), Sordel (Si col nm- lautz), Peire Vidal, Per ces dei et Atressi cal perilhans (éd. Bartsch, nos m el 16), et un auteur incertain (Longa saso, dans Mahn, (lai., qo 943). Plusieurs de ces pièces sont certainement antérieures à celles de I c,
2. Ainsi <i. d'Ussel, dans la seconde des pièces citées plus haut.
INTRODUCTION. XXXI
coquette, ou avide, et je me pourvois ailleurs, où j'ai l'espoir d'être mieux traité. » On voit que c'est, à peu de chose près, celui des deux chansons de notre poète.
Son histoire, il est vrai, se distingue de celle de ses confrères par deux traits particuliers :
i° Le prétend revenir (ceci résulte du texte même de la chanson XIV), après une expérience malheu- reuse, à l'objet de ses premières amours, qui consent à lui pardonner son équipée;
2° Ce pardon (et ce détail, qui ne trouve aucun appui dans les œuvres mêmes du poète, ne nous est relaté que par une razd) lui aurait été accordé à la suite de la bienveillante intervention d'une tierce piTsonne.
Mais ces deux traits eux-mêmes ne sont pas sans précédents ou sans parallèles : Pons de Gapdeuil reconnaît que, pour éprouver son amie, il a porté ses hommages ailleurs (Qui per neci eiiidar, c. 2 et 4) S et G. d'Lssel se félicite que sa dame lui ait pardonné une faute qui ne pouvait guère être diffé- rente de celle-là (G es de chantar, c. 1 ). La Biogra- phie enfin de G. Faidit raconte de lui, avec force détails, une histoire tout à fait analogue"2.
Quant à l'intervention de tierces personnes procu- rant une réconciliation entre amants, elle est aussi attestée par des textes et mentionnée par les Biogra-
1. Ce passade est amplement commenté dans la Biographie (Cha- baneau, p. 61).
2. Chabaneau, p. 36.
INTRODUCTION.
phies. Une cobla l>i<Mi connue', une Lenson récem- menl imprimée*, nous montrent Iseut de Capnion et une donzela anonyme jouanl ce rôle de bienveillante intermédiaire, qu'une cobla de Giraut de Borneil demande à une antre donzela d'assumer auprès de sa inaî(resse:t. Ce rôle esl tenu par un homme dans la Biographie de Guillem de Balaruc4, par trois dames dans celle de Pons de GapdèuiL5. Est-il be- soin , enfin, de rappeler la chanson où Ricaut de Barbezieux implore l'aide de la « cour du Puy » et des « loyaux amants », et le petit roman qui com- mente et explique si gracieusement ce texte?
Mais c'esl surtout le parallèle qui s'impose entre l'histoire amoureuse de Raimon de Miraval et celle de le qui nous rend sceptiques. Les reproches que le premier adresse à Mais d'amie sont très analogues à ceux dont Uc de Saint-Cire accable la femme qu'il va quitter6. D'après M. Andraud7, une seconde dame aurait intrigué pour le brouiller avec Mais d'amie et il aurait invoqué le secours d'une troisième dame pour le réconcilier avec sa première amante. Andraud ajoute : « Il semble bien que cette intrigue échappe,
i. Chabaneau, Biogr., p. 74.
2. Selbach, Streitgedicht, j>. 102; Schultz, Dickferinnen, [>. 29,
3. Edition Kolsen, I, 366; Schultz., p. i3,
4. Chabaneau, p. 72.
5. Ibid., p. t'u .
6. Il ne s'y a^ii pas simplement <!<• reproches à une Femme aimée antérieurement, comme par exemple dans Polquel de Marseille, II. \\. V, 3/|. XV, 70.
7. Andraud, Raimon de Miraval, p|>. «17 el 98. <X Annales du Midi, XV, 76.
INTRODUCTION. XXXIil
avec ses incidents suggestifs et variés, à la banalité ordinaire des histoires d'amour dont, trop souvent, nous entretiennent les poètes provençaux. » Il ajoute : « C'est bien un épisode authentique dont les acteurs nous sont presque tous connus, une pag-e curieuse à ajouter définitivement à l'histoire des mœurs du temps. » Nous ne savons ce qu'il faut penser du roman de Miraval ; mais en ce qui concerne celui de Uc, nous sommes d'autant moins portés à le croire véridique qu'il ressemble plus à celui de son confrère.
Enfin, la lettre d'Azalaïs a bien l'air d'avoir été faite après coup. La circonstance que l'auteur s'y nomme a de quoi nous étonner1; et nous nous demandons si nous n'aurions pas affaire à l'œuvre d'un poète qui, connaissant la poésie de Uc et la rcrro, se serait amusé à mettre en action les per- sonnages du roman2. D'ailleurs, remarquons que ce pourrait être aussi le cas pour la poésie de Clara, car nous ne connaissons cette dame que par cette seule poésie et la mention de son nom dans la razo.
Il reste en somme ceci : Uc est le seul des trou- badours qui ait fait un recueil de poésies se rap- portant au même sujet3 et que rien n'empêche
i . Les anciens troubadours le font quelquefois. Voyez Stronski, /. /., p. 42.
2. Il y a aussi certaines contradictions de détail entre la razo et la lettre; dans la lettre, Azalaïs révoque en doute les torts de Uc (v. 35 s.) que la razo avoue nettement. Cf. la note aux v. 64-5 de la pièce X.
3. Tout autre chose sont les pastourelles de Guiraut Riquier, que Diez (Leben lira/ Werke, p. X) a comparées avec les Ballades de la Meunière de Gœthe. Voyez Anglade, Guiraut Riquier, pp. 220 et suiv.
m
\wi\ INTRODUCTION.
d'attribuer à la même époque) très restreinte, de sa vie1.
Burdach, dans une élude sur « Reinmar le Vieux et WalthervonderVogelweide », caractérise la poésie provençale par ces mois : « Das absichtliche Nachle- ben eines Liebesromans », et c'est bien comme cela (jue se présente à nous celte partie de l'œuvre de Uc : c'est bien un « roman vécu ».
III.
MÉTRIQUE.
Nous résumerons ici les renseignements sur la métrique de Uc, qu'on retrouvera sous une Forme plus détaillée dans les notes ajoutées à chaque poésie. Cette métrique donne lieu à trois remarques géné- rales :
I. D'abord, Uc a plus d'une Ibis employé le même mètre pour plusieurs poésies. L'identité est la plus complète pour les numéros VI et XII, qui ont jusqu'aux mêmes mois à la rime. On trouve le même ordre des rimes, les mêmes rimes et le même nombre d»' syllabes dans 11 et XXVI et dans XVIII et XXI ; le même Ordre des rimes et le même nombre
i. Voyeï ce que nous avons dil |>lus haut (|t. su) des personnes nommées dans ces poésies.
INTRODUCTION. XXXV
de syllabes dans I et X, Vil et XXX, XIX et XLII (aussi dans XIV et XXXV, avec une légère diffé- rence) ; le même ordre des rimes dans I-X-XV , II-III-XXVI, VI-XII-XXII, IV-XXIX-XXXVIII. Enfin, l'ordre des rimes dans I-X-XV présente une grande analogie avec celui de IV-XXIX-XXXVIII.
II. Dans trois pièces, Uc a employé un schéma compliqué; ce sont : V, XIII et XXVII.
III. Uc montre une certaine indépendance dans le choix des formes. Ainsi six pièces sont construites sur un schéma original , dont on ne trouve pas d'autres exemples; ce sont : IX, XIII, XXIV, XXVII, XL et XLIII. Dix-neuf pièces ont le même ordre des rimes, et quelques-unes le même nombre de syllabes, que d'aulres pièces antérieures, mais des rimes différentes : I, III, IV, VII, VIII, X, XI, XIV, XV, XVI, XIX, XXVIII, XXIX, XXX, XXXI, XXXIII, XXXVII, XLI, XLII. Voici enfin les pièces qui présentent des rapports plus étroits avec des poésies d'autres poètes1 : XVII (Teirol), XVIII-XXI (P. Vidal), XX (G. de Borneil, 32, non admis par Kolsen; cf. B. Zorzi, i5), XXII (Arn. Plagues), XXIII (mélodie de Gui de Cavaillon), XXV (Arn. Daniel;, XXXII (Gauc. Faidit), XXXIV (P. Vidal,
i. Ouelques-unes paraissent postérieures et ont pu être calquées soit sur la pièce de Ur, soit sur le modèle commun ; ces rapports compliqués seraient trop longs à étudier; nous nous bornons à men- tionner en bloc toutes 1rs identités de forme constatées.
\\\vi INTRODUCTION.
P. de Capdeuil, Sordel XXXIIh, XXXVI (Eblè d'Ussel), XXXVIII < P. de Gapdeuil), XXXIX (ten- son de (1. Figueira, Aim. de Peguilhan et Bertran d'Àurel; Ciui de Cavaillon ; Gui d'Ussel; Sordel, avec légère différence).
PIÈGES APOCRYPHES
I.
Bartsch, 4^7, 37 : C'est une strophe commençant par : Tal dompna sai q 'es de tant franc usatge. Elle se trouve clans H et est imprimée dans Chrestom.,- 4me éd., col. 299. Comme elle y suit la strophe 4 de la pièce IX de Uc et est suivie de la pièce XXXIII de Uc, on pourrait être tenté de la lui attribuer. Seulement, dans ce cas, le copiste de H n'aurait pas inscrit à nouveau le nom de Uc avant la pièce XXXIII. C'est la stro- phe 6 d'une pièce de Gaucelm Faidit (167, 52), imprimée dans Choix, III, 294.
II.
Bartsch, 37, 2 : Per vos bêla douss' arnia, imprimé dans P. 0., 397, et dans Choix, III, io4. Attribué à Aug-ier No- vella dans D, à Augùer Niella dans C, à Ugiers de Viena dans F, et enfin à Uc de Saint-Cire dans E. La paternité d'Augier, d'après cela, est assurée.
III.
Bartsch, 46, 1 : Ab joi et ab joven m'apais, imprimé dans Schultz, Dichterinnen, p. 17. Des huit manuscrits, un seul (T) l'attribue à Uc, les autres à la comtesse de Die.
IV.
Bartsch 1 33, 1 : Abril ni mai non aten de far vers, im- primé clans Mahn, Gedichte, n° CLXXXVI. Un seul ms. (G,
KXXVII1 PIÈCES APOCRYPHES.
et oon II, comme I»' * 1 ï L Bartsch; voyez Grober, Liedersamm- lungen, p. 663) l'attribue à Uc, huit la donnent sous le nom d'Elias Caire] ; dans un dixième, elle est anonyme.
V.
Bartsch, 1 33, i4 : Totz mos cors e mos sens, imprimé dans Archiv, XXXIII, 44 1- Un seul ms. (G) l'attribue à Uc, les dix autres à Elias Gairel.
VI.
Bartsch, 194, 10 : C'est une erreur de Bartsch. Aucun ms. ne l'attribue à Uc.
VII.
Bartsch, 273, 1 : S'ira d'amor tengues amie jauzen, im- primé dans Archiv, XXXV, 45 1, P.O., 202. Cinq ms l'at- tribuent à Jordan Bonel, trois à Jordan de Cofolen (Cofenolt), un seul ne donne pas le nom d'auteur, et un seul (T) nomme Uc.
VIII.
Bartsch, 326, 1 : Tôt francamen,domna^ veing denan vos. Un seul ms. (T) l'attribue à Uc, neuf autres à différents poètes ; trois ne donnent pas de nom d'auteur.
CONCORDANCE
ENTRE LES NUMEROS DU GRUNûRISS ET CEUX DE LA PRÉSENTE EDITION
I. Chansons.
Édition. Pages. Bartsch.
I i Ane enemics q'ieu agues 3
II 10 Très enemics e dos mais seignors 4°
III 16 Dels huoills e del cor 9
IV 20 Cent ant saubut miei uoill 16
V 25 Aissi cum es coinda i
VI 3o Servit aurai longamen 34
VII ...... 35 Nuills hom no sap 26
VIII 4° Nuilla ren que mestier 25
IX 4'» Mains greus durs pessamens 20
X 49 Long-amen ai atenduda 18
XI 55 Ses dezir et ses razo 35
XII Oo Estât ai fort longamen i5
XIII 04 Be fai granda follor 7
XIV 08 Ane mais non vi temps ni sazo 4
XV 72 Enaissi cum son plus car 12
IL Sirventés et coblas.
XVI .... |
• 77 |
XVII... |
• 79 |
XVIII... |
81 |
XIX. ... |
. 83 |
XX |
■ «7 |
XXI .... |
9' |
XXII. . . |
■ 93 |
XXIII. . . |
. 96 |
XXIV. . . |
100 |
XXV.. . |
Ma dompna euit fasa sen 19
Totz fis amicx ha gran dezaventura. ... 39
Na Maria de Mons es plasentera 22
Tant es de paubra acoindansa 38
Chanzos q'es leus per entendre 8
An tan fez coblas d'una bordeliera 5
-Mcssonget un sirventés 21
Un sirventés vuelh far 42
Uua daoseta voil far 4i
De vos me sui partitz 10
(CL
l dilion XXVI. XXVII. . XX VI 1 1 . \ XIX . .
XXX. . .
XXXI. . .
XXXII. . XXXIII.
XXXIV.
XXXV . .
XXXVI .
XXXVII.
XXXVIII
XXXIX.
XI
XLÏ. . XLII.. .
XLIIl
XL1V.
CONCORD v mi.
Bartsch.
i u/| Valor ni prez f\'.'>
m") Pei Ramonz diz 27
106 Guillems Fabres nos faî 17
107 Raimons, en trobar es prima 32
108 Béni meraveill *'»
109 Qui vol terp' e prez 3i
1 m Per viutal e per non caler 29
1 1 1 Passada es la sasos (manque)
III. Tensons et coblas échangées.
1 1 2 Mesier Alhric (manque)
1 i/j En vostr' aiz 14
l 18 Vescoms, niais d'un nies I\!\
1 20 Setgner en coins, cum poiria (combiné
î tort avec XXXVIII).
122 Seign'eu coms, nous cal 33
1 v^ Physica et astronomia 3o
1 26 N'Uc de Sain-Cire, ara 23
1 •'() Si nia dompna n'Alais 30
1 32 (Jui Na Cuniea 28
IV. Partimen.
1 36 N'Ugo, vostre semblan 24
V. Salut. .
i/|3 Bella donna gaja 41
POÉSIES DE UC DE SAINKIRC
I
CHANSONS I.
Bartsch, Grundriss, 457, 3.
Dix-sept mss. (dont un fragmentaire) : A (StudJ, no 446, Mues de sain cire), B (Mahn , Gedichte , n° XXVIII, Nues de sain cire), C {ibidem, n» MCXLV, Hue brunenc, Reg. Uc de S. cire), Dc (strophe 6, Ann. du Midi, XIV, 204), E (Mahn, Gedichte, no DCLXXXVII, Nugo de samsir), G (fo 84 c), I (fo 128 ro), K (fo 114 a), L (fo 56), N (Mahn Gedichte, no MCXLVI, Ugh de sansist), 0 (de Lollis, p. 37, n° 47> anonyme), P (Archiv, XLIX, 3 16, Nugo), R (fo 25 v°, Uc de sant cire), U (Archiv, XXXV, 44°» Nug de sansirch), T (fo 108 ro, Nue den sansir), a' (p. 280, e nue de saint sixt), N2 (Archiv, CI, 376, Nues de Saint Cire).
Le ms. D [fo 78] collationné après coup n'a donné aucune variante importante.
Classification des manuscrits. On peut d'abord distinguer les groupes suivants :
IK, d'après le vers 21 ; d'ailleurs on connaît les rapports étroits qui existent entre ces deux mss. Cfr. Grôber, Liedersummhingen, p. 465 et 466.
AB, d'après les vers 19 (Eh, tandis que le sens exige El) et 27 (ges pour gen, que demande la rime). Cfr. Grôber, /. /., p. 466.
2 POESIES DE UG DE SAINT-CIHC.
EP, d'après les vers 37 (où tous deux Intercalent à tort un) et :><>, qui manque dans tous deux. Cfr. Grôber, I. /., p. 457, 590. Au vers '', P combine la leçon de U avec celle de ETOL.
NU, «Tapirs les vers 18, 19, 3i, 32, 33, 3(j et 60; Aux vers ro, 3o. et (ii) ils ont une faute commune. L semble appartenir au même groupe (vers 18, 19, 30, 49)» niais au vers l\-± il a la même leçon que x. Clr. aussi le vers 67.
Ha' (?), qui remplacent l'envoi par une autre strophe, identique dans tous deux. Cependant il arrive que H, sans a', se combine avec d'autres niss. ; au vers 3 il va avec x', au vers 5g avec N2. De même, quelquefois a' va avec d'autres mss. du même grand groupe auquel appartient H, tout en se séparant de H. Voyez les vers 9, 10, 25. Aussi l'existence d'uu sous-groupe Ha' n'est- elle pas assurée.
GC, d'après les vers iG, 4<j> ^7.
Ces petits groupes se laissent, entre eux et avec d'autres mss.,
ramener à trois grands groupes AB, x et y.
Groupe x :
x' = IKN2, d'après les vers 37 et 45. Cfr. Archiv, CI, nl\, 122,
124, 127. x = GC x', d'après les vers 9, 34, 42> mais au vers 12 GC vont
avec N, aux vers 10 et 16 C va avec H, aux vers 17 et 3o GC se
joignent à une partie de y, et au vers 3 C se sépare aussi de
GIKN2. Cfr. aussi les vers 39 et 55.
Groupe y :
y3 = NU Ra'. Ce rapport semble résulter des combinaisons partiel- les suivantes. Au vers 3o NUa' vont ensemble, H change de son côté la leçon primitive; VSS. 9 et 22 (a' se sépare de NXJR), 38 (H ne se rapproche de Nia' qu'en partie), 19 (KNa' contre I", qui a la bonne leçon), 25 (NH vont avec x). Mais au vers 55 Ha' vont avec x, et au vers 18 a' se sépare de NU, qui ont une faute com- mune avec EPT.
y2 = EPT, d'après les vers 12-14 (où ils ont gardé Cal, tout en changeant fugis en fugir; cfr. la Note; P essaye de corriger^ 17, 18 et 23. Aux vers ?>\ cl 35 T va ensemble avec N.
y' = EPTO, d'après les vers 22 et 3o.
y = EPTONU Ha', d'après les vers 10 (où II garde la leçon primi- tive), i4 (où c'est 0 qui ne change pas), a4 (où N se sépare du groupe), 35 (où U s'en lient an texte primitif). Au vers .". \ t» \a avec NU, an vers 07 avec x'. Uclcvons enliu (pie la strophe \
manque dans r\N< ».
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 3
On pourrait donc figurer ainsi les rapports qui unissent les mss. : 0
AB
GC yî(î)
EP
N» IK NU Ra'(?) Ô
t l
Nous avons pris comme base le ms. A. Orthographe de A.
Ane enemics q'ieu agues Nuill temps no* m tenc tant de dan Cum m os cors e miei huoill fan ; E s'ieu ai per lor mal près,
5 111 no'i ant faich nuill gazaing ; Oe*l cors en sospira e*n plaing E*ill huoill en ploron soven, Et on cascus pieitz en pren Plus volon, qecs, obezir,
10 Lai don sento-1 mal venir.
2 Nom tenc nuill tems t. de d. E; nom] non GPU, nô O; Nuill temps manque P — 3 C. miei oill e mos cors GIKN2R ; fan manque P — 4 Per l°r] Par e's P; mal] dan R — 5 noi] non BUT — G sospira] plor N; e-n] e GEPTNUa' — 7 ploron] sospiron P, plura O — 8 E ;ides o mal lor prec T ; Et on] e quan C, e car R, don U; cascus pieitz] chasaiz pe G ; en] sein U — 9 E p. vol q. o. A. Plus i vol q. o. 13, P. vol cliascus 0. GCIKN2, Plus (.Mais a') volon lai (leis E) o. jEPOa'L, Yoleii leis niais o. T, Ades volon 0. N, Qades volon lai n. I', Vol ades mais o. R — 10 Don seuton lui- (lu 01") mal v. EPTOU a'L; Lai] So R; sentod] sent lo ABR, sentoilG, sentent N; mal] dan CR —
L\ POESIES DE UC DE SAINT-CIRC.
11 Per que m'agr'ops, s'ieu pogues,
Cal cor e als huoills, ae'va l'an Aver de ma mort talan, Rugis, mas ieu non puosc ges, 15 Anz m'atur e m'acompaing Ab lor, e lis sers remaing A l'adreich gai cors plazen Cui ill son obedien, E-l vuoill onrar e blandir 20 E gen Iauzar ses mentir.
III Mas una aital sazos es
Que li plus leial aman E cill q'amon ses engan Son soanat e mespres, 25 Et aicill a cui sofraing
Tôt quant ad amor s'ataing
ii E agran obs s. p. N; s'ieu] si AEPRa'L — 12 Cal cor] Al c. N2RUa', Ails oils N, Ce al c. T, Car al c. P; cor c als h.] oils e al c. CCN; e] els U— i4 Fugis] Fugir EPTNURa', Faillis C; V inter- cale naagra ops après Fuir; ieu] Ieu 0; non] nom N — i5 m'atur] martur N2, nie torn C — 16 Ab lor] Al cor CR; e Hs] e sis a\ afigh N et fin T, e sos C, e ses (i ; sers] ses FO, prête T, manque N — 17 A la (lreilurals gai plazen 0; A | Con NER; gai cors] cors (cor U) gai (gais G) GCEPUa'T*; plazen] e plazen EPT — iS manque C; Cuy autrey obezhnen 11; Cui ill s.] Cuil s. (i, A cui s. 1KV, Vas cui soi LXU, Cui ieu soi EPT — 19 E-l] Els Ali, E GCEPT Ra' N2, Cui LNU ; blandir] servir RNV — 20 ses mentir | <■ ses m. C, s. mentis 0, //m/n/m' a' ((/ni J'ai/ rimer onrar av.ee Iauzar) —
i>i Mas] Car 1K, Las (); aitals] lai CL; sazos] faizos a' — 22 Oue li plus] Q. tug li RNU; liai] fizel EPTOL, plus fin U; P intercale li plus fin avant fezels; aman] am tan 1' — ■•'<'■> E cill q'amon] Et que ainoii EPT, t: cel ques a. L) — -±\ soanatj encolpal EPTl OL; mes- pres] meins pretzan I* — 2.r) Et aicill a cui manque 1'; Et] Mas IKNV; Li a.] Caicel T; aicill] loi ceil IK.Y-'NU — -t» quant ad .1. qan damor C, so cad a. ABOT, ço camor l ; ce vers manque LI';
se l;uti"' C —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC.
Son volgut, e non es gen C'amors fasa lui çauzen Que non sap los bens grazir 30 E-ls mais, qan los sent, sofrir.
IV Mas de mi vol cui ten près
Que fassa tôt son coman, De lieis que no*m vol ni-m blan Ni*l platz res c'a mi plagues ;
35 C'aissi'm pren cum près Gai vain «' Del bel desaslruc eslraing1, A cui l'avenc far coven Que fezes son mandamen, Et el no*il dec far ni dir
40 Ren qe'il degiies abellir.
27 non] nom N; gen] nés AB — 28 Quel tenhamors gayamèn R; fassa] falsa O; lui g.] nuill ïoven X, kir g. T — 20. Car no sahols mais sofrir R; Que] Qi C, Cui N; los bens] sos bens ET, lo bens NO, lo ben a', los ben U; sap] sapcha U — 3o Nils bes can los an "•razir R ; E-ls niais] Nils m. GEL, .Nil mal C.T, Nil mais POU, E mal N, El mal a'; qan] si GCEPTOL; los sent] lo sent GETO, lur ven a', li ven NU, oz sen P —
3i Vers eelei qui me t. p. NU; .Mas] Car a', Re R; de mi vol] vol de mi R, cui] que E, qim PT, qem a'; tem] ten POa' — 32 Voit faire (far tôt U)al sen c. NU; Que] QuieuCa'; lassa] falsa O — 33 De lieis que] De I. qi G, O lei qi L, Mas (et R) ella (cela U) NUR; no-m] non GN; ni-m] ni U — 3/t NH] Ni NT; res] ges P; c'a] qanc GCIKN2 - 35 pren] près CEP Ra' NT; près] a R, pren P, fis N, fei T — 3G Dus bels desastrucx e. R ; Delj De LN ; desastruc] desastric IK, nialastrucs LU; estraing] iscamen P — 37 A cui l'avenc] A c. avenc a', A c. couen X, Cui li aven IKN2 ; far c] far un c. EP — 38 Que fezes] De far tôt NUa'? Que fes tôt R, Que i'ctz e P, Qel f. O, Quelh e C. Qil f. G; son m.] ses m. NU, soi m. T, son mandan E, tôt son talen CC — 3o Et] Ne T, Ni N, manque R ; el] ylh CE, il N^P, cel U, cil G; no-il] nol EO, noi T, non GCN^PRa'NU; dec] deu EPTa', vol N, vole l ' ; ni dir] ni ren ilir P — ^o Ren manque P; qe-il] ■m N; degues] pogues E, deingnes U —
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC.
V Al» aital coven enpres
Sui sieus, que plus no-ill deman, Mas cossir e vauc penssan Gum ieu sos plazers fezes;
45 Qe-1 ditz fenis s'am refraing Qui dis que braus cors s'afraing Qui gen lo serv humilmen ; Per q'ieu ges no m'espaven, Tant l'ai cor de gen servir,
50 Q'ella ja*m laisse morir.
VI Mas pero pieitz de morl es Oui vai languen desiran
E aten e non sap qan Li voira valer nierces ; 55 Puois ai pieitz, per qe*m complaing-, Q'en un jorn fenis e fraing* So c'om a conquist greumen D'Amor, e al mieu parven
4i La strophe 5 manque RNO; enpres | mi près GU, en près P — /|2 Sui sieus) Sieus sui C, Soi ieu T; Sui] manque U; sieus] man- t/ue P; que] qcz G, manque U; plus] als ECIKNa, at G; no-ill] non X2, manque G — 43 e v. p. J eu anc p. E — 44 sos plazers] son plazer CIKN2, sus (sos U) plaser UT; fezes] fezer fezes C — 45 Qe*l] Qeill G, Qelal U; fenis s'am] feniza P, fenitç ab T, fenis en E, feni- san N2, fenicam IK, farizam C, forzan a'; refraing] remaing IK.\2, fraing U — l\ù Qui] E T, (je (i ; s'afràing] refraing P, lu frago T — 47 Qui] Que IK; yen] on; serv h.] sera h. U, serui e h. P seif h. G — 48 ges no] no men AI!, mm P; m'espaven] espaven Ai! a' TP — 4g l'ai] ai GC, li ai EU, lai bon a' — .r>i> laisse P, laisa T —
5a vai] van N, uiu U; languen] la gen R — 53 E aten | Cataa T ; e no sa q. G — 54 voira | volgra NUO — 55 Pejro ben qer qi e. N ; Puois| Et GClKN«Ra'D% Plus T, feu L; ai] a l!a', es 1\; pieitz] patz P; qe'inj qes U — 56 feras <« — '^ Su ipuira conquis n'. Rl>1' a', So com cii conquer g. [KN8OL, Su que hom enquer i;-. (itl, Zo qem na c.g. P; greumen] breumeo I!. grieû o — 58 D'Amoi Damors
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC. 7
Degra poignar al fenir 60 Aitan cum al conquérir.
VII Seign'En Savaric, moût plaing
Gardacor, car per estaing Camjet son aur fin valen, E'1 clar maragde luzen 65 Per veir'escur que luzir
Non pot mais ni resplandir.
PT; D'Amor ej E d'amor R, Qi d. N; e] es P, manque UOa'; al] quai a'; parven] parer 0 — 5q Degra] Degrom R, devon N; fenir] tenir N2RDf — 6o com al] con mal NU —
6i Cette strophe manque dans GCRa'EPOT; Ra' la remplacent par une autre strophe (voyesTplus loin), E également, mais par une strophe différente (ibidem) ; Seign' En] Seigner N2NU — 62 Garda- cor] C. ardacor N2 ; per estaing] es estraing U — 63 Qan uer son aur fai valen U — 64 Ni clar meratge luisen U, Ni clar smeracgde 1. L; Ed] E N; maragde] maraede BIK, maragdes N — 65 veir'escur] veir scur N, veire escur U, veirre L ; luzir] lusur K — 66 pot] po K — Ra' ajoutent (les variantes de a' sont entre parenthèses) :
Huei el mon tal gang non es (Al mon tan granz g. n. e.)
Com can s'aman ses enjan (Mas qan)
Duy amie ab un talan
E l'un cor ten l'antre près (E lus cors)
E cascus sospir' e planh
De so c'a l'autre sofranh (Per zo qar),
E can degus d'els mal pren (E qan lus de lor),
L'antre n'a dolor el sen
E cascus a gran dezir (na g. d.)
Cum veya l'autr'e remir (Qe v.).
E ajoute :
Kaina, a vos non sofranh D'aiso c'a bon pretz tanh, Qe'ill dig e'ill fag son plazen, E-ill joi c'ai repreno men, S'a vos lauzar e grazir Part tôt lo mon e bendir.
8 POÉSIES DE UC DE SAINT-CIUC.
I. Jamais aucun ennemi que j'aie eu ne m'a nui autant que Le l'ont [aujourd'hui] mes yeux et mon cœur; et si je souffre par leur faute, eux n'y ont rien gagné; car, à cause du mal qu'ils m'ont l'ait, le cœur soupire et se plaint et les yeux pleu- rent souvent, et au moment même où ils souffrent le plus, chacun d'eux veut le plus obéir à celle dont ils savent que vient leur mal.
II. C'est pourquoi, si je le pouvais, je devrais fuir mon cœur et mes veux, qui me font désirer la mort; mais cela m'est impossible; au contraire, je m'attache à eux et je ne les quitte pas, et je demeure le fidèle esclave de la femme charmante, gaie et agréable à qui ils obéissent, et je la veux honorer et courtiser et louer honnêtement sans mentir.
III. Mais nous vivons en un temps où les plus fidèles amants et ceux qui aiment sincèrement sont dédaignés et méprisés, où ceux qui manquent de toutes les qualités nécessaires pour aimer sont désirés; et pourtant il n'est pas juste que celui-là soit heureux en amour qui ne sait ni en apprécier les biens ni en souffrir les maux, s'il les éprouve.
IV. Mais celle qui me tient prisonnier exige de moi que je fasse tout ce qu'elle veut, elle qui ne m'aime ni ne me chérit, et à qui ne plaît rien de ce qui me plairait à moi; car il m'ar- rive ce quiest arrivé à Gauvain, dans l'aventure du bel étranger malheureux à qui il dut promettre de faire tout ce qu'il ordon- nerait, tandis que celui-ci ne ferait ni ne dirait rien qui fût agréable à Gauvain.
V. Ce n'est que grâce à une pareille convention que je puis me dire sien sans rien lui demander de plus ; mais pourtant je ne pense ni ne songe qu'à une chose, c'est-à-dire comment je pourrais l'aire ce qu'elle veut ; car la chanson se termine par le refrain qui dit que, à force de servir humblement, ou peut fléchir le cœur le plus rebelle; c'est pourquoi je n'ai pas peur qu'elle me fasse mourir, tant je veux la servir de tout mou cœur.
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC. Q
VI. Mais pourtant c'est chose pire que la mort que de languir, de désirer et d'attendre, sans savoir quand on aura pitié de vous; et puis, ce qui m'inquiète et ce qui fait que je me plains, c'est qu'un seul jour peut suffire à détruire et ruiner tout ce qu'on a péniblement conquis d'Amour; et pourtant, à mon avis, on [la femme aimée] devrait résister autant au moment du déclin qu'à celui de la conquête.
VII. Seigneur Savaric, je plains beaucoup Gardacor d'avoir échangé son or fin et précieux contre de l'étain, et sa claire et brillante émeraude contre du verre terni qui ne peut ni luire ni resplendir.
10
POESIES UE UC OE SAINT-CIHC.
II
Bartsch, 407, /jo.
Seize mss. (dont un fragmentaire) : A (Studj, n° 447» Bartsch, Chrest., p. <r,7; Studj, Y. 557), C (Bartsch, ibidem), D (fo 77 h.), E (Bartsch, ibidem), F (sir. II et III, Stengel, no 32), G (fo S- b), Il (fo tu c, Studj, XIV, 270, anonyme), I (fo i3o r), K (fo n5 .1), L(fo io I»), N (fo 108 c), 0(deLollis, p. 37, no 48), P (Archip, XLIX, 3i5), U (Archiv, XXXV, 439), N2 {Archiv, CI, 38 1), a' (p. 2S1). L n'a été consulté que pour les strophes 1 et 2.
Imprimé par Bartsch, Chrestomathie, p. 167 (d'après ACE), dans Bartsch-Koschwitz, p. 174 (ACEFHON^Ù), et par Baynouard, III, 33o (d'après C, complété et corrigé par EP).
Classification des manuscrits. x5 = GL, d'après le vers 7. x4 = NO, d'après le vers 24.
x3 = IKN2, d'après le vers 17. (Peut-être aussi D, d'après 37.) x2 =: x4 x5, d'après le vers 5o. x1 = x2 x3, d'après le vers 3i. (Peut-être aussi H.) x — Ax1, d'après le vers 12 (où NOGL ont dû se corriger). y3 = Ua' d'après le vers 38. y2 = PUa' d'après les vers 24, 29, 3i, 4o. y1 — CE, d'après les vers 4, 29 (C dezesperansa, E esperansa), mais
au vers 3i C se range auprès de x. y = CE Uà' d'après le vers i3. (P change indépendamment, de
même que D.)
0
I
X3 ll|-)
x* xS IK N*
N 11 L G
Orthographe de A.
u »'
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC. I I
I Très enemics e dos mais seignors ai,
C'usqccs poigna nuoig e jorn cum m'aucia : L'enemic son miei oill e*l cors, qem fai Voler celliei c'a mi non taigneria ; 5 E l'us seigner es Amors, q'en baillia Ten mon fin cor e mon fin pessamen, L'autre etz vos, dompna en cui m'enten, A cui non aus mon cor mostrar ni dir Cum m'aucielz d'envej'e de désir.
II 10 Que farai doncs, dompna, que sai ni lai
Non puosc trobar ren ses vos que bo*m sia? Que farai ieu, cui seiïon esglai Tuich autre joi si de vos no-ls avia? Que farai ieu, cui capdella e guia 15 La vostr'amors cm fuich cm sec cm pren? Que farai ieu, c'autre joi non aten?
2 C'usqecs] E qecs a', Cunc qes N, Quns qe U, Cascas P, Qa uns qes 0, Qus quers N2 ; poigna] pugnan HOP, peina N ; cum] que CEUa' ; m'aucia] aucia O — 3 E li ncmic H ; qe'iïi] (ji U — l\ celliei] sel ioi E, tal ioy C, cell P; non] hois A; c'a mi] qe mi D — 5 qen. qem (D, quim GH — 6 fin] bon C — 7 E 1. es v. d. GL, Lautres amor e vos d. N; etz vos] evos D; en cui m'enten] en c. enten CU, en c] eu menten (minten O) ON, en que m. D — 9 Cum] Be C, Cor D; d'envej'] denueia NOUN2 t-
10 Que] E que E, Qem U, Qen P; doncs] eu CPUa', manque E; que sai] queu s. N, qeu ni s. O — 11 ren] dig' U ; ren ses vos] ses vos ren C, respieg en vos P. nul respeg a'; que bo-m sia] que bon s. PN, quem bon s. CEU, qe ben s. H, que be sia L — 12 Que] Qen P; cui s.] qui sen un P, qua mi semblon C; esglai] esmai AIKN2, esclai U — i3 Tuich] Nuls N; no-ls avia] non lavia CEUa', nuls avia H, non avia OP, n. avia L; C ajoute en cui es joys e trancha cortezia — 14 cui c] cui iois c. E — i5 e-m f. e-m s. e-m p.] quem I. fin s. em (en O) p. EOU, quem siec em fug cm p. C, eu f. e sec e p. P — 16 aten] agent O; la syllabe tre de autre illisible dans H; a' combine 16 et 1 7 ; qe f. eu ni qom potrai g. —
12 POÉSIES DE VC DE SAINT-CIRC.
Que Tarai ieu ni cum poirai gandir, Si vos, dompna, no-in voletz retenir?
III Gnm durarai ieu, que non puose morir, m) Ni ma vida no m'es nias malanansa?
Cum durarai ieu, cui vos faitz languir
Désespérât ah un pauc d'esperanssa ? (.11111 durarai ieu, que ja alegransa Non aurai mais, si no me ven de vos? 25 Cum durarai ieu, que ieu sui gelos De tôt home qui vai vas vos ni ve E de totz cels a cui n'auch dire be?
IV Cum viurai ieu, que tant coral sospir
Fatz nuoich e jorn que movon de pesanssa?
17 cum"] on IKN2; p. gandir] p. en g. U, p. iauzir E, p. garir H —
18 no-m] non a' ; retenir] aculhir CUP —
19-21, en partie illisibles dans H 19. One Parai donci que ges
non p. m. C;que] (peu a' — 20 E m. v. mes trop greusm. C; do m'es] non es EPU — 21 G. uiurai ieu senaissim f. 1. C; vos f. I.] ni nos mi (ce mot a été intercalé par une attire main) f. 1. N ; l'ait/.' faises H — 22 Desesperatz FUN2, Desesperar P, Despëratz 0; un pauc] petit C. mans/ue H — 23 C. uiurai ieu que iamais a. C; Com durara (?) qe iamais a. II; durarai] durai 0; que] qi l'a'; ja] zai a', za 0 — 2/1 N. a. ieu si donex nom v. d. v. C; Non a. in.] Mai non a. PUa'; no me] no nien AN2, nom ane E : ven] ues N2 ; de] per NO ; me ven de manque H — a5 durarai] uiurai (dl; ieu que ieu s. g.] ieu que sui tant »-. A, ieu domna quieu s. g. IKUa', domna quieu s. g. NEN2OF, ieu quen aissi s. g. C, eu donc q. s. g. P; ce vers est à moitié illi- sible dans II, qui donne com... domna qe sui celos — a6 l>i" toz homes P, Vas tuil home O; qui vai vas vos] q. ab vos vai C, q. uas uos va I'. «pian ian ues uns !'; ni | c AI': ve manque 11 -- 27 de] dai (); totz manque IK; n'auch] uaûg U; dans Kon ne peut lire que de tôt cèls... a'auc dir...
28 [c] uni uiur... eu... | mou ?] e. s. II; que tant] qi lai a' — ag I Pai... qem... uon de p. (?) H; que tn. de p.] ab gran deiespe- ransa C, que me ven de p. N. qe maonda p, a', qel mi uonda p. P, qe mauonda e p. Q; pesanssa] esperansa E —
POÉSIES DE UG DE SAINT-CIRC. l3
30 Cum viarai ieu, cui non pot far ni dir
Autra ses vos ren qe*m teigna ad honranssa? Cum viurai ieu, c'als non port e membranssa Mas vostre cors e las plazens faissos E'is cortes digz humils e amoros?
35 Cum viurai ieu, que d'als non prec de me Dieu mas qe-m lais ab vos trobar merce ?
V Que dirai ieu, dompna, si no- m mante
Fina merces, sivals d'aitan qu'eu venssa Ab mon fin cor et ab ma leial fe 40 Vostra rictat e vostra gran valenssa?
Que dirai ieu si vos no#m faitz suffrensa ?
Qe dirai eu, c'autra non puosc vezer
Q'en dreich d'amor mi puosca al cor plazer ?
3o Cum v.] Que farai C, illisible H; non] nom CO; cui] que H; pot] pos N, pose H, po O, poi U — 3i ses] mas PUa'; qe-m t. ad h.] qem t. onransa P, qen t. ab h. A, quem tenguaz az onransa E, qem tenha cuianza a', qem dona (qem don O, que jam don IKN2, qê dô G) alegransa GNOIKN2H, de quem des alegransa G — 32 c'als non] cautra no E, cal non P, qal no G, qaltz non U, qals ne O, qe nom H; e] de PU, in H; ce vers est en marge dans I, à l'endroit où membranssa est coupé — 33 e 1. p. t.] gentil et amoros G, nostras bella f. O ; e] ab a' ; e las] e sa N, e sas IKN2C, e la PU, uostras O
— 3/| E las vostras guayas plazens i'aissos C; E-ls] El PUO; omils amoros D — 3.j d'als] dal ; prec] pens P ; de me manque O —
37 ieu] donc N2D; si no*m m.] si no me val merce P, si non aten de vos [*], si n. manie a' ; no*m] non NU — 38 Si ualsdaitan dompna qe us v. P; Fina m.] Francha m. Ua', Merces ab vos C; qu'eu] queus COa', quieus N (s ajouté plus tard), qe U — 39 et ko man- quent G — /|0 rictat] ricor EN2, amistat PUa' — l\\ La seconde partie de hi, à partir de si el la première de 42 jusqu'à l'autra manquent H; si vos] si ab vos G, si o vos 1K; nom] non 1KGUPCS Faitz s.] truep guirensa C ; suffrensa manques! — 42 c'autra] qant a'
— Entre J2 et j'1 II intercale jâ, qu'il donne encore une J'ois à sa place. — /|3 d'amor] damai* N ; mi |>. al c p.] inen p. al c. p. IK.N~,
i/» POÉSIES DE UC DE SA1NT-CIRC.
Que dirai ieu, c'autra el mon non es 45 Qcm donesjoi pernuil] ben qe-m fezes?
VI A la valen comtessa de Proenssa,
Car son siei fatch d'onor e de saber
E*il dich cortes e*il semblan de plazer, An ma chansos, car cella de cui es, 50 Me comandet c'a lieis la trameses.
mi p. far p. G; plazer] valer E — 44 c'autra el] qalatra al 0, c. est U — 45 ben] îoi U —
46 Cette strophe manque GPU — 47 Car manque N2; faich] tau»- a'; d'onor] dormir N, damor H, de sen G; sabës en partie illi- sible dans H — 4 9 A ma c. 0, Man m. c. a'; car] cum H — 5o Mi comauda A, Ne c. I, Mi c. a', Ma comandat GNOH, Me eomandat E.
I. J'ai trois ennemis et deux mauvais seigneurs, dont chacun cherche nuit et jour à me tuer : les ennemis sont mes yeux et mon cœur qui me fait désirer celle qui ne me conviendrait pas; et un des seigneurs est l'Amour, qui tient en son pouvoir mon tendre cœur et mes fidèles pensées; l'autre, c'est vous, dame que j'aime, à qui je n'ose ouvrir mon coeur et dire tomme vous me faites mourir d'amour et de désirs.
II. (Jue dois-je doue faire, dame, puisque nulle part je ne puis trouver rien qui me plaise, hors vous? (Jue ferai-je, moi pour quî foutes les joies seraient des tourments, si elles ne me venaient de vous? (Jue ferai-je, moi que votre amour conduit et dirige, cet amour qui me fuit et me suit et s'empare de 11101 '.'
(Jue ferai-je et comment pourrai- je m'échapper, si vous, dame, ne voulez pas me retenir ?
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. l5
III. Gomment pourrai-je durer, puisque je ne puis pas mou- rir et que ma vie n'est que tourment ? Comment pourrai-je durer, moi que vous faites languir, désespéré, malgré une lueur d'espoir ? Comment pourrai-je durer, puisque jamais je n'aurai aucune joie si elle ne me vient de vous? Comment pourrai-je durer, puisque je suis jaloux de tout homme qui va et vient vers vous et de tous ceux à qui j'entends dire du bien de vous?
IV. Comment vivrai-je, moi qui, nuit et jour, pousse des soupirs profonds qui proviennent de ma douleur ? Comment vivrai-je, moi à qui personne, sinon vous, ne peut faire ni dire rien que je tienne à honneur ? Comment vivrai-je, moi qui ne porte dans mon esprit que votre image et vos agréables maniè- res et vos paroles courtoises, modestes et amoureuses ? Com- ment vivrai-je, moi qui pour moi ne demande à Dieu qu'une seule chose, c'est de me laisser trouver grâce auprès de vous ?
V. Que dirai-je, dame, si la noble pitié ne me soutient pas, au moins assez pour que je vainque, à force d'amour et de constance, votre noblesse et votre haute dignité? Que dirai-je si vous ne me prenez en patience? Que dirai-je, moi qui ne puis voir une autre femme qui puisse m'inspii'er de l'amour ? Que dirai-je, s'il n'existe pas au monde une autre femme qui puisse me donner la joie d'amour, quelque bien qu'elle me fasse ?
VI. Que ma chanson aille à la noble comtesse de Provence, car ses actions sont sages et conformes à l'honneur, ses paroles courtoises, ses façons d'agir séduisantes, et celle à qui appar- tient ma chanson m'a ordonné de la lui transmettre.
l6 POÉSIES DE UC DE SAINT-CIIIC.
III
Bartsch, 4<r»7, 9-
Quatre mss. : A (Sfudj, no 45G ; Archiv, XXXIV, 176; Mahn,
Gedichte, no MGLV), I (ibidem, no MCLV), K (fo 116 a), d (non
consulté).
Les trois mss. AIK ont une lacune au vers 33, qui a donc dû se trou- ver dans leur source commune.
Orthographe de A.
I Dels huoills e del cor e de me
Ai eu mezeis pechat trop gran, Car eu celliei qe mon cor te Non vei e muor sai desiran 5 E'1 cor plangen e'Is huoils ploran ; Car s'ill autre ben no#m fazia, Sivals lo jorn que eu podia Son bel cors gai plazen vezer, 9 No'in podia mais dan tener.
II Per q"es fols qui en amor cre
Son sen, ni ren fai qe-il coman, O'ieu lo crezei, per qe-m n'ave A marri r plaignen sospiran ; 14 Oe#l sens vole que m'anes loignan De mi donz, don teing a foillia Totz faitz que joi d'amor desvia, E teing- a sen et a saber 18 Tôt so (jue jois m'en i'ui voler.
4 e] queu 1K — ■ 5cor| cors IK ; huoils | rois IK - (i 110111 1 non 1K —
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC. 17
[II Chascus hom que son gen cors ve
L'ama e la dopta e la blan, Et eu mais, qe-1 cor e la fe Hi ai mes e toi mon talan; 23 Que sa clara beutatz resplan, E sa humils plazens paria E-l solatz e la cortesia La fant honrar e car tener 27 Als pros, e grazir e temer.
IV Tant val que, si tôt no- m fai be, ,
Ja*l cor ni mos precs ni mon chan No*n partrai, e c'ades merce No*il qieira humilmen merceian ;
32 Q'ieu sai q'onrat mi son li dan, Car qui per ries prêts s'estudia, L'esforssamens, si be'is fadia, N'es gens; per q'ieu no'n vuoill mover
36 Lo cor ni'ls precs ni-I bon esper.
V Anz l'am e l'amarai jasse ;
Qecs jorns mi sembla plus d'un an
Car non la vei, e no*m rete
Nuills faitz on eu fassa engan, 41 Anz cre far son pro e-l mieu dan.
Ai las, en tant avinen guia
Ai essaiat si ja poiria
S'amor ni son grat retener 45 Ni cum poirai far son plazer.
25 E-l] E K — 26 La fant] Fant la IK — 33 Lacune dans AIK — 34 L'esforssamens] Lefforsamen IK — 30 ni-] bon esper] de b.e. IK — 38 Que qecs j. m. s. un an IK — /|0 on] ond IK — [\2 tant] quant IK — /j5 poirai] poiria IK —
2
15 POESIES DE VC DE SAINT-CII\C.
VI Pros Gomtessa de Monferran
Mas mails jointas, on que sia, Soplei vas vostra seignoria,
E creissi a tôt mon poder 50 La valor que vos t'ai valer.
/17 que] queu IK — /|S vas manque \\\.
I. Par mes yeux, mon cœur et toute ma personne, j'éprouve une trop grande souffrance; elle me vient de ce que je ne vois pas celle qui s'est emparée de mon cœur, de sorte que moi je meurs ici de désir, pendant que mon cœur se plaint et que mes yeux pleurent; car si elle ne m'accordait aucune autre faveur, au moins le jour où j'avais pu voir son beau corps qui inspire la joie et qui charme, aucun mal ne pouvait me nuire.
II. C'est pourquoi celui-là est fou qui en amour suit le con- seil de la raison, et fait ce qu'elle ordonne; car c'est ce que j'ai fait et voilà pourquoi il m'arrive d'être égaré, me plaignant et soupirant; car la raison voulut que je m'éloignasse de ma dame, et de là vient que je considère comme une folie tout ce que réprouve la joie d'amour, et comme sensé et raisonnable tout ce que cette joie me fait vouloir.
III. Quiconque voit son beau corps l'aime, la révère et lui fait hommage, et moi plus que tous les autres, parce que j'ai mis eu elle mon cœur, ma foi ei mon désir; car sa beauté res- plendit, pleine d'éclat, et ses manières modestes et charmantes et la grâce de ses entretiens la font honorer, aimer, accueillir
et révérer de tous les gens de bien.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. ig
IV. Elle a tant de mérite que, quoiqu'elle ne m'accorde aucune faveur, je ne détournerai d'elle ni mon cœur ni mes prières ni mon chant et que je ne cesserai pas d'implorer sa grâce en humble suppliant ; parce que je sais que les maux que je souffre me font honneur, car quand on tend très haut, l'ef- fort seul, même quand il est vain, a de la noblesse; c'est pour- quoi je ne veux éloigner d'elle ni mon cœur ni mes prières ni renoncer à l'espoir.
V. Au contraire, je l'aime et l'aimerai toujours; chaque jour me semble plus long qu'une année, parce que je ne la vois pas, et pourtant je ne suis retenu [loin d'elle] par aucune action qui me rendrait coupable à son égard ; loin de là, je crois faire ce qui est bon pour elle et funeste pour moi. Hélas! si gra- cieuse fut la manière dont j'essayai de m'assurer son amour et sa faveur et de faire ce qui lui plaît !
VI. Noble Comtesse de Monferran, les mains jointes, où que je sois, je m'incline devant votre seigneurie et j'accrois de toutes mes forces la valeur qui vous fait valoir.
20 POESIES DE i;C DE SAINT-CIRC.
IV
Bartsch, 4'~,7» iG; 4G1, 16 1 .
Treize mss. (dont deux fragmentaires): k(Sludj, no 448; Archiv XXXIV, 173 ; Main., Gedichte, do MCLI), C {ibidem, no MCXL1X), D (fo 77 c), F (str. II, III et IV, Stengel, no 77), G (fo 83 a). N (Mahn, Gedichte, no MCLII), K (ibidem, n" MCL), U (4r- Chiv, XXXV, 44o), N* [Archiv, CI, 374), I (Mahn, Gedichte no MCXLVUI, K (fo 1 13 c), a' (p. 282), T (str. III).
T a été négligé.
Classification des manuscrits. CR forment un groupe d'après le.' vers 2, 3, 5, C, 11, i3, iO, 21, 25 et 29. NU vont ensemble aua vers 6, 26 et 29, mais d'autre part, au vers 27, U se range du côtt de A, et semble combiner la leçon de deux groupes différents, ei ajoutant après la strophe V celle queIKN8 niellent à la place de cette strophe. Ces trois mss. forment un groupe avec F d'après les vert 9, i3 et 25, et aussi avec D, d'après la strophe intercalée après h strophe V. G se rapproche de NU aux vers 21, 23 et 26, et de CU ai vers 16. Je suppose que cette dernière coïncidence est fortuite e considère G comme faisant partie de la famille NU. Voici donc com- ment, pour cette poésie, se répartissent les mss. :
GNU x CR
N» F D 1K Orthographe de A.
I Gent ant saubut miei uoill vensser mon cor.
Et jeu miei huoill e#l cors an venait me, Qe mos cors vi els huoills cella per que
a ien m. h.] ieu mos huoills mss. sauf CR, El ieu mon cor cl iw
a vcnnit (vensul < !) < !R ; an | a mss. (sauf Va') — 3 els huoills] cil
buoill A, |>rls huelha CR; cella] celleis N»IKUD —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 21
Moront miei huoill, et ieu e-1 cors en mor; 5 E-lcors mieitzmortz — g-ardatzs'esbentrahire — Fai me a lieis que lui auci aucire De pessamen. d'envej' e de cossir, E-ls huoills de dol e si eis de désir.
II Si'm plor ni-m plaiug ni raen duoill e mon cor.
10 Ni n'ai désir, no m'en plaign' hom de re, Car ben conosc que per lo mal que ve De tant rie luoc que negus hom non mor; E puosc ben dir que rie son miei cossire, E si ja'in puosc enardir quel désire
15 Q'ieu ai de lieis Ii mostre nrl aus dir, Onratz serai neus si -m fazia aucir.
III Maint as sazos m'o acort e mon cor
Cum ieu la prec, mas enaissi m'ave : Oan cuia-1 cors parlar, la bocha'I te, 20 E • 1 désirs creis et mos ardimens mor, E doblon me l'esglai e*il lonc sospire
4 Moront] morem U; el cors en mor répété R — 5 El cors en mor gardatz estranha (si eslranh R) re CR; ben] mal N2 — 6 Quem fan mos huelhs quayssim volon aucire C, Quem fa mos huelhs que sane- ron a. R ; Fai me] quem fai me N, Qim fai U; lui] a lui IK — 7 De] dun a' ; d'envej] denueia NU ; cossir] dezir a' — 8 Consir els oils de dol e ieu de dezir a'; E-ls] los A; e si eis] el si es U, e sieus N, e mon cor C —
g Sim plane nim plor N2 F1D, Sin plor nin planh R, Nin plor nin plaing a' — 10 Ni liai F; plaigna NU — 11 que] quem CRU — 12 aegus] degus R — i3 E eu pose (poc F) dir N2IKFD, E p. o dir CR; rie son miei] r. soi de R, ricx suy de C — il\ manque C; E sieu iam N2, E sieu jam IKD, E sim iam N — i5 ai] ia U; li] quoi C; nil] ni li U — iG fazia a] voliauzir CR, volia a Ci ; aucir] morir U —
18 prec près U — ig cois] cor VS*V ; la bocha te a' — 21 En d. I, E dobla CRD : rue] men Al>: l'esglai] liesgard U, l'esgarç G [corrigé
22 POÉSIES DE UC 1>I SAINT-CIRG.
E l'ail me*] sens tant q'ieu non sai que dire, C'a lieis preiar non puosc endevenir, Ni comensar non o sai ni giquir.
IV 25 E s'ieu m'en loing, plus m'estai près del cor, E on ieu plus li fuig-, plus mi rete, Per qu'ieu del tôt remanh en sa merce ; Car non mor gen aicel que fugen mor. Mas ges no* m par, qan son gen cors remire, 30 Qez ilh deia mi ni autrui aucire, Anz m'es semblan qez ilh deia garir Aisso que fai tôt' autra mortz morir.
V Anz q'ieu la vis, la conuc e mon cor
E aie en li m'esperanssa e ma fe, 35 E qan la vi, fui aissi sieus desse,
Que per lieis val mos cors e viu e mor ;
en lesglai par une main du xive siècle); sospire] consireU — 22 me'lj men A;*E f. mi sentz F — 23 endevenir] esdeuenir ANC — 24 non 0] no mo A —
25 E si men 1. I, E quan men lays CR, E cant men 1. N; m'estai près] près inestai N2IKF — 26 E cant NUG — 27 P. que d. t. re- torn AU — 28 Car] Oe U — 29 E nom sembla quan CR, E gen non par qab U, E ges n.p. N — 3o Oue ylh CR, Qella A, Qe cil N*, Oar il U; autrui] autre CR — 3i Ans me (mi R) par be CR ; qez ilh] que ylh CRU, qella A, qe cil N2 —32 Aquo CR; tôt'] toz U; mortz] mort C —
33 La strophe V es* remplacée dans IKN*D par la suivante qui, dans l\ se trouve après la str, V : So per (par D) qu'il sap e a (qel sapça U, qu'il sapea D) dedins son cor — Une domna a (Q. don aduz U) valor e pretz e l>e — E so par coin (queo D) Icnansa e la (cl l'i mante (monte D) — E la defen que non dechai ni moi- Li salve (saluia I) dieus allant quant ieu désire (manque D) — E (El I ) prec sil platz quel cissa ne (non l ) saiic — Mis (Qels U) enenues non lassa csiauzir (eSCUzir U) — Sobrels siens l'aichs (faillis I») ni sos amies marrir. — q'ieu | que C.W ; conuc | eouoe N, conojç U ; C.s'iir- rète ici. — 30 <JueJ F N ; mois cois (I ; en viu en mor a' —
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC. 20
E-il sui que jorn aissi fizels servire E de sos bes enanssaire e grazire, C'a cels q'adoncs l'avion en azir 40 La fatz aras enanssar e grazir.
VI Ja no'us cuidetz, Désirs, q'ieu vos adiré
Ni* m sia greu car vos sui francs servire Sez g-uizerdon, car cill c'ara désir 44 Vos mi fa-l tort que m'aviatz fenir.
37 El s. totz j. R, Eilh fui ades U, Eill sô q. j. G — 38 manque là et se trouve à 4o dans N; E dels s. b. a', ananzar G — 3<j Oiacels qa dunes liaui (le reste du vers manque) U, Car cels que donc 1. e. a. a', ca c. qadoncs la ment enanzir G — 4° manque dans N (cfr. vs. 38), qui s'arrête ici.
Les vers $i-44 manquent dans G. — 41 Ja non euges qeu vos azire a'; R s'arrête ici. — l\i Non uus sia greus sieu sui f. s. U — 43 Ses guiardos qar sel quaras désire U — 44 Mius fal t. U ; fad] faill IK, sal a'; trot D.
I. Doucement mes yeux ont su vaincre mon cœur, et mes yeux et mon cœur m'ont vaincu moi-même, car mon cœur a vu par mes yeux celle pour qui meurent mes yeux, et pour qui et mon cœur et moi-même nous mourons; et le cœur, à moitié mort — voyez combien il est traître ! — me fait, à force de pensées, d'aspirations et de réflexions tiistes, tuer par celle qui tue mes yeux par les pleurs et lui-même par le désir.
II. Qu'on ne me plaigne pas si je pleure ou me plains d'elle en mon cœur ou si je soupire après clic, car je sais que per- sonne ne meurt d'un mal qui vient de si haut; et je puis bien dire que nobles sont mes souris, et si jamais je puis m'enbardir au point de lui montrer le désir que j'ai d'elle et de le lui dire, je serai honoré quand même elle me ferait mourir.
34 POÉSIES DE rc DE SAINT-CIRC.
III. Souvent je promis en moi-même la résolution de la prier, mais voici ce qui m' arrive alors : tout ce que le cœur va dire est retenu par la bouche; et mon désir augmente et mon cou- rage fléchit, et L'angoisse et les longs soupirs redoublent et je me trouble au point de ne plus savoir quoi dire, de sorte que je ne réussis pas à la prier; je ne sais ni m'y résoudre ni renon- cer à le faire.
IV. Et si je m'éloigne d'elle, elle m'est plus près du cœur, et plus je la fuis, plus elle me retient, ce qui fait que je reste complètement à sa merci, car celui qui meurt en fuyant meurt ignominieusement. Mais, en regardant sa belle personne, il ne me semble pas qu'elle doive tuer ni moi ni un autre; il me paraît plutôt qu'elle doive sauver ceux que toute autre mort fait mourir.
V. Avant même de la voir je la connus dans mon cœur, et j'eus mis en elle mon espoir et ma foi ; et lorsque je l'eus vue, je devins sien tout de suite, de sorte que c'est par elle que j'ai de la valeur, que je vis et que je meurs; et chaque jour je suis son serviteur fidèle, et je prône et loue ses vertus, au point de la faire louer et prôner par ceux-là même qui jusqu'alors l'avaient en haine.
VI. Désir, ne croyez pas que je vous haïsse et qu'il me déplaise de vous servir loyalement sans récompense, car celle que je désire maintenant fait que vous mettez fin aux torts que vous aviez envers moi.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. >5
V.
Bartsch, 457, t.
Dixmss. : A {Stttdj, no 457), G (Mahn, Gedichte, no XI), D (fo 80 a), G (fo 85 a), I (Maim,Gedichte, no MCXXXVII), K (fo 1 14), L (fo 57 a). N (fo 109 a), R (MahD, Gedichte, no MCXXXVIII), N» (Archiv., CI, 377).
CR ont une faute commune aux vers 2-3 et vont ensemble aux vers 16, 23, 29, 42, 45, 49 et 54. IK N2 sont étroitement apparentés (voyez 'les vers 17, 29, 4o, 48, 53, 58 et 59); de même GL (vs. 4a), et peut-être AD (vs. 48). Les rapports entre ces différentes familles ne sont pas sûrs. Comme AIK ont intercalé la même strophe après le vers 55, ils ont dû se connaître ou provenir d'une source iden- tique. GL ont, au vers 29, une faute commune avec IKN2, tandis que A a la bonne leçon, et il est difficile de concilier cela avec la parenté de A avec IKN2 ; à moins d'admettre que A s'est corrigé seul. Au vers 17 l'accord de GL avec IK N* peut être fortuit, de même celui de D avec ces cinq mss. au vers 48. Les rapports d'origine de N ne sont pas clairs; le vers 4i ne suffit pas à faire admettre une relation étroite entre ce ms. et A.
Orthographe de A.
I Aissi cum es coinda e gaia
E cortesa e plazens
Ed azaut' a totas gens 4 La bella de cui eu chan,
M'es ops que d'aital semblan
Cum ill es fassa canso,
Coinda e gaia ab plazen so, 8 Que li man lai quel an dire
1 Ai c. s. cointre g. N* — 2-3 E c. tota gen CR — 2 plazen L; le premier E manque A — 3 a tota gen L — 4 eu manque DIR] — [Cointre g. N2, c. g. G ; gaia ab] gaiarn R — 8 Ojeu li m . G, Qeil mande A, Q'ill man L; li] la CR; quel] qeil A; an] au N* —
26 POÉSIES DE i C DE s.wnt-CIRC.
Lo désire Que ieu ai De vezer son gent cors gai.
II 12 Désir n'ai ieu e cossire
E pessamen e esglai Car non la vei, et esmai ; Cane nuilla sazo non fo,
16 S'ieu vis sa gaia faisso, Que anc trebailla ni dan Sentis ni mal ni affan, Aitant doussamen m'apaia
20 Qanz q'ieu aia
De turmens Sos francs cars humils parvens.
III Ja no's cuit qez eu m'alraia 24 Vas autra, qe'ls cors e*l sens
E*l désirs e*l pessamens Si acordon d'un talan, C'usquecs la vol e la blan, 28 Car ges oblidat non so
L-d\g iii-1 faich ni'I si nrl no
9 lu deszirers L — io Qieu ai AL, Oucz ieu ai GIK, Que ieu hay H — ii »-en] bel A, manque H — i3 pessamenl L: esglai] esmai A — ■ i/| esmai] esglai A — iti vis] vi A1K.N N2; gaia] bêla CR. — \-j Que] Queu GLIKN3 — 2<> q'ieu] que N: aia: aaià t.'.K — 21 De] Dels R — 22 Sus cars lianes AGLN, sus F. cors N8; parvenu] pla-
zens H — - -y.\ Eji s pes quem atraia CRj nos] mm A; ouit] cro A;
qez eu m'alraia [ quez ieum retraia IK — :>f\ cor el seo L — aS Els (I ils p. C: pessamen I, — -.'7 Qar qecx I- — "S manque A; Car] Une CR; DOD so] m. n; fo N, nasuii 1) — 29 Laculirs nil 00 ml aoCR; Dig] li dig GUK N2. nil dig N —
POÉSIES DE UC DE SAINT-C1RC. 27
Ni-1 beil semblan ni'l doutz rire Ni-1 sospire 32 Ni l'essai
Ni'l doutz man ni'l plazen plai.
IV Sos amies e sos servire
E sos hom sui e serai, 36 E dompna vista non ai
Nuill luoc, ni sai on eu so, Que mais de lieis un cordo Non âmes o sol un man, 40 Ou'ieu sai preses de joi tan Gum pren cel que si donz baia Ni qe*i jaia, Que cozens 44 M'es totz autres gauzimens,
V Ges per l'avol gens savaia
Cui desplatz jois e jovens, Ni per los mieus malvolens 48 Que van mos mais encercan No m'an mon joi amerman ; Anz li die que per razo
32 esmai A, assai CR — 33 man] iai A — 34 Ni s. s. D — 35 Sui e toz temps serai G — 36-3g Quar tant es de beutatz rai quan la vey no sai on so quieu mais volria un cordo que ieu laques de sa man C
— 36 E don iusta mi non sai R; ai| sai — 37 Ni luenh R — 38 Que] Quieu LRN; un] iai D — 3g ame R; o sol] consel D — 4° Gum si prenia de joi tan (i; Qu'ieu] Que AU; sai] chai IK N2 — 41 Quan p. C, corn près R; que] qui AN — !y± Ni qeu aia GL, Tan mapaya CR
— 43 cozens] tormens AU — 45 l'avol] laulra CR — l\è manque N; Qem van AU; mon mal UGL1KN2; essercan ARU. — 49 Nom van R; ma joya merman CR — 5o que] qeu U —
POESIES 1>E UG DE SÀINT-CIRC.
Deu per els voler monpro, 52 Coin deu faire don s'azire E que tire A cels lai A cui sos plazers desplai.
VI 56 Dalfin, de clara razo
Ai er faicha ma chansso,
Per so que puosca eslire E devire no Cum eu ai
Vas lieis mon fin cor verai.
5i per el R, perdrels D — 53 Tan quel tire C, Tal que tire R, E quen- tire N2, E queu tire IK — 54 Al savay CR, A cellai LN — A la suite du couplet V A1K en ajoutent un autre (voir plus loin la discussion sur l'authenticité de cette strophe) que voici, d'après A (les var. de I entre parenthèses) : Sol quil nois volva nis vire — ja nuills (nuill) temps nom volverai — lo voler que (queu) volgut ai — e sos cors a compagnon — franc fizel (Hzel franc) fin ferm e bo — per far los faitz qeil tin fan — mon (mos) cors qes ses tôt eogan — per far so qa lieis (fara tôt aisso queill) plaia — ni seschaia — que ja lens — non er als sieus maiulamens — 56 Cette strophe manque dans CGRLN — ■ 58 poscaz D; eslire j devire IKN2 — 5q E ellire IK N2, E déduire D — Ci Vos D.
I. Autant est gracieuse, g"aie, courtoise, agréable et affable à tous la belle dont je chante, telle doit être la chanson que je fais pour elle : gracieuse, gaie, avec une agréable mélodie, telle doit être la chanson que j'envoie là-bas, pour qu'elle lui dise le désir que j'ai de voir son élégante et joyeuse personne.
II. J'éprouve à son sujet, parce que je lit1 la vois pas, dt'-sir, tristesse, souci, angoisse el émoi, car jamais il ne m'arriva,
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRG. 2Q
quand je la voyais, gaie, comme elle l'est, d'éprouver angoisse ou dommage, malaise ou angoisse, si doucement apaisent tout ce que je puis ressentir de tourments ses façons nobles, élé- gantes et condescendantes.
III. Que jamais elle ne croie que je puisse en courtiser une autre, car mon cœur et ma raison, mon désir et mes pensées sont animés d'une même volonté; si chacun la recherche et la courtise, c'est que nul n'ignore ses paroles et ses actions, ses « oui » et ses « non », son doux rire, son soupir, ses exploits, ses doux messages, ses plaisants propos.
IV. Son ami, son servant et son homme, voilà ce que je suis et serai ; et jamais je n'ai vu, ni ailleurs ni ici où je suis, une dame telle que je n'aimasse mieux recevoir de celle que j'aime un ruban ou un simple message que de prendre de cette autre autant de joie qu'éprouve celui qui baise sa dame ou repose avec elle, car toute autre joie est pour moi un tourment.
V. Que jamais, à cause de la gent misérable et grossière à qui déplaisent joie et jeunesse, ni à cause des ennemis qui vont cherchant mon malheur, ma joie n'aille s'amoindrissant ; mais je lui dis [à ma dame] qu'elle aura raison, à cause d'eux, de vouloir mon avantage, car on doit faire tout son possible pour irriter et vexer ces gens-là à qui déplaît son plaisir.
VI. Dauphin, j'ai fait une chanson de sens limpide, afin qu'elle puisse apercevoir et comprendre comment je lui ai voué un cœur sincère et fidèle.
3o POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC.
VI.
Bartsch, 467, 3/j.
Huit niss., dont un Fragmentaire : A [Studj, n° 449)s C (fa 226 c), D (fo 77 d), I (f° 129 cl), K (fo n5 c), R (fo 2G c), N2 (Archiv, CI, 379); F (strophe II, Stengel, 11079). Imprimé dans Raynouard, Choix, III, 332, et d'après lui dans Malin, Werke, II, 1 4 0 -
Les variantes ne permettent pas une classification rigoureuse des manuscrits. Voici tout ce qu'on peut affirmer : CR forment un groupe étroitement uni ; très souvent ils ont d'autres leçons que le reste des manuscrits (voyez vs., 6, 9, 17, etc.). Forment égale- ment une famille IK N2 (vs. 25). La difficulté est dans la place qui revient à A et D. Aux vers 36 et 5o ces deux mss. vont ensemble, et il semble bien qu'au premier de ces deux vers ils ont une faute commune; en effet, l'identité des mots places à la rime dans cette pièce et dans le n" XII exige ici la leçon tenda; il est vrai que l'identité signalée souffre une exception, au vers 26 (ici ab se, dans XII Jasse), mais aussi c'est la seule. Ce qui nous empêche de faire de AD une seule famille, c'est que (au vers 25) A a une faute com- mune avec IK N2, et ici c'est encore la comparaison avec le vers correspondant de XII qui nous permet de considérer la leçon de ces mss. comme fautive (IK N2 A de re, RCD en me, XII, a me). Au vers 52, il est vrai, la leçon de A (si't ve) se rapproche de celle de R (veira te); celle des autres mss. est si m ve. Si on néglige ce dernier cas, qui est isolé et douteux, l'identité n'étant pas com- plète, on arrive à la conclusion que CR forment un groupe à part en regard des autres, de sorte que l'accord d'un de ces derniers avec CR doit indiquer la bonne leçon.
Orthographe de A.
I Servit aurai longamen
Humils, francs, sers e leials Amor, don ai près grans mais, Ira, pena e tormen, 5 Greu raaltraich ses nuilF esmenda ;
1 longamen] francamens R, franchameu C — 5 Greu] Gw A, manque CR —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 3l
Et ancar vol q'ieu atenda Amors sa dura merce, Per saber si n'aurai be 9 Suffren anz c'altrui mi renda.
II Amarai doncs finamen,
Puois fis amars no m'es sais ?
Non ausaria esser fais
Vas lieis c'aisi#m vai volven?
Conseill m'es ops q'ieu en prenda. — 15 Mas Amors ditz q'anz mi penda
Qe ja li menta de re. —
Mas dreitz es c'ab aital fe 18 Cum ill compra q'ieu li venda.
III Mas ges vas lieis no'm defFen
20 Razos, dreitz, amors ni als, E si-1 platz mos dans mortals E lo sieu qier eissamen, Non creza q'ieu l'o contenda, Qu'eu viu de paubra prevenda ;
25 Que non ai poder en me, Car cill l'a c'a-l cor ab se, E no voill qu'om lrm deffenda.
G Et] Mas IK N2 D — 8 si manque A — g altrui] alhors CR. ii sais] fais R — 12 Ni a. D, N. auzara R, N. ausarai AIK N2 — i3 Vas] a IK N2 A; volven] (uolucn) volen N2 — i5 M. camars R; q'anz] quieu C; mi penda J me prenda D — iG Qe] Ouieu ADF — 17 Et es d. RC — 18 qe li v. F — 22 E lo sius IK N2, E los sieus C, El seu D; qier] quar C, car R — 23 crezaz D ; lo] li GR — 26 en me] de re IK N2 A — 26 Quela la lay lot (cor?) ab se CR; cill] cel A — 27 No v. que honi A —
32 POÉSIES DE UG DE SAINT-CIRC.
IV Esfortz fatz doncs car m'en t en,
Ni car i perc mos jornals,
30 En lieis, don vista sivals Ni près ni loing non aten, Si doncs no'il platz que s'estenda En lieis merces e*i dissenda ; Esser pot, mas non o cre,
35 Car qurls mieus m ans non rete Non par que los sieus me tenda.
V Huoills clars ab boca rizen,
Denz plus blancas c'us cristals ; Neus blanca non es aitals
40 Cura sos cors ries de joven ; Blanca, vermeilla, ses menda Es la cara sotz la benda ; Tôt hi es cant i cove, Honrada sor tota re,
45 Si que nci ha c'ora reprenda.
VI De ma vida*m faitz esmenda,
Bella de dura merce, Ab sol que soffratz de me 49 Qu'eu per vos al cel entenda.
28 Esfortz] Esfor D ; d. c. m.] car mi enten A — 29 Ni] E R; i p.] perc il — 32 no-il] non D, manque R; s'estenda] sentenda CR — 33 e-i] eill D, manque CR — 35 Tant la truef de dura te CR — 30 Que nom par res men atenda CR; los] (lo) los Na, lo IK; men- tenda IK N2, mestenda AD — 38 D. blancas cum es c. Al>; c'us] que CR — 3q aitals] tais N2 — 4° Cum sos| Col sens D; cors ries] hels cors CR — l\\ B. e v. N2, Fresca v. CR — f\:>. Es clara desotz R — /|3 Tôt | Tô D ; sor | sus GR - 4o La strophe VI manque dansCR ; De] Que I — /iy al c. | acel A,aieel D; entenda | tenda t) —
POÉSIES DE UG DE SAINT-CIRC. 33
VII A*n Savaric, pari Enenda,
Chanssos, vai dir de part me Oez el sabra ben, si' t ve, 53 Se-il taing- que fuga o atenda.
5o La strophe VII manque dans C; An S. lai p.Venda A, An S. lai part enenda D, En S. part e uendaN2 — 62 Quel el s. b. sim. v. IK, Quel el s. b. sim. v. N2, Quel saubra lo ver sim v. D, Quel s. can veira te R — 53 Ses dreiz qel f. o a. D; Se-il] Se A, Sil R.
I. J'aurai longtemps, esclave humble, sincère et fidèle, servi Amour, qui m'a causé de grands maux, procuré tristesse, peine et tourments, et de graves souffrances sans nulle com- pensation ; et Amour veut que j'attende encore sa merci (de l'Amour où de la dame ?) qu'il (elle ?) fait payer si cher, afin de m'assurer si, à force de patience, j'obtiendrai de lui (elle ?) quelque bien, avant de m'adresser à une autre dame.
II. Dois-je donc aimer fidèlement, si d'aimer fidèlement ne m'est d'aucun secours ? N'aurais-je pas le courage d'être infidèle à celle qui me tient ainsi en suspens ? Il faut que je prenne un parti à ce sujet. — Mais Amour dit que je dois me pendre plutôt que de lui manquer de parole. — Cependant il est juste que, en lui vendant, j'use de la même mesure qu'elle quand elle achète.
III. Mais envers ma dame ni la raison ni le droit ni l'amour ni quoi que ce soit ne me protège, et si mon mortel dommage lui plaît et qu'elle cherche aussi le sien, qu'elle ne croie pas que je m'y oppose, car je vis de maigre provende ; je n'ai aucune force en moi, car toute ma force est au pouvoir de celle qui possède mon cœur, et je ne veux pas qu'on me défende contre elle.
?>\ POÉSIES DE UC DE SAINT-CHIC.
IV. Je fais donc ce tour de force de l'aimer, tout en sachant que j'v perds mon temps, car je n'attends pas d'elle-même un regard, ni de loin ni de près, à moins qu'il ne lui plaise que Pitié la gagne et descende en elle; cela est possible, mais je ne le crois pas, car si elle n'accueille pas mes messages, il n'est pas vraisemblable qu'elle me renvoie les siens.
V. Des yeux brillants avec une bouche riante, des dents plus blanches que le cristal; la neige est moins blanche (pic sou corps qui possède la fraîcheur de la jeunesse; blanc et rose, sans tache, est son visage sous le bandeau; en elle tout est par- fait; elle est honorée au-dessus de toutes les femmes, de sorte qu'il n'y a rien en elle qu'on puisse reprendre.
VI. Prenez ma vie en hommage, belle difficile à attendrir, pourvu que vous m'accordiez le droit d'aspirer par vous au ciel.
VII. Au seigneur Savane, au delà d'Enende, va, chanson, dire de ma part, que s'il te voit (te lit), il saura bien s'il faut que je m'enfuie ou attende.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 35
VII.
Bartscb, 457, 26 (Cf. 457, i3).
Quinze mss. (dont quatre fragmentaires) : A (Studj, n° 445), B [(Maori, Gedichte, no LXXVIIl), C (fo 225 a), D (fo 78), De {Annales du Midi, XIV, 2o3, i"'e strophe; 2o5, envoi), E (Mahn, Gedichte, no MCXXXV) , F (Stengel, no 78, ire strophe), G (f« 83 b), K (fo n3 v.), L (fo 9 b, str. 1, 2, 3, 5), N (fo i39, Peire Milo), 0 (De Loliis, p. 47, anonyme), P1 (Archiv, XLIX, 3i5), P2 (Archiv, L, 276, i'e strophe), R (f° 26 v.). Les trois premières strophes sont imprimées dans Raynouard, Choix, V, 224.
N a été négligé.
Voici ce que nous apprennent les variantes sur les rapports qui exis- tent entre les mss. AB vont ensemble aux vers 12, 18, 3i, 34, 44; ABD aux vers 6-8 et 38; KC aux vers i5 et 18; CR aux vers 20, 38; ER aux vers 22 et 26; PL aux vers 6, 12 et 19. Je néglige les coïncidences qui peuvent s'expliquer par des chan- gements individuels; il est possible que celles des deux derniers vers doivent être considérées comme telles. Le vers 23 présente une grande confusion : AR ont Pos ... que, KC Pos ... si, GB Mas ... que, EOPD Mas ... si. Je suppose que Mas, et non Pos, est la leçon de l'original, et que Pos doit être considéré comme un changement fait indépendamment par ARKCL pour remplacer Mas, peu usité au sens de « puisque ».
Au vers 36, la suppression de son dans tous les mss., sauf ABD, ne semble pas un indice assez sur pour supposer qu'ils constituent une famille. Il est, en somme, possible que, dans l'original, il y eût une faute de versification. La place de G ne ressort pas clairement ; il a assez souvent les mêmes leçons que 0 (vs. 10, 27, 35, 36).
Orthographe de A.
1 Nuiïls hom no sap d'amie, tro l'a perdut, So que l'amics H valia denan ;
Mas quan lo pert, e pois es a son dan E-il notz aitan cum l'avia valgut,
2 So manque D, où Qel amies est écrit sur des mots raturés — 3 a] ab D; e pois ha près s. d. L. — 4 E n. lailan C ; E li noz aitan
30 POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC.
5 Alloues conois que l'amics li valia ; Per q'iéu volgra ma dompna conogues So q'ieu li vaill, ans que perdut m'agues,
8 Eja pueissas al sieu tort no "m perdria.
II Ben sai que s'ieu l'agues aitan nogut
10 Cum l'ai valgut e son pretz traich enan, Ben agra dreich qe*m volgues mal plus gran ( l'a auilla re ; per qu'ieu ai conogut De ma dompna que niais mi nozeria Ab leis lo mais no m'en valiia-1 bes ; ir> Per qe'in fora fort bon, si ieu pogues, Que m'en partis, mas per Deu non porria,,
III Que s'amors m'a si doussamen vencut
Que ieu non pose ni n'aus aver talan Que ja de lieis que m'auci desiran
com valer li solia P; cum] qant B; l'avia valgut] v. la via P1; ce vers manque dans R — 5 A. c. del amie quai v. R; que] qaut Lpi p2 EG, so que AK ; l'amics] el K; li manque A — 6 ma dompna] qe mi don (donz L) LP1 ; conogues] sil plagues ABD — 7 Anz gem perdes que ellam (ella Bj conogues ABD ; vaill] valc 0. Ce vers man- que dans C; un signe renvoie ù la marge, où on lit (écriture du quinzième siècle) : so queu li valh mas (?) que perdut magues — S So qieu li vaill que (e BD) ia puois n. p. ABD; E ja pueissas al] E ja de pueys ol C, Car pois say bon qal P1, Ja pois al Pa, E ja pois alOj E] Car R; no-m] non GDc ; perdria] perdra K —
9 s'ieu l'aques] silh agues R; 1. aitan] lagesauem P, li a. tan G — 10 el ni GKCO — 11 Qen a. delt O — 12 C'a 11. r.] Cane mais non fetz AB; C'a] Que LP — i3 mi 11.] menansaria E; dans R nu- est ajouté au-dessns, cl nozeria en marge; mi manque L — i'| no m.
v. 1).] que 110 v. li. K, nom valria lo bes C; me'DJ mi (>, me LPj
valria-1] valria E — iô qe*m] que lil'R; fora] tara PD; f. P. l'on] agra mestier KC — 16 Que] Qeu l> —
17 Que] De O — 18 Que ieu] Qeu AI!; pose] pena AH; n'aus] pose Ali, ai KC, ans K; aver] aeguo KC —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. S']
20 Parla mon cor ni l'en vir ni l'en mut, Anz s'i enpren e s'i ferma qec dia ; Per (je feira chausimen, si-1 plaques, Mas tant sui sieus, si per sieu mi lengues,, Puois fezes en cum del sieu a sa guia.
IV 25 Amors, tant ai voslre voler volgut
E tant ai faich lonc temps voslre coman Cane no*m trobetz en re vas vos liran ; De tant rie ben cum m'avetz covengïit Dessetz m'en un anz que del lot mortz sia, 30 Q'en lot lo mon non es tant petilz bes, Amors, que, sol de ma dompnam vengues, Que no'in des joi e no* m tolgues feunia.
V S'ella no-m val, ja autra no m'ajul, Ni m'acoilla nrm fassa bel semblan,
35 Car, s'il no-m vol, autra joi non deman, Ni si'm volia Amors faire son drut ; De nuill' autra ges ieu non o penria,
20 Parca CR; nil ne vir mil ne m. R — 21 A. si sespren e f. chascun d. P — 22 qe] qel K ; feira] fora ER — 23 Mas] Pos ACKRL; tant] ieu R, toz G; si] queGABR; sieu] sen G — 24 P f- cum de seu hom a sa g. P, E pueys qen l'es cum d. s. a sa g. G, E p. fezes de mi tôt a sa g. R, Poissa fezes cum d. s. a sa g. O; en cum] encor L —
25 valçut O — ■ 2O Icrac temps] tostems ER — 27 no-m] non P; en] de GPO; E supprime les vers 2j-35 — 28 ben] joi AB, don D; rie ben] ricx bes R; m'avetz] aves DKR — 29 Dessetz effacé dans C; mortz sia] maucia A — 3o Q'en] En P — 3i Damors G ; sol] sil AB ; de] da P — 32 des] de O —
33 Bêla R — 34 Oi mi a. L; m'acoilla] me vailla A, me uuoilla B
— 35 Que GKOG, Et P; vol] val E; autra joi] ia a. O; joi manqueG
— 30 .N'eus K, Neis B; X. si A. me v. (1; sim] sein O ; volia] volria P; Amors] de samor <i; sou manque LRCPOËGKN — 07 geâ] que E; non 0 p.] no volria OG; 0] la 1', manque L —
38 POÉSIES I>K l'C DE SA1NT-C1RC.
E, si-n lieis faill, die que amors non es Ni chausimens ni bontalz ni merces 40 Ni franquesa el mon ni cortesia.
VI En Savaric, ges m'amor non partria
De mon Amie per ren c'om m'en disses Entro que ieu de ver proat agues Si es vertatz aisso c'om m'en diria.
38 Si en 1. f. E, E sicu 1. f. CR; E] Anz ABD; amors] al mon P; que a.] qamors L — 3g Nul ch. G; merces] meisscs 0 —
4i Cet ennui manque dans P ; Den S. E, Don S. AB, Bella domna R — 42 E de mon a. 0 ; m'en] me RD, anc G. — 43 de] per G — 44 E supprime les trois premiers mots ; Si era vers R, sil es vertatz; es] fos AB; aisso] aisi E; com m'en d.] qon diz mauria G.
I. Personne ne sait, avant de le perdre, combien son ami lui était utile; mais quand il l'a perdu et que l'ami, repousse, lui nuit autant qu'il l'avait aidé, alors il se rend compte des services que celui-ci lui rendait; voilà pourquoi je vomirais que ma dame sût. avant de me perdre, combien je lui suis utile; je suis sûr qu'alors elle ne se ferait pas à elle-même le tort île renoncer à moi.
II. Je sais bien que, si je lui avais nui autant que je lui ai rendu service en exaltant son prix, je mériterais qu'elle me voulût plus de mal qu'à qui que ce soit; or [comme toute la
peine que je me suis donnée pour elle a été inutile |, je me rends compte que, pour ce qui es1 de ma dame, le mal que je
pourrais lui faire mè nuirait plus que ne me profiterait le bien que je lui ferais; voilà pourquoi il vaudrail mieux que je me séparasse d'elle, si je pouvais; mais, par Dieu, je ne le pourrais pas.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 3o
III. Car l'amour qu'elle m'inspire m'a subjugué si douce- ment que je ne puis et n'ose song-er à éloigner et à détourner mon cœur de celle qui me tue de désir ; au contraire, mon cœur s'attache et se cramponne chaque jour à elle; elle ferait donc bien, si cela lui plaisait, puisque je suis si complètement à elle, de me considérer comme sien et ensuite d'user de moi à sa guise comme d'une chose qui lui appartient.
IV. Amour, j'ai tant voulu votre vouloir et si longtemps fait ce que vous m'ordonniez que jamais vous ne m'avez trouvé rebelle ; de tant de grandes joies que vous m'avez promises, donnez-m'en une avant que je sois complètement mort, car dans le monde entier il n'y a pas de si légère faveur, Amour, qui, pourvu qu'elle me vienne de ma dame, ne me donne joie et ne m'ôte tristesse,
V. Si elle ne me secourt pas, je ne désire pas qu'une autre m'aide ou m'accueille ou me fasse beau semblant, car si elle ne veut pas de moi, je ne demande pas un autre amour, quand même Amour lui-môme voudrait me prendre à son service; d'aucune autre femme je n'accepterais ces choses, et, si j'échoue auprès d'elle, je dis qu'il n'y a plus au monde ni amour, ni pitié, ni bonté, ni merci, ni sincérité, ni courtoisie.
VI. Seigneur Savaric, je ne retirerais pas mon amour à mon Ami pour rien qu'on me pût dire de lui, jusqu'à ce que je me fusse assuré par moi-même que ce qu'on m'en dirait est la vé- rité.
4o POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC.
VIII.
Bartsch, 4^7, 25 (Gfr. 4»i, i8/|).
Onze mss. (dont deux fragmentaires) : A (Studj, no 45i], C (Malin, Gedichte, n» DCCXVIIJ), D (fo 79), I (Malin, Gedichte , .1" DCCXVII), K (1" 1 1 3 c), N (Mahn, Gedichte, MCXL), N» (Archiv, CI, 07/i). H (f° 26 r.), a', J («Statf/, IX, no 33 des coblas, ire strophe), P (strophe II; Archiv, L, 283).
Répartition des mss. : CR ont une faute commune aux vers 7, 8, 25 et 58 et la strophe V manque dans tous deux; IK N2 forment un groupe aux vers l\(> et 5o. Au vers 3 CRN donnent une leçon plus claire que ADIK N2 a'; il me semble que cependant il faut considérer celle de ces derniers comme la bonne et expliquer la variante de CRN comme un moyen de rendre le vers plus facile à comprendre. Au vers 33 il semble bien que DIK N2 a' ont changé ensemble la leçon primitive, de sorte que ces mss. sem- blent former un groupe auquel on peut joindre AN. En effet, dans l'original commun à DIK N2a' et AN qeill contracté faisait le vers trop court; N garde la faute, A corrige en introduisant sol, DIK N2a' en changeant semblan en semblansa. Comme aux vers /j 1 et l\-i Na' vont ensemble, et que la strophe III manque dans ces deux mss., il est probable que N se rapproche aussi de cette l'a mille et que le changement au vers 3 a été fait indépendamment par le copiste de N et ceux de C et de R.
Orthographe de A.
Nuillu ren que mestier m'aia, Mas canl un pauc de saber Non ai de far chausson gaia ; Q'ieu non ;ii joi ni IVsjht 5 D'amor, ni d'autras razos
1 ren] res CR — 2 Mai .1; quant manque a' — 3 de] per CRN —- l\ qe n. ai j. a' GRj Y manque \\ - ."> autra Ca'; raion Da' —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. f\l
Non es avinens chanssos ; Mas del ben qu'eu ai volgut E del mal q'ieu ai agut E del désir don mi duoill 10 La farai, pois far la vuoill.
II Quant nom plus ve ni esaia,
Ni sent joi ni desplazer,
Plus deu gardar non s'atraia
Lai don joi non pot aver, 15 C'ara es una sazos
Que mal rend hom guizerdos
E servizi son perdut
E benfaich desconog"ut
Et Amors vol et acuoill 20 Aicels qe mais ant d'orguoill
III Greu trob'om dompna veraia
Ni qe-is vnoilla en car tener, Ni amie de cui s'eschaia Que déjà joi conqerer ;
G chanson D — -7 Mal I; qu'eu] quieus C, queus R; volgut] agut J — 8 manque dans J ; E] O C; q'ieu ai] qieu nai D, quen ai CR, que ai IK.
11 On AP, Con a'; ve] vei N; sesaia A — 12 joi] gaug NP; ni d.] o plazers P — i3 Plus] Miels &', Mais P; che non s. P — i4 Lai] Lan N2, De la P; pol] po IK' puesc P — i5 Oueras C, Oua- ras R, Cora P — 16 Que hom ren mal g. C, Qe mal se vendon g. P; geerdos D — 17 eill servisi D, el servises N, servizis R — 18 E] El N, Eill D; fatz desconogutz R — 19 vol] avol P — 20 Aquelhs ( \ipiel R) que niais an (a R) CR, quel an mais (al aicels (je mais au) N.
21 La strophe III manque dans N a'; dans D les strophes III et IV ont été interverties. — 22 en manque R — 23 amie] amor R
I I POÉSIES DE VC DE SAINT-CIRC.
25 Mas los fais feignens gignos Tenon las falsas joios, E"l fin son per lor temsut ; O'eu n'agràjoi receubut Si- 1 mieu fin ferm franc escuoill
30 Vires e*l lor fraich fais fuoill.
IV Ses prometre e senes paia
Si pot dompna decliazer, Si fa semblan qe li plaia Aisso que no*il deu plazer,
35 Car de semblans nais ressos Mais, don intron en tenssos Tal que s'ant grau ben volgut ; E non crezatz q'ieu descut Aiso q'auran vist miei huoill
40 Ni puois sia aitals cum suoill.
V Mais per ren c'om m'en retraia
Ni q'ieu i puosca vezer, Non ai poder qe n'estraia Mon fin cor ni mon voler, 45 C'amics humils amoros
— 25 gi»-nosJ gilos CR — 2G falhas R — 27 el lor D — 29 S. mieus lis ferms franx escuelh R — 3o e'1] e IK, en Na CR.
3i senes] ses N, senz a' — 32 pot] po IKN — 33 si sol lai s. qeil p. A, si (sil a') l'ai scnibhmsa queill p. DIK N2 a', s'il fa semblés quil p. N; plaia manqaeD — 34 s 0 «pie non es de plazers (desplazers R) CR, Aicoqc Doil de plaxer N — 35 Car] Que N2 N: de s. | del semblan a', de semblant N; Dais] mais I; ressos] raxos N — 37 Talsqî saura h. v. a'; (pic s'anl | qeus anl A ; ant] a IK — 38 descuh A — 39 Aiso] Aquo C, Aco R, So que a' — /|<> Ni manque l>; aitals] tais a', tal N.
La strophe r manque </<ms CR. — 4' (i,'s |,tM' niai queu (qe a') men traia N'a'; raen] me 1) — 4a 'i ""' N, mèn a' — /|3 Niai re per quieu n. N2; que mi c. N 45 Camie humilia a. N —
50
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 43
Fis ferms desaventuros Sui, c'ades m'aura nogut So qe-m degra aver valgut ; Car no-m biais ni' m destuoill Non ai joi ni-n pren ni'n cuoill.
VI Et on plus ella m'esglaia
Ni- m fai plagner ni doler, Il ri e chanta e s'apaia E-is dona joi e lezer ; 55 II m'es mala,. eu li sui bos; En sui agnels, ill leos; Il m'a lonc temps vil tengut, Eu lieis car'; il m'a vencut, Eu no la vens, ni m'en tuoill, 60 Si tôt il me desacuoill.
VII Regina Saincha, Aragos
E Tolsans et Avignos Son gen per vos revengut ; E Dieus vos fai tal vertut 65 Q'el vostr' onrat rie capduoill Trob' om flor e fruich e fuoill.
46 ferms] francs JK N2 — 47 Sui] Sum N; m'aura] magra D; no- gut] vegut 1 — 5o ni pren nin tuoill A, nim p. nim c. IK N2.
5i on] can N; plus ella] ella plus AN — 5:> plauhan I — 54 Es domna N; joi] gaug N N2 — 55 Ylh malezis (malezi R) yelh (el R) sui bos CR; eu li] e eul A; bos] bens I, bes K — 56 Anhels sui ylh mes 1. CR; et ill 1. D — 58 lieis] leu N; il m'a v.J dompna v. C, do ma v. R — 60 S. t. mes de mal escuoill A.
61 Comtessa CR; Sangaragos N, sanharagos C, IVanca racos (?) R — 62 e toucans N, e loloza a' ; auigno a' — 63 retengut CR — 64 E] Car A; E I). faus (fai N, fa a') tant de vertut IK N2 Na', E D. qiis f. tal v. CR — 65 Qel] Qen a' — 66 ïrobem N2; fruich e flor A, e flor e fruich a'.
f\t\ POÉSIES DE trc 1>K SAINT-CIRC.
I. Je n'ai rien de ce qu'il me faudrait pour faire une chanson gaie, sinon un peu de savoir-faire; car je n'ai ni n'espère d'Amour aucune joie, et sur d'autres sujets il est impossible de taire une chanson agréable; mais puisque je veux néanmoins faire une chanson, je la ferai sur le bonheur que j'ai voulu, sur les maux que j'ai éprouvés et sur le désir qui me tour- mente.
II. Plus un homme connaît, éprouve et sent profondément la joie et la tristesse (c'est-à-dire « plus il est sensible »), et plus il doit se garder de s'adresser là d'où aucune joie ne lui peut venir, car nous sommes en un temps où on est mal récom- pensé, où les services sont rendus en pure perte et les actions nobles méconnues; où Amour recherche et accueille ceux qui témoignent le plus d'orgueil.
III. Il est difficile de trouver une dame sincère et qui se respecte, et un amant qui mérite d'obtenir la joie (de l'amour); mais les amants faux, trompeurs et rusés sont tenus en joie par les perfides amantes qui évitent les amoureux loyaux, de sorte que je n'aurais reçu de ma dame quelque joie qu'à con- dition de troquer mes sentiments de délicatesse, de fermeté et de fidélité contre leurs façons d'agir perverses et fausses.
IV. Même sans rien promettre ni donner, une dame peut déchoir si elle montre qu'elle prend plaisir à ce qui ne devrait pas lui plaire, car les apparences font naître de mauvais bruits, d'où proviennent des querelles entre gens qui s'étaient beau- coup aimés : el ne croyez pas que je me refuse à croire ce que mes yeux auront vu, ni qu'ensuite je sois le même qu'aupara- vant.
V. Mais pour rien qu'on me raconte à son sujet ou que puis- sent voir mes veux, je n'ai la force d'éloigner d'elle mou cour fidèle et ma volonté, car je suis un amant humble, amoureux, constant, inébranlable, autant que malheureux, île sorte que
toujours cela même m'aura nui qui aurait dû nie servir, cl
POÉSIES DE UG DE SAINT-CIRC. 45
c'est parce que je ne m'écarte ni ne me détourne d'elle que je n'en reçois ni n'en recueille aucune joie.
VI. Plus elle me torture, me fait pleurer et souffrir, plus elle rit, chante, s'amuse, se donne joie et bon temps ; elle m'est mauvaise et je lui suis bon; je suis agneau, elle lionne; elle m'a longtemps méprisé, tandis que je l'adorais; elle m'a vaincu, et moi je ne puis la vaincre; et je ne me dérobe pas à elle, bien qu'elle me repousse.
VII. Reine Sancha , grâce à vous, Aragon, le pays de Tou- louse et Avignon ont retrouvé leur éclat ; et Dieu fait pour vous ce miracle que dans votre noble château honoré on trouve à la fois fleurs, fruits et feuillage.
46 POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC.
IX.
Bartsch, /\ï>-], 20.
Cinq miss, (dont deux fragmentaires) : A {Studj, n° 458), I (Mahn, Gedichte, qo DCLXXI), K (foirôb), H (Bartsch, Chrest.*, 299; /\o strophe), J, d° 81 [Rio. dijîl. rom., I, 1\àj.\ ff strophe).
Orthographe de A .
I Mains greus durs pessamens
E mains désirs plazens E mainlas greus dolors Mescladas ab doussors, 5 Sent e maint desplazer Cel q'estai en poder D'Amor et en baillia ; C'aissi viu meitadatz Amies enamoratz 10 Ab joi et ab feunia.
II Dompnas desconoissens
Ab lor leugiers talens An tant faich qe amors Par als plus fis errors, 15 Que non podon tend- Un jorn ferm lor voler, E par lor cortesia Encans e falsetatz, E lor nescis baratz 20 Jois e bella coindia.
1 1 Dompnas] Domna 1.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 47
III D'aqi-m moc l'espavens Don ai estai temens, Per qe no 'm fo sabors Bels semblans ni honors,
25 Ni non tengui a ver
Promessa ni plazer,
Ni bel dich non prendria
Mas en dreich de solatz.
Mas er sui tais tornatz 30 G'ab sol seignar venria.
IV Als bels captenemens Et als cortes parvens Et al fugir follors Conois hom las meillors,
35 Qe*l semblans fai parer
So don a#l cors voler ;
Doncs si de far foillia
Non vos pren voluntatz
Ja-1 semblan no*n fassatz ; 40 Non taing que plus en dia.
38 pren] ven H — l\o Non] Nois A, Nom J.
I. Maints soucis graves et rudes, maints agréables désirs et maintes graves douleurs mélangées de plaisirs, voilà ce qu'éprouve celui qui est au pouvoir de l'Amour; de sorte qu'un amant amoureux vit ainsi, partagé entre la joie et la tristesse.
48 P0ÉS1KS DE UC DK SAINT-CHIC.
II. Des dames frivoles ont tant l'ait par leur légèreté que l'amour paraîl un égarement aux hommes les plus nobles, car
elles ne peuvent un seul jour rester fermes dans leur vouloir;
la tromperie el la fausseté leur semblent courtoisie et les plus honteux marchés joie et élégance.
III. De là est née la crainte qui m'a rendu timide, et voilà pourquoi ni beau semblant, ni honneur ne me causèrent plus aucun plaisir, et pourquoi je n'ai plus cru à la sincérité des promesses et des agréables façons, pourquoi les plus aimables paroles me semblent propos en l'air. Mais maintenant je suis changé au point que j'accourrais au moindre signe.
IV. C'est à la bonne façon de se comporter et aux manières courtoises et au soin qu'elles prennent de fuir les folles actions qu'on reconnaît les meilleures dames, car ce sont les signes extérieurs qui font paraître ce que lecoeur désire ; donc, si vous ne voulez pas faire de folies, évitez -en les apparences. Il ne convient pas que j'en dise davantage.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 4q
X.
Bartsch, 457, 18.
Treize mss. (dont quatre fragmentaires) : A (Studj, n° 45a), B (Mahn, Gedichte, no CCCXLV), G (fo 224 b), D (fo 79), De (Ami. du Midi, XIX, 2o3; str. b, 6, 7), F (Stengel, no 81; str. 4, 6, 7), II (fo 47 d; vs. 3i et 4i), I (i'° 128 d), K (fo 114 b), N* [Archiv, CL 370), R (fo 26 r.), T (fo 199 r.), b (Acad. de Vienne, LXXVI, 223; ire str.).
Imprimé : Parnasse occit., p. 162; Mahn, Werke, II, 162.
Voici comment les mss. se classent : AB forment un groupe, d'après le vers 7, où ils fournissent une leçon que je considère comme non originale; en effet, le verbe faire, qu'ils introduisent, se trouve déjà au vers précédent et il est probable que le poète aura évité cette répétition. Les vers 5G-58 nous permettent de consta- ter la parenté entre CF et De, car la construction qu'ils présen- tent est fautive (aver entension ab n'a pas de sens) et résulte évidemment d'un effort pour simplifier la leçon primitive plus compliquée. Le vers l\i, où CF vont ensemble, ne permet pas de conclusion pour ce groupe CFD1", parce que De ne contient pas cette strophe. Dans le groupe CFDe il semble, d'après le vers 58, que FDc ont entre eux des rapports plus étroits. Contrairement à ce qu'on attendrait, il paraît que R se sépare de C, et va avec IK N2 (voyez les vers 19 et 3i) ou avec N2 seul (vs. 20). Cependant, au vers 56, il change la construction comme CDeF, mais, en rempla- çant ab par en, il obtient du moins un sens satisfaisant, et on peut admettre que ses changements ont été faits indépendamment; au vers 55 nous le trouvons aussi en compagnie de DcF, et au vers 43 il va avec CDeD ; on pourra supposer que dans ces vers aussi il a fait indépendamment des modifications au texte primitif. T semble appartenir à la famille de F et de G (voyez vs. G CT, vs. 32 CFT et FT, vs. 47 CDeT). Remarquons (pie la difficulté de la construction des vers 57-58 a dû arrêter aussi le copiste de T, qui s'en est tiré en supprimant ces vers. Quant à la place de D dans la série des ms!., on manque de données probantes (voyez cependant le vers 43). Le copiste de ce ras. a aussi vu un obstacle dans les vers 5G-58, et il en a supprimé des parties.
Orthographe de A.
fxi POÉSIES DE DC DE SAI\T-Cliu:.
I Longamen ai atenduda
l lia razon avinen Don fezes chansson plazen, .Mas ancar no m'es venguda;
5 E si vuoill de la razo Qu'ieu ai far vera chanso, Ela sera mieig parlida : Chansos joiosa e marrida, Lausan del bon q'ai agut 10 E plangen car l'ai perdu t.
II Cui Dieus vol ben si l'aiuda,
I !'a mi vole ben long-amen,
Qe*m det un rie joi gauzen
De vos, c'ara ai perduda. 15 Ai Dieus, tant plazens mi fo
Lo jois e tant mi saup bo,
E tant aie avinen vida !
Mas aora m'es faillida,
Q'ieu me sent d'aul bas cazul 20 E'1 cor de tôt rie joi mit.
III De l'onor q'ai receubuda
Del vostre cors covinen
i entend uda T — l\ ancar] araors T; no m'es] non es C — 5 E] Doncs CRTb; si] sien IK.\'2KT; razo] leçon T — 6 Qu'ieu] Que KGRDb; Qu'ieu ai farj Cieu ai a far T, Qu'ai a Far G; vera] una T — 7 Doncs la farai A, Doncs tarai la 15; mieig] e meg T — 8 chansos] chanson ABDT, chanso Iil> — g ben] bel K — io car cai .V.
1 1 E cui T — i3 Que del H; un] lo K — i/| c'ara] car l>, caras RQ — t5 tant] quant IJ — 1 6 jois] giora T —
icS aora] aoras H — ig quiem (quero H, quieum N2) s. d. b. casa gut (cosegul H) [KN*R; me] mm AH, mi GT 20 Dut] mul \2, mogut H —
■22 manque 1 ; avinen \\, cauinen l> —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 5l
Ai mon cor trist e dolen,
Car vei qe-l volers vos muda 25 C'aviatz en la sazo
Oan Dieus volia mon pro.
Ai, tant mi dol la partida !
E si l'amors es fenida
Mal ai vostre cors vegut 30 E-l ben qe'i es conogut.
IV Fols cors si penssa e cuda
Que leu pretz so quel dissen
E per fol neci parven
Ai vista lai decazuda 35 Q'estava en rie resso
De valor et de faisso ;
Car cella cui foldatz guida
Cuida esser enriquida
Qand ve que siei faich menut 40 Intron en crim e en brut.
V E pois dompna es dissenduda
Per blasme de faillimen, No i a mais revenimen, C'onors de loing la saluda ;
M vos] nos RT — 26 f. mon pro D — 27 Ai] IKN2 ; tant] cum B
— 3o (je-i es] quenies D, (|uey ai G.
3i Fols cors si] Fola donna (donnas R) 1K N2PiH; si] sis TF, man- que D; e] es CRT — ?>2 pretz] pren CFT; leu p.] pus leu R; que*l] qeil F, que CR, que el A, que il D; dissen] defeu FT.
34 tal manque F; deschauzida D — 35 rasso D — 37 Quaisselha C
— 38 Penssa AB; enriquida] crecida T — 3g ve] vei AIK; que] qill F; siei] sus T; fait DF ; menutç T.
4i Tornon CF ; crim] crins D — 4i Er R — /j3 Non a DDcCR, Nai T; mais] pois IK; revegimen T — 44 *Je qu's v°l p°'s 'a refuda
i>2 POESIES J)K UC DE SAINT-CIRC.
i.) Car de justa faillizo
Troba greu dompna perdo,
Anz li cor chascus cil crida,
Et anz que torn eu oblida
Lo crims a tant corregut 50 Qu'il es tornada en refut.
VI Dompna, si -us etz irascuda
Vas mi. ges no* us mi deffen, Ni'us mi tuoill ni*us vau fugen ; Cane pois vos aie conoguda, 55 Non agui entenssio G'ab autra si ab vos no Trobes capteing ni garida ; Car vos m'etz tant abellida Oe non vuoill ses vos m'ajut 60 Dieus ni*m don joi ni salut.
VII Lai on non es conoguda
Dreitura, fai falhizo
D^', donor don nulh Lan s. C, Conors dune (?) uoill la s. ï — 45 Après ce vers N2 intercale Troba cor chascus el Crida — 40 T. d. greu p. IKN2, Trobar deu d. p. T; dans N2 ce vers et le suivant sont écrits à la marge. — 47 An KG, Ane N2; eorr C; e-il] el RK, e CD«T — 4^ torn] lôr R, corn D — 4q coregus T — 5o Ce les tornat e r. ï; Qu'il] Quel]; tomadao r. 1) —
5i si-us] siens R, se uos T; etz] ert D« — T>2 n. m. d.] no vos m. d. R, nom d. T, no nien d. D — 53 Ni men t. D; ni-us] ni F, uiuos T, ni nien D — 54 C. p. cieu v. a. e. T — 55 agui] aie pois F; inen- lensioRDcF— 50C'ab] Ab DCI M\ lin \\\ abvosjenv. R; no manque D — 57 et 58 manquent T; sont intervertis (tans K; One dautra no viielh g. \\, Ni no vuelli quein sia (si 1'') aizida CDcF — 58 Neguua dompna grazida C, Mas vus cui tdtz bos [ires guida l)<F; Car] F D; tani abellida manque I) — 5g Vogllia que s. v. ni. T, Qe ses \«'s n. v. ni. Il; Qe] M CRFDc —
(m Cette strophe manque <■; oon manque Kl' — 6a fai] ni H; l'ai l.j faill S6D T —
POÉSIES DE VC DE SAINT-CIRC. 53
Oui vai demandar razo,
E lai on blasm'om faillida 65 Degr'esser onors grazida ;
Mas eu ai tart conogut 67 So qe-m notz ni m'a nognt.
63 Ouii AD, que qi T ; vai] va R — 64 Laen blasma om follia T ; blas- m'om] blasmon IKN2 D'F ; blasmô R — 65 manque T — 66 tart] tant T — 67 Quem n. ni que m. n. R; noze T; ni] e DCF; m'a] na K.
I. J'ai longtemps attendu [qu'il me vînt] un sujet agréable sur lequel je pourrais faire une chanson plaisante, mais je n'en ai pas encore trouvé ; et si je veux faire une chanson sincère sur le sujet qui m'est propre, elle devra être mi-partie, g-aie et triste, telle que je m'y féliciterai du bien que j'ai éprouvé et m'y plaindrai de l'avoir perdu.
II. Celui à qui il veut du bien. Dieu l'aide; aussi, m'ayant longtemps voulu du bien, il m'a donné une belle et douce joie en vous, que j'ai maintenant perdue. Ah Dieu, comme cette joie me fut douce et comme elle me plaisait! Ouelle vie char- mante j'ai menée! Mais aujourd'hui c'en est fait d'elle; je me sens tombé de haut en bas et mon cœur est dépouillé de toute belle joie.
III. De l'honneur que vous m'avez fait, vous si belle, mon co'ur est triste et dolent, parce que je vois que vous avez changé le vouloir que vous aviez au temps où Dieu voulait mon avantage. Oh! comme la séparation m'est, douloureuse. Et si donc l'amour est fini, c'est pour mon malheur que je vous ai vue et que j'ai connu tout ce qu'il y a de bien en vous.
I\ . Une folle croil et pense que son prix est relevé par ce qui en réalité l'abaisse. Ht j'ai vu déchoir, par une conduite
54 POÉSIES DR OC Dl'. SAINT-CIRC.
inconsidérée, telle dame dont auparavant on louait au loin le mérite et la distinction; car celle que guide folie croit êtr« couverte de gloire quand elle voit que ses menues actions font partout grand bruit.
V. Et quand une fois une dame a perdu sa réputation poui avoir été blâmée d'une faute, il n'y a plus pour elle de remèdt car alors Honneur la salue de bien loin; c'est qu'on pardoni difficilement une véritable faute à une dame; au contraire, chacun lui court sus et la hue, et avant que le bruit s'en soit éteint, il a tant couru que la dame est tombée dans le décri.
VI. Dame, même si vous êtes irritée contre moi, je ne renonce pas à vous, je ne me sépare de vous ni ne vous fuis; car jamais depuis que je vous connus, je ne me suis donné de la peine pour trouver auprès d'une autre soutien ou refuge; car vous me plaisez tant que je ne désire pas que Dieu m'aide ni me donne joie ou bonheur, sinon par vous.
VII. Là où droiture n'est pas connue, on a tort de demander qu'on vous rende justice et [mais] la où la faute est blâmée, on devrait honorer la vertu [c'est-à-dire on devrait s'attendre à voir la vertu honorée] ; mais j'ai connu trop tard ce qui me nuit et m'a nui.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 55
XL
Bartsch, l\5-j, 35 (Cf. /J07, 11 ; /j6i, 88).
Neuf mss. (dont deux fragmentaires); A [Studj, n° 4^4), C (Mahn, Gedichte, no MCL1X), I) il" 79 il), Il (Chrest.*, p. 299; vs. 37), I (Mahn, no MCLVIII), K (fo n5 a), N2 (Archiv, CI, 378), R (fo 26 r.), T (f« 87 v.; strophe V).
Les mss. C et R sont très voisins l'un de l'autre; voyez les vers 11, 12, i4, iG, 17, 23, 27, 28, 3o, 33, 38, 39 et l\-z ; A et D vont ensem- ble au vers 20, tandis que D se rapproche de CR au vers 45, mais le pluriel a pu être introduit indépendamment; enfin, T et H ont une même leçon au vers 07. Comme IKN2 ont entre eux des rap- ports très étroits, on peut hésiter sur la leçon à adopter au vers 39, où les mss. se répartissent en trois groupes : AD, CR et IKN2T; j'ai choisi celle des premiers, parce que, d'après les variantes, il est plus probable que AD ne forment pas un seul groupe (on doit alors considérer la leçon du vs. 20 comme un changement opéré isolément dans ces deux mss.).
Orthographe de A.
I Ses dezir et ses razo —
Que non ai don sia sais — Mi ven e mon cor cm nais Us doutz volers, qcm somo 5 Q'ieu chan e fassa chansso
E qcm done solalz et alegranssa E sia gais e qcn fassa semblanssa, Qe d'alegrier ven liom en bon esper 9 E de bon' esperansa en yran plazer
2 Que] Dieu A — l\ volers] désirs A — 0 solatz dallegranssa R — 7 qe-n] que A, qem IKN'2 — m Un v. es R — 11 g. esmais] g. pantais D, gran esmay CR — 1^ iras R; esglai CR. —
56 POÉSIES DE rc. DE SAINT-CIRC.
II Vers es que longa sazo
Ai estât en grans esmais Carg-atz d'ira e d'esglais,
En gerra et en tensso
AI» cellieis que mala fo, 15 Ai, tan plazens e de bell' acoindanssa, Oe*l coi1 ni'auci la doussa remembranssa ; Mas mal mon grat, segon q'ieu falz parer, Torn lieis q'ieu plus désir en non caler.
III E si n'ai mon cor fello,
20 Ni*m plor nrm plaing' nrm n'irais
Per leis que s'amor m'estrais., Mi ni lieis non ochaiso, C'aitals ai estatz e so Que anc d'Amor non aie gran benananssa 25 Que no-m tornes en dol et en pesanssa, Ni anc nul tens non puoe gran joi aver Qe*l joi en dol no-m fezes remaner.
IV Del mieu dan feira perdo, Que no m'en clamera mais,
30 Mas al cor ai ir' e fais
i4 AbJ Per A; cellieis | selha GR; mala fo] mal anc fo A. —
i5 acoindanssa A — iG QH c. ! Quadea CR; la j sa CR. — 17 mal manque I; q'ieu] queusCR. — 18 Torn] Tron 1K, Torn (corr, Tora) N2 —
19 si] seu D (nai a été ajouté plus tard) — 20 Nin plaing nia plor A, Ni m plaing nim plorD; Nin plor nim airais nin planh R; mirais N2 — 2?> ai] say R., suj (1 — 26 Nul tens] damor A; non p. g. j. a.] nom pot nnill joi caber I ) ; puoej puec CR '7 en el R; no-m] non N-, qô II; fezes] Tesson CR —
28 Del s sieus tortz (i, l>el sien tort 11; feira | tarai A; perdo] mon pi*0 D — '2ij elaniarai A — 3o ;ii ir'ej aurai los A; ai nai (.11; 0] es D —
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC. 07
Qan vei d'una dompna pro,
Don s'alegron tuich li bo, Que pren de si de l'autrui tort venganssa Tal don sos pretz et ill torn' en erransa; 85 E pros dompna non degra dechazer Si ni son pretz per autrui far doler.
V Et ieu sui d'aital faisso
Cane vas dompna no m'atrais Beutatz ni jovens ni jais, 40 Pois fez de si a mains do ;
Que pois dona entenssio Dompna a chascun, eu non teing ad honranssa L'onor q'il fai, car ses dar esperansa Pot ben dompna que a sen e saber 45 Salvant s'onor maint amie retener.
VI Ben volria saubes per devinanssa
Cill q'ieu désir la doussa desiranssa
3i pro] co C; donap pel blô R — 33 Q. prenda li I; de si] ensi D, de se C, desse R; tort] tôt I — 34 precs C; torno en v. D — 30 ni] ne D. — 37 Et] Mas AD, Dona IH — 38 vas] mais CR; no motrais I — 3g Bruida A; jovens] valors IKN2T, faissos CR — 4o fez de si] de si f. AD — 41 Que] Et T; dona manque D — 42 D. a chascuna T, Donaîquascus CR, A ch. voill T ; eu non] no loy C, non lo R, manque T ; teinç-] tenc CR — 43 Sel l'ai car dompna caseun et sap T; fai] a C, sa R — 44 manque T — 45 mainz amis CRD, son ami A. —
La strophe VI manque dans CR. D intercale entre V et VI la
strophe suivante :
Ues lei côra calaon
Uoill que ma chanchor.s seslais
On beautat e prez verais
An en lei faita maisson
Quill uiu a bon onrat resson Na Joana on toz bos faiz senansa Tan avinen eus nollen mou mesclansa Anz los trop toz acordar dun voler El seu ries prez llialmen mantener.
46 volria] volgra D.
POÉSIES DE l't; DE SAINT-CIRC.
G' ai e mon cor del sieu gen cors vezer 49 On son complit tuich avinen plazcr.
I. Involontairement et sans cause — car je n'ai aucune rai- son d'être gai, — je sens naître en mon cœur un doux désir. qui m'incite à chanter et à taire une chanson, à me donner soûlas et allégresse, à être joyeux et à le manifester, car la belle humeur se change en espoir et l'espoir en grand plaisir.
II. Il est vrai que j'ai été longtemps en grand trouble, chargé de douleur et de tristesse, en guerre et en querelle avec celle qui, pour mon malheur, hélas! me fut si agréable et de si bel accueil que le doux souvenir que j'en garde me meurtrit le cœur; et c'est malgré moi que je fais semblant de dédaigner celle que je désire le plus.
III. Et quoique j'en aie le cœur irrité, quoique je pleure, me plaigne et me courrouce à cause de celle qui m'a enlevé son amour, je n'en accuse ni moi-même ni elle, car j'ai toujours été et suis encore tel que jamais d'Amour je n'éprouvai de sou- lagement qui ne se chang-eàt en deuil et tristesse, qu'en aucun temps je n'en pus avoir une joie qu'il ne tournât pour moi en deuil.
IV. Je lui pardonnerais mon dommage et jamais ne m'en plaindrais; mais ce qui m'irrite, ce que je ne peux supporter, c'est de voir qu'une dame de valeur, la joie de tous les boQS, se punit elle-même du tort d'un autre, de façon qu'elle en souffre, elle et sa réputation; car une noble daine ne devrait pas rabaisser elle-même et son prix pour faire souffrir autrui.
V. Quant à moi. je suis ainsi l'ait (pie jamais ni la beauté,
ni la jeunesse, ni le charme d'une dame n'ouï pu (n'attirer
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 5g
quand je l'ai vu faire don d'elle-même à plusieurs, car quand une dame se laisse aimer par chacun [de ceux-là], je ne tiens pas à honneur l'honneur qu'elle leur fait, car une dame sag-e et sensée peut retenir maints amis, sans leur donner d'espoir et en gardant son honneur.
VI. Je voudrais que celle que je désire sût deviner le doux désir que j'éprouve en mon cœur de la voir là où sont réunis tous les charmes et les plaisirs.
6(» l'OKSlKS DE VC DE SAINT-CIRC.
XII.
Bartscb, 4*>73 i5.
Six inss. (dont un fragmentaire) : A (Studj, no 45o), B (Matin, Gedichte, w LVIII), De (Ann. du Midi, XIV, 2o4; str. 4), 1 (fo i3o), K (Mahn, Gedichte, no MCXXXIX), N2 {Archiu, CI, 38o).
L'existence du groupe IKN2 est établie par plusieurs leçons. La concordance de ce groupe avec D« au vers 3i semble attester la parenté de A et B, laquelle était d'ailleurs reconnue depuis long- temps.
Orthographe de A.
I Estât ai fort long-amen
Vas lieis q'es falsa leials,
Et ai escerchatz mos mais ;
Per so n'ai près maint turmen; 5 E non qier don ni esmenda,
Ni mais no*m platz q'ien aterida
Acort ni dura merce
Ni plazer ni joi ni be ;) Que sofren a mors mi renda.
II Qu'ieu la servi finamen,
Cane mos servirs non fo sais. Ni no'il volgui esser lais, 13 Ni m'anei vas leis volven ;
.Mas autre conseil! taing prenda
.'! sofertatz IKN2; mos] mans Na ti ocrm] nO IK 7 Amors
sa d. 111. 1 — 11 min] nui M, nom .V - 1 :• OuaiU' DOlll I k Y-'
i3 Ni anei IK —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 6l
15 Tal que eu vuoill c'ora mi penda
Si mais l'obezisc en re ;
Car dreitz es en leial fe 18 C'aissi con hom compra venda.
III Mon cor li loing- e*il defen, 20 E pens oimais chascus d'aïs,
E plassa-il mos dans mortals, Oue*m plaz lo sieus eissameu, E no*i a autra contenda; E vuoill ije'il clone prevenda 25 Aital cum donava a me, E que ella l'a m jasse E q'el vas lieis si defenda.
IV Tolz hom q'en folla s'enlen En fol despen sos jornals
30 Mas a mi vai ben sivals
Car ren non qier ni n'aten
Ni mais no*m platz que s'estenda
Eu lieis merces ni dessenda,
Car qui bon conseil non cre 35 E'1 mal acuoill e rete,
Non par bon parlamen (enda.
V Per so don ill vai rizen
Torna sos safirs crislals, Que sa natura es aitals
i5 Tal ([nez IKN2, Tal queu B — 19 cors B — 22 ('.a mi mss. — 23 a] ai IKN2 — i!\ tje'îl J que IKN2 ; prebenda A — 26 Aital quela IK, Atal que la N2 — 28 sententen A — 3i Que 1; non] nol D«, noi 1KX2; non q. ren AB. — 32 no-m] non Uc — 35 c;J el De — 3o aitals] tais IKN2 —
02 POÉSIES DE 170 DE SAINT-CmC.
40 Que mal despen son joven K aura-il ops en brou menda En la tara sot/ la benda, Mas mi non taing ni cove Q'ieu diga de lieis tal re
i". Don aulra dompna-m reprenda.
VI Non vuoill mais don ni esmenda,
Acort ni dura merce, Ni mais non creza de me 49 Q'ieu per lieis al cel entenda.
49 Qu'ieu] Que A ; al] a AB.
I. J'ai été long-temps fidèle à celle qui est perfide, et j'ai recherché mon propre malheur; à cause de cela, j'ai souffert par elle maint tourment, et je ne demande d'elle ni faveur ni dédommagement, et il ne me plaît pas davantage d'attendre une réconciliation ou une merci chèrement payée, pas plus que le plaisir, les joies, le bonheur que pourrait me procurer la patience en amour.
II. Car je la servis fidèlement, bien que jamais mon servage ne m'apportât de bonheur; je ne voulus jamais la tromper et jamais je ne fus inconstant envers elle. Mais il me faut changer d'attitude, de telle sorte que je veux qu'on me pende si jamais je lui obéis en rien ; car il est équitable et de lionne justice que l'on vende comme on achète.
III. Je lui ùte et lui interdis mon cœur; que dorénavant
chacun de nous s'occupe d'autre chose, et je consens qu'elle
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 63
me souhaite les pires malheurs; car je lui en souhaite tout autant, et il n'y a désormais entre nous aucune autre rivalité ; et je souhaite que [cet autre] lui serve du même plat qu'elle m'a offert et qu'elle l'aime toujours, tandis que lui ne voudra pas d'elle.
IV. Tout homme qui est amoureux d'une folle perd folle- ment son temps. Quant à moi, j'ai du moins ce bonheur que je ne demande et n'attends [plus] rien d'elle; je ne désire même plus que Pitié la gagne et descende en son cœur, car celui qui repousse le bon conseil pour accueillir et suivre le mauvais, il ne me semble pas qu'il fasse une bonne affaire.
V. Par cette chose même dont elle se moque (ne fait aucun cas), son saphir se change en verre; car sa nature est telle qu'elle dépense follement sa jeunesse ; bientôt elle aura sur la face, sous le bandeau, une marque ignominieuse. Mais il ne me convient pas de dire à son sujet telle chose qu'une autre dame pourrait me reprocher.
VI Je ne veux plus d'elle ni faveur, ni compensation, ni réconciliation, ni pitié chèrement achetée; et qu'elle ne croie plus que pour elle je consente à gagner le ciel (c'est-à-dire à souffrir).
04 POÉSIES DE UC DE SMNï-CinC.
XIII.
Bartsch, /] T> 7 , 7.
Deux niss. : C (Mahn, Gedichte , 11° MCLIII), R (ibidem, tto MCXXXU, Savaric).
Nous prenons comme l>ase le ms. C, auquel nous avons proféré R seulement aux vers g (Cf. senkoria, vs. 22), 11, 23, 43 et bl\.
I lie fa i granda follor
Qui met en fais senhar Tôt son cor ni s'amor Ni tôt son pessamen 5 Per servir lèyalmen,
Que fais senher gualia
Tôt quan ves luy s'alray; Per que fa folh assai Qui vol sa coiupanhia, 10 Quar çreu sera qui ab fais pren companlia Qu'ai départir no*l fassa de que *s planlia.
II Per lieys qu'amada ai
0 conosc e 0 sa\ Que fais senher dechay 15 Ades son servidor,
E'1 dona de que plor, Ira e Irebal e tanha
a senhor manque II — 7 luy] el R — g senhoria C — 10 pren e.] s'acompanha II — • 11 Quant del partir C — 12 P. I. quieu adamay 11
— Entre 1// et l5 R répète le VS, 7 (luy au tien de el) — 1 ."> E pietz R —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 65
E dolor e turmen
E pena e marrimen ; 20 Per que no- m plai remanha
Jamais mos cors en sa falsa baylia, Ni ja Dieus mais no-m do sa senhoria.
Del fais g-ualiamen
Que m'a fait lonjamen 25 Mi don Dieus venjamen
De drut fais e savay,
Qu'aya tal cum s'eschai ;
Et aura*l de sa guia ,
Ab cor gnaliador, 30 Que ja no-lh port honor;
Ane prec Dieu que l'aucia, Quar a falsa mi par fais amicx tanha E qui mal quier que ja mais no*l sofranha.
Si tôt mi det dolor, 35 Mal e trebal e plor,
Amors m'a dat alhor
Onrat entendemen
De belh cors g-ay plazen ;
Per que mos cors s'estranha 40 De la falsa de lay ;
Pero ardit non ay
Que mos cors li complanha
20 remanha] ques tenha R — 22 Ni jamais D. R — 23 De C — if\ falsamen R — 26 Que R — 27 Ay aital R ; Peschai R — 3i Dieus R — 82 Cane se a fais amia mi p. f. a. t. R — 33 mal R — 35 manque #_ R — 3q Depuis sestranha j usqu'au vers .js (li) manque R — 42 li] siR —
6fi POÉSIES DE VC 1>K SAINT-CmC.
Lo gran dezir qu'ieu n'ay la nueg ed dia; Tal paor ai que*n perdes sa paria.
V 45 Mas ja non la perdray,
Que ja tan quan viuray
D'aïs non la pregaray,
Quel pretz e la valor
E sa grand a ricor 50 E sa guaya cundia
E-l belh aculhimen
Prendre i a chauzimen;
E ren aïs nodh querria, Quar assatz a on sa dolor refranha 55 Qui son solatz guay e cortes guazanha.
VI Vesconlessa be*m play De Benauen, car jay
C'om pros no*us ve non dia, Que non es bes c'a pros dona s'atanha GO Que sia mens de vos ni que-us sofranha.
43 Lo grans d. G, Nil gran dezirs R ; n'ay la] n ay per lieys la C — 52 prendia C; le vers manque R — 53 Que res R; nodh] non R — 54 valor C — 55 Qui en s. iay ni cortes pretz g-. R — 56 Cette stro- phe manque dans C — 57 jay] corr. say (?).
I. Celui-là l'ait bien une grande folie qui place tout son cœur, son amour et toutes ses pensées en mi seigneur perfide, afin de le servir loyalement; car un seigneur perfide trompe quiconque s'attache à lui ; ;mssi est-ce une toile entreprise que
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 67
e chercher sa compagnie, car lorsqu'on s'associe à un fourbe, y a gros à parier qu'au moment de la séparation, il vous onnera des sujets de plainte.
II. Par celle que j'ai aimée, je connais et je sais qu'un sei- neur déloyal .rabaisse toujours son serviteur et lui donne des îotifs de larmes, de la colère, du trouble, de l'inquiétude, de l douleur, des tourments, de la peine et de la tristesse ; voilà ourquoi je ne veux pas rester au pouvoir de cette perfide, et )uhaite que jamais Dieu ne m'inflige sa seigneurie.
III. Puisse Dieu me venger des perfidies et des trahisons dont le a longtemps usé envers moi, en lui donnant un amoureux Uoyal et méchant, tel qu'elle le mérite; et ainsi elle en aura 1 qui lui ressemblera avec un cœur perfide, incapable de lui ire honneur; je prie môme Dieu de la tuer [par ce moyen ?], r il me semble qu'à fausse dame convient faux ami et que n cherche le mal doit trouver le mal .
IV. Mais s'il m'a causé de la douleur, du mal, du trouble et >s pleurs, Amour m'a donné ailleurs une affection qui m'ho- >re, celle d'une dame belle, gaie et agréable; c'est pourquoi
me détourne de la fausse de là-bas. Mais je n'ose lui avouer celle que j'aime] le grand désir que j'ai d'elle nuit et jour; llement j'ai peur de perdre par là sa compagnie.
V. Mais je ne la perdrai pas, car tant que je vivrai je ne i demanderai pas autre chose; car son prix, son mérite,
grande noblesse, sa grâce enjouée et ses belles façons lui spireront la pitié; et je ne lui demanderais pas autre chose, r celui qui jouit de sa compagnie gaie et courtoise a de quoi consoler.
VI. Vicomtesse de Benauges , je vous honore, car je sais ie (?) nul homme d'honneur ne peut vous voir sans dire qu'il y a pas de vertu qui convienne à une dame que vous n'ayez qui vous fasse défaut.
t')S POÉSIES DE UC DE SA1NT-C1RC.
XIV.
Bartsch, 457, 4.
Six mss. (dont un fragmentaire) : A (Archiv, XXXIV, 17F); Malin, Gedichte, a» MCXLVII; Studj, no 455); I (Mahn, Gedichte] no CCCX); K (fo 114 d); N2 (Archio, CI, 378), D (fo 80), P (Archiv, XL, a58; 1er cou[)let).
Orthographe de A.
I Ane mais non vi temps ni sazo
Ni nuoich ni jorn ni an ni mes Que tant cum er fai mi plagues, Ni on tant fezes de mon pro ; 5 Car sui estortz a mal' amor On Merces valer no- m podia, E sui tornatz lai on dévia, On trob franqesa et honor E leial cor d'una color.
II 10 E pois mi donz m'a faich perdo Ni mi a pladeiat Merces, Si jamais fatz ren q'a lieis pes, Ja puois Merces no mi razo ; E s'ieu anc jorn amei aillor, 15 No m'es greu, ni a lieis non sia, Qer l'am|mil tans qu'ieu non solia,
1 mais manque dans A, a été ajouté postérieurement dans l> — 2 Ni conog ni j. ni an mes P — 3 er] e P — 4 *e/t's li,lU l) "~ (i no'm podia] non poria P — 7 lai] sai D; deuria 1>P — 8 trob] trobar P; et] ni (exponctaè) »-t N» - u Ni] No D; mi a] ma I — i2Si]Sieu IKN8 — 16 qu'iea] que A ; aolia] sabia 1K —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 69
Que lai apresi quai follor
Fai qui*s part de son bon seignor.
III Ben sai que ges dignes non so 20 S'ieu mil tans de mal n'agues près
Que non ai et totz temps agues Faich a mi donz qe*il saubes bo, O'ela-m perdones sa clamor; Mas hom forfaitz, qan s'omelia, 25 Deu trobar merce, si-s chaslia, Que li peneden pechador An sus el cel lo joi maior.
IV Ges no-il puosc rendre guizerdo Dels jois ni dels gaugz ni dels bes
30 Que mi donz m'a faitz e promes,
Mais d'aitan, de sai on eu so,
Soplei, lai on es, et ador,
E puois recort mil vetz lo dia
Sos digz, sos faitz, sa cortesia
35 E*ls huoills clars qu'a plens de doussor, Qe-m tiron doussamen vas lor.
V E si tôt l'altra falsa fo
Ni failli vas mi ni mespres, D'aqesta non cre q'o fezes ;
■■] quai] a été exponctuè et corrigé par une mitre main en que cran dans D — 18 Fui D — 19 Les str. III el IV sont interverties tans A — 20 S'ieu] Se D; mais IKN2 — 21 Que] Qeu D — 26 Quill i p. et p. D — 27 AnJ Tan D; lo] al D — 3o e] ni IKN2 — 3i sai | •hai IK.\'2 ; on] eu on D — 34 Entre ditçz et sos D a un e exponctuè
— 35 qu'ai ques IKN2 (dans I) la leçon est indistincte; probable vent aussi ques) — 36 tiron] traun (?) D — 3/ falsa] fais am IKN2
— 39 cre manque N2 —
70 i'oi:sn;s i>k m: uk saintvCIRC.
40 Mas car sai c'oni tant la sonio D'amar, eu mVn don gran temor C'ani aillors e*n ai jelosia ; ( !ar cel qui ten en sa baillia Castel a maing demandador
15 Del perdre deu aver paor.
VI Chanssos, enans que ans aillor,
A N'Azalais d'Autier ten via, O'ieu voill que sapcha de cal guia M'estai ni cum me vai d'amor, 50 Ni cum eu sui partitz d'error.
4i m'en] me IKN2 — l\i G'am] Car A ; en] gen D — /j8 que 8.] et ill s. D — 49 ni] ne D, e A — 5o Ni] E A.
I. Jamais je ne vis temps ni saison, ni nuit ni jour, ni année ni mois qui me plût autant que le moment où nous sommes, ni où j'aie fait un pareil profit; car j'ai échappé à un amoui mauvais, où Merci ne pouvait rien pour moi et je suis revenu là où il fallait, là où je trouve loyauté et honneur, cœur fidèle et constant.
II. Et puisque ma dame m'a pardonné et que Pitié a gagd ma cause, je veux que Pitié oe me défende plus si jamais je fais une chose qui lui est désagréable; et si j'en ai quelque
temps aimé une autre, je ne le regrette pas et elle ne doit pa non plus le regretter, car je l'aime mille lois autant qu'aupa- ravant, parce que là-bas j'ai compris combien est fou celui qui quitte son bon seigneur.
POÉSIES DE VC DE SAINT-CIRC. Jl
III. Je sais bien que, quand même j'aurais souffert mille fois plus que je n'ai fait et quand même j'aurais toujours fait à ma dame ce qui lui est agréable, je ne suis pas digne qu'elle oublie ses griefs envers moi; mais un criminel, quand il s'humilie, doit trouver grâce, s'il se corrige, car les pécheurs repentants ont là-haut, au ciel, la plus grande joie.
IV. Il m'est impossible de rémunérer les joies et les jouis- sances et les bonheurs que ma dame m'a donnés et promis, mais du moins d'ici où je suis, je la révère et je l'adore là où elle est, et puis je me rappelle mille fois par jour ce qu'elle dit, ce qu'elle fait, sa courtoisie et les yeux clairs, qu'elle a pleins de douceur, qui m'attirent doucement vers eux.
V. Et bien que l'autre m'ait trompé et ait failli envers moi et m'ait fait du mal, je ne crois pas que celle-ci en agirait ainsi ; mais comme je sais qu'on la prie souvent d'amour, j'éprouve une grande crainte qu'elle n'aime ailleurs, et cela me rend jaloux; car celui qui a en sa possession un château sollicité de toutes parts doit avoir grand'peur de le perdre.
VI. Chanson, avant d'aller ailleurs, rends-toi chez Azalaïs d'Autier, car je veux qu'elle sache comment je me trouve et où j'en suis en amour et comment je suis sorti d'erreur.
POESIES l>K l'C, l>K SAINT-CIRC.»
XV.
Bartschj /| r> y , 12.
Huit niss. (dont deux Fragmentaires) : A (Sttudj, n° 4-r>3), G Comte de Poitiers, reg. Prebosl de Valensa, Mahn, Gedichie, noCLXXIII),
I * ('" 70 '■)•> Dc. seulemenl lastrophe IV, A/m. tfa .)//>//, XIV, 2o3),
II (seulement la s(r. VI), l (f° rag), K (fo n5 h), N? (.l/W/., CI, 379). Imprimé Lex. roman, I, 32i, d'après C.
IKN8 oui ane Faute commune au vers 55. 1KN-D vont ensemble aux vers 34, 4y- Au vers 29 il y a eu probablement une syllabe en moins dans la source commune de tous les mss. Voyez la note à ce vers. Orthographe de A.
1 Enaissi cura son plus car Oe non solon miei cossir E plus onrat miei désir, Dei plus plazen chansson far;
5 E s'ieu tant plazen chansso
Falz cura ai plazen razo, Ben er ma chaussos plazens Et gaia et aviuens ; Qe-il dïg e il faich e*il ris e-il bel semblan 10 Son avinen de vos per cui eu chan.
II Per qe-m dei ben esforssar
Ab lauzar et ab bendir De vostre rfc pretz grazir, E dei Amor merceiar 15 Car de me vos a t'ait do;
2 cossir] chantar A — 4 Del l>; plazens chansos C 6 Fan M g cil ris manque A — 12 bendir] servirC - [5 a] ai A.
POESIES DE VC DE SAINT- CIRC.
Car be*m rent rie guizerdo Dels greus durs maltraitz cozens, E*Is doutz plazens pessamens O'ieu ai de vos, cui am e voill e blan 20 ' E fuich e sec e désir e soan.
III Sens vos me fai soanar Que no m'en moslra jauzir ; Azautz m'en fai abellir, Dompna, e*us mi fai desirar;
25 E sec vos car m'es lan bo
Oan remir vostra faisso; E-us fuig pel brui de las gens, E'us blan car etz tant valens, E*us voill cum etz per servir derenan,
30 E*us am car vei c'a mon cor plazetz tan.
IV S'ieu volia ben lauzar Vostra valor ses mentir E l'honrar et l'acuillir E'1 vostre avinen parlar
35 E las beutalz qu'en vos so
E'ill beill si e-il plazen no E*ls ries gais captenemens, Ben sabria'l meins sabens
16 Que C — 18 E dels p. p. C — 19 cui am e v.] quem uoil I; voill] serf D — 21 Sens mi fai vos C — 22 mostra a iauzir IKD — 23 Ahanz D — 24 D. vos me fai d. IK, D. em f. vos d. C — 25 E ses 1K ; m'es] me D — 27 Eu fuigFC; pel o b. K; del 1. g. I — 28 valens] enan D — 29 manque dans D; Eus v. eus col per sufrir d. C, Eus v. cum (e cum A) per s. d. AIKN2 — 3i Siens A — 32 valor] lauzor C — 33 Et h. et a. A — 34 Lo v. A, E v. IKWD — 36 El bel sen C, Ni beil si A, El bel si Dc; e-il p. n. ] e p. n. De — 37 chatine- mens K — 38 sabrials D —
7/j POÉSIES DE VC Dl. SAINT-CIRC.
Cals elz ; per q'ieu non vos voill lauzar Lan •iO Cum mostra vers ni cum ai en talan.
«
V Ges no in'ausi conssirar Que vos prêt-, ni vos aus dir Cum m'en fait/, languen morir, Ni no* m voill desesperar,
45 Q'en la vostr' entenssio
Sui ries, pois ai sospeisso C'Amors qe#lz ries autz cors vens Mi puosca aitant leumens De vos donar so que eu vos deman
50 Cum mi per vos far morir desiran.
VI Bella dompna, ges no*m par Corn deia mais obezir Autra dompna, ni servir
En dreich d'amor ni honrar;
55 Et a ben plazen sazo
Cel qu' es en voslra preiso, Oe-1 vostr' omils francs par vens Fai dels cors mortz vius gauzens E*il mal que dalz son ben e pro li dan
60 E Tira jois e repaus li affan.
39 non vos v.] nous uuelh ges C; per q. nonj p. qeu no pos 110 De; non vos] nos D — /Jo mostra] mostral A — 4> Ges] Neis C - Q. vos] Q. iaus C, Qu'ieu vos lk.V ; ni vos] dîus 1) — 43 Si 0. F. jauzen m. C; m'en] me IKN2 — 45 Qc D — /17 qe'ls] qes H — 48 aisi K — 4'.) De vos donar] Donar breumens A; que eu vos) (jue pu li C, qu'ieu de vos IKN2D — 5o Fin iz;niu; entier quais nolh van demandan C; Cum] Gfar D — 53 A. de! mon non s. C. 55 Et ah p. s. IK.V - ut) qu'es] (|nis A — 58 F. d. 0. irai/ g. A ; iauzens IK — 5g Els mais «] ne 11 1 d. ( '. ; que | qell I > : son j es 11 —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. ^5
VII Na Salvatga, moût es gens
Vostre bel comenssamens, Oe*il dig son gai e li faich benestan E-l cors plazens e d'avinen semblan.
61 La strophe VU manque dans D ; es] mes C — 62 V. ricxs cap- tenemens C — 63 Quel dig el fag son g. e b. C — 64 El vostre cors daquelh mezeys s. C.
I. Mes aspirations étant plus nobles que de coutume et plus haut placés mes désirs, il est juste que je fasse une chanson plus charmante; et si je fais une chanson aussi charmante que charmant en est le sujet, vraiment charmante sera ma chanson, et gaie et gracieuse, car toutes gracieuses sont vos paroles et vos actions, votre sourire et vos belles façons, ô dame pour qui je chante.
II. Voilà pourquoi je dois bien m'efforcer de glorifier votre haute valeur par mes louanges et mes éloges et remercier Amour de vous avoir fait don de ma personne : car il me donne une magnifique compensation des lourdes, rudes et cuisantes douleurs [d'antan] dans les douces et charmantes pensées qui me viennent de vous, que j'aime, veux et loue, que je fuis et poursuis, que je désire et néglige.
III. La raison me fait vous négliger, car elle ne me montre là aucune jouissance [possible]; mais votre grâce fait qu'en vous aimer je prends plaisir et elle me force à vous désirer; je vous poursuis, tellement il m'est doux d'admirer votre beauté; je vous fuis à cause des mauvais propos des gens; je vous loue à cause de l'excellence de vos mérites; je vous veux telle que vous ôtes(?) pour vous servir dorénavant, et je vous aime parce que je vois que vous plaisez tant à mon cœur.
■yf) POÉSIES DF. UC 1>E SAINT-CIRC.
l\r. Si je voulais louer comme il convient, sans mentir, votre valeur, votre façon d'honorer et d'accueillir, vos paroles courtoises, les beautés qui sont en vous, vos beaux oui et vos charmants non, vos nobles et gracieuses manières, le plus ignorant saurait bien qui vous êtes; c'est pourquoi je ne veux pas vous louer autant que m'y invite la justice, ni autant que je le voudrais.
V. Je n'ose ni songer à vous prier, ni vous dire comment vous me faites mourir de langueur; et je ne veux pas me déses- pérer, car, rien qu'en aspirant à vous je suis riche; puis j'ai l'espoir qu'Amour, qui triomphe des cœurs nobles et haut pla- cés, pourra me donner aussi facilement ce que j'attends de vous qu'il peut me faire mourir en vous désirant.
VI. Belle dame, il ne me semble pas qu'on doive jamais courtiser une autre dame, ni lui rendre le service et l'honneur d'amour : il passe agréablement son temps, celui qui est dans votre prison, car vos façons condescendantes et nobles rendent aux cœurs morts la vie et la joie; les maux qui viennent de vous sont des biens, les dommages des profits, la tristesse une joie et les angoisses un soulagement.
Vil. Dame Salvaja, il est très gracieux votre noble début, car vos paroles sont agréables, vos actions accomplies, toute votre personne plaisante et charmante à voir.
II
SIRVENTES ET COBLAS
PIÈCES DE CIRCONSTANCE
(satiriques, laudatives, morales.)
XVI.
Bartsch, 407, 19.
Mss. H {Studj, V, 207; Archiv, XXXIV, 409).
I Ma dompna cuit fasa sen
S'ella torn' a la roca, Qe sa valors va cazen
E l'avols bruiz descroca 5 Q'ill vai tôt bon prez tolen,
Per q'ill trop soven broca, Ne ges no voill dir comen ; Mas lo critz aisi floca 9 Qe d'onor la desroca.
II Per qe die q'eu voill oimais
Q'ill faza so q'ill plaia, Qe de Ici amar mi lais,
Ni ja nuills temps no aia
-yR POÉSIES DE UO DE SAINT-CIRO.
14 Consir c'ab negus essais A lei servir m'atraia; Qcll vei far de lais eslais Coins no es qe non braia,
18 Ne ill no s'en csinaia.
III Mas se de rausel biais
Vol qe bes lei escliaia, 21 Tenga-1 si q'el no çaia.
i6 de] des.
I. Je crois que ma dame ferait sagement de revenir au rouet, car son prix va baissant et des bruits fâcheux sont décochés qui lui enlèvent tout ce qu'elle pouvait valoir ; c'est qu'elle pique (?) trop souvent; comment, je ne veux pas le dire; mais c'est une réputation qu'on lui fait et qui la précipite du haut de son honneur.
II. C'est pourquoi je dis que dorénavant je consens qu'elle fasse ce qui lui plaît, car je renonce à l'aimer; et que jamais elle ne s'imagine que, de quelque façon que ce soit, je m'ap- plique encore à la servir; car je lui vois faire de tels bonds qu'il n'est personne qui n'en jette les hauts cris : quant à elle, elle ne s'en soucie point.
III. Mais si elle veut que d'un roseau tortu quelque bien lui arrive, qu'elle le tienne au moins de façon qu'il (qu'elle?) ne tombe pas.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 79
XVII.
Bartsch, 457, 3g.
Deux mss. : De (Ann. du Midi, XIV, 204), J no 82 [Rio. di fil. rom.
I, 42). Texte de J.
1 Totz fis amicx ha gran deszaventura Can de si dons malas novas apren ; Assatz ai dig asz orne conoissen. Pero non fauc per mi mezeis rancura ;
5 Mas qui onra outra meszura
Home qu'a onrar non fezes Per failhimen deu esser près.
II Dompna volgr'ieu que esgardes drechura
[E] qu'esgardes qui I'ama finamen 10 E qu'esgardes qucilh notz ni Testai gen E qu'esg-ardes qirilli val ni la pejura Ni per que bos pretz li dura E qu'esgardes que no fezes U Faitz c'om raszonar non pogues.
2 Can] Qui De — 4 per mi] de mi De — 7 esser près] e. repres Dc — 9 Ez esgardes Dc — 9 nnamein De — 10 Ez esgardes De — 1 1 Ez esgardes Dc; val] notz J — i3 Ez esgardes Dc.
I. C'est une grande infortune pour un amant fidèle d'en- tendre des propos fâcheux au sujet dc sa dame ; j'en ai dit assez pour les bons entendeurs. Pourtant ce n'est pas pour me
80 POÉSIES DE UC DE SA1NT-GIRC.
plaindre que je le dis ; [je dis seulement nue] celui qui honore outre mesure un homme qui n'en est pus digne, doit être blâmé comme coupable.
II. Je désirerais qu'une dame considérât la droiture et qu'elle considérât qui l'aime fidèlement, et qu'elle tâchât de savoir ce qui lui nuit et ce qui lui sied, et qu'elle se demandât ce qui l'honore et ce qui la ravale, et par quoi elle peut con- server une bonne réputation, et qu'elle eût soin de ne point faire des choses qu'on ne puisse pas excuser.
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC.
XVIII.
Bartsch, 457, 22.
Quatre mss. : Da (Ars. 3og fo 364; Modène, fo 175); I (Mann, Ged., no DCXCIV); K (fo n4 d); Q (fo 38 v.. ire strophe; fo 40 v., 26 strophe et envoi).
Orthographe de I.
I Na Maria de Mons es plasentera,,
Francha et humil e d'avinen senblansa, E fa honor et acuoill volontera Los bos e lor mostra bell' acoindansa, 5 E sos cors es joves e bels e bos,
E'ill dich e*ill faich e-ill senblan amorcs : Per que li voill de ben dir far honransa.
II E pois Dieus l'a mes en ailal carera
O'en sa valor avem tuich esperansa, 10 Prec la qe port tan dreita sa seingnera O'a sos amies non don dol ni pezansa; Que pos vira ni chai nuill gonfanos, No tem hom pois lui ni sos conpaing-nos, E'ill enemic donon se*n alegransa
ill 15 Na Maria, vejatz ab quais rasos Ni ab quai sen se fai amar als bos Na Donela ni-s fai creisser s'onranza.
1 N. M. es g-enta e p. D<iQ — 2 Le premier e manque 0 — 7 P. . lunes Q — 8 E p. de dieus I ; E p. deu la niessa eo tal c. Q —
Gen s. v. I)a; Que la valor aven tuich iç e. Q — 10 serrera Q — 2 nuls Q — i3 ten Q — 17 Na Maria Q; N. donnes ains (am) fui
s. Da.
82 POÉSIES DE UC DE SAINT- CIRC.
I. Dame Mario de Mons est agréable, loyale et modeste; elle a des façons charmantes et honore et accueille volontiers les bons et leur montre de l'amitié; elle est jeune et belle et bonne, et ses paroles et ses actes et ses manières sont char- mants; c'est pourquoi je veux l'honorer en la louant.
II. Et puisque Dieu l'a faite telle que nous mettons tous notre espoir en sa valeur, je la prie de porter haute sa ban- nière, de façon à ne pas attrister ses amis; car quand une fois quelqu'un laisse reculer ou abaisser son drapeau, on ne le craint plus, ni lui ni ses compagnons, et ses ennemis s'en réjouissent.
III. Dame Marie, voyez par quels moyens et par quelle sagesse dame Donella se fait aimer des bons et accroît l'hon- neur où on la tient.
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC.
83
XIX.
Jartsch, 457, 38.
'rois mss. : I (fo 197 c; Mahn, Gedichte, n°MCLXI); K (fo i83 a); d. Imprimé dans Merkel, Manfrédi I e Manfredi II Lancia (Turin, 1886), p. i45.
>rthographe de K.
I Tant es de paubra acoindansa
E de chaitiva semblansa
Lo Maifres Lanssa c'om clama marques, 5 Que qui-1 ve pert benanansa E cobra enui e pesansa,
Quar non es El seu cors neguna res Don hom aia esperansa 10 Que-n traga nulla alegransa, E sa fes Non es ferma ses fermansa.
II Mal acoill e parla e sona
E mal manja e beu e dona 15 E mal viu
E fai croi senblan chaitiu, Et ab neguna gent bona No s'atrai ni no s'adona, £t esquiu 2u Lo trobaretz e pensiu ;
84 POÉSIES DE 'CC DE SÀINT-CmC.
E cel que ve sa persona E la garda e la faissona,
Ni s' i pliu, Tôt son afar desazona.
III 25 Sa gens vai descausa e nuda
Mal abeurada e paguda Sospiran
E Dieu e lui renegan;
Et en sa cort descazuda 30 Non trob'om solatz ni bruda ; Joi ni chan
No*i veirez ni bel semblan
Ni socors ni bell' ajuda,
Et el estai longa muda 35 En penssan
Ab cor eau, flac com cocuda.
IV Ab nuilla bona compaingna No s'atrai ni s'acompaingna ;
Rofians 40 I trobarelz e putans,
Car g es de lor non s'estraingna Ni l'es lor paria estraingna.
De mais gratis Non pot issir niai bos pans, 45 E fai malvaza gazaingna Cel que s'ainislat gazaingna :
\ ils e vans Es e de croia Itargaingna.
3o briuda 1K — ■ /|8 Iv omet e,
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 85
V Milanes feiron folatge
50 E lor anta e lor damnatge Que de lor Ane volgren faire seingnor Home de chaitiu coralge ; Be mal sembla de parage, 55 Que l'amor
No vol aver ni onor, Ni bels dilz ni bel estage No-ill donon nuill alegrage Ni dousor, 60 Anz li son fer e salvage.
I. Il est de si fâcheuse compagnie et de si chétif aspect, ce Matfré Lanza qu'on appelle marquis, que quiconque le voit perd toute joie et devient morose et triste, car il n'y a en sa personne rien qui puisse faire espérer qu'on tirera de lui quelque agrément et à sa parole on ne peut se fier sans garantie.
II. Désagréable est son accueil, déplaisante sa voix; il mange, boit et donne sans grâce ; il vit misérablement et vous fait triste et mauvaise mine ; il n'attire à lui et ne fré- quente aucun homme de bien ; toujours vous le trouverez farouche et pensif ; celui qui voit et regarde sa personne ou qui se l'imagine, ou se fie à lui, gâte toute son affaire.
III. Ses gens vont nu-pieds et déguenillés, mal abreuvés et mal payés, soupirant, reniant Dieu et lui-même; dans sa "ûteuse cour vous n'entendrez nul joyeux bruit, ni joie ni ;hant; vous n'y trouverez ni bon visage, ni secours ni aide
86 POÉSIES DE UG DE SAINT-GIIU;.
propice; il reste de longues heures pensif, le cœur vide, flas- que comme une primevère [fanée].
IV. Il n'attire à lui et il ne fréquente aucune bonne société; des rufians et des femmes de mauvaise vie, voilà ce que près de lui vous trouverez, car de ceux-là jamais il ne se sépare et leur compagnie lui est chère : de mauvais grain ne peut sortir bon pain; il fait un triste bénéfice, celui qui gagne l'amitié de cet homme vil et vain et de pitoyable commerce.
V. Les Milanais ont fait une folie, ils ont consommé leur honte et leur dommage en voulant faire leur seigneur de cet homme au cœur misérable ; on voit bien qu'il est d'une triste lignée, puisqu'il repousse l'amour et l'honneur, que les belles paroles, les agréables façons ne lui procurent ni joie ni dou- ceur, mais au contraire lui sont fâcheuses et pénibles.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC 87
XX.
Bartsch, 457, 8.
Deux mss. : a' (p. a83); T (fo 86, Mahn, Ged., MCLIV).
Orthographe de a'.
I Chanzos q'es leus per entendre Et avinenz per chantar,
Tal qu'om non puescha reprendre Los motz ni'l chant esmendar, 5 Et a douz e gai lo son E es de bella razon Ed avinen per condar, Mi plai e la voil lauzar A qi la blasm' e défendre.
II 10 E aicel qe vol reprendre
Nesun hom del seu trobar, Deu premièrement aprendre Com el puesca razonar Per dreig- zo qe-n vol razo, 15 E se#l tortz es sieus o no, Si qu'el s'en puesca salvar ; Mas no*s fai a chastiar Hom fols ne ab lui contendre.
1 Qe leu T — 3 E no pot om los mutz mesprendre T — 4 Ni de nula re remendar T. — 5 Et a] Ca T; son] sos T — 6 E de bêlas rai- sons T — 7 E plaisentz per cantar T — 9 E ci lam blasma d. T — io E cel qe vol de m. a'; E] Car T; mesprendre a' — ii Nesun] Blasmar hom a' — 12 Deu gardar lioc e atendreT — i!\ P.d. la sua raisons T — i5 Cura Doil torn sun oc e nos T — 16 E puosca sun ditz saurar T — 17 E no l'ai a c. T — 18 Fol oms ni T —
88 POÉSIES DE UG P-E SAINT-GIRC.
III Savis lioin qe vol emprendre 20 Null grant faig ni comenzar,
Deu primeiramen atendre Entro que#l veia per clàr S'el fai sen o faillizo ; Oe fols es qi mou tenzo 25 E non puesca guerreiar, Don li convengn' ad anar Per forza s'a merce rendre.
IV Huei mais n'er ma dolors mendre, Car aug- caser e baisar
30 L'orguoyll e*l poder deiscendre D'En Aiselin e mermar, E tut li sieu dan mi so Legretatz mais ce miei pro E-l siei gioi mi fan plurar
35 E'1 siei enuoi alegrar E di bes lo cor atendre.
V Mal l'an fait son temps despendre
Li lag faig que'il a faig far : Donnas ardre e enfanz prendre 40 E piuzellas espadar
20 Un g. f. a c. T — 21 Deu gardar Hoc e atendre (Cf. vs. 12) T — 22 Tro cel v. T —
24 Car f. es sel ce T — 25 Ai lai ni vol. g. T — 2G On lo c. amar T; convengua a' — Les strophes j et ~> sont interverties iluns a' ; le sens indique '/ne l'ordre de T est le bon. Dons a' il n'y a de la strophe 4 '/'"' le /''' vers, </i/i est su/ri de l'indication lin helyas de barjols. Les vers gui manquent dans a' sont donnés d'après T. — 32 dans nii sons T — 33 ce li inifi pros T — 3."> Ela cnuoi a. T— 37 M. a Paît a' — 38 lag] laotz I'; a] ban ;•' — 39 1>. a. enfanz p. a'; barons pendre T —
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 89
E main ta religio Metr' a fuoc et a carbo Don arz so crotz et altar. Hai, Deus, coin podelz estar 45 D'aitals fais venjanza prendre?
VI Se Dieu e breu de saisos
De lui non prent vengiasons, Mantas giens fara lagnar De si e fara cudar 50 Cil lo voylla en gratz prendre.
4i E mantas retenions T — 42 Mes T; carbons T — 43 Don las crotz sons ars e li a. T — 44 Donc con pot dieu tant estar T — 45 Tant de lui v. p. T — 5o Cil voylla li laitz faitz en g. p. T.
I. Une chanson facile à comprendre et agréable à chanter, telle qu'on ne puisse ni en blâmer les paroles ni en améliorer la mélodie, et qui soit faite sur un air doux et gai, de sujet plaisant et agréable à dire, — voilà la chanson que j'aime et que je veux louer et défendre contre ceux qui la blâment.
II. Celui qui veut critiquer quelqu'un au sujet de ses vers, doit d'abord apprendre à défendre par de bons arguments ce que veut la raison et ^se demander] si le tort est de son côté ou non, de façon qu'il puisse justifier son opinion ; mais il est inutile de conseiller un fou et de discuter avec lui.
III. Un sage qui veut entreprendre ou commencer quelque grande action, doit d'abord attendre qu'il voie clairement s'il fait une chose raisonnable ou une folie ; car celui-là est fou
go POESIES i>i i»; DE SAINT-CIRC.
qui se lance dans une querelle sans chances de succès, de façon que force lui sera d'aller se rendre à merci.
IV Désormais, ma douleur sera moindre, puisque j'ap- prends que l'outrecuidance du seigneur Ezzelin est humiliée et rabattue, et que son pouvoir diminue et baisse; tous ses revers sont pour moi des joies plus que mes propres avanta- ges, ses joies me font pleurer et ses ennuis me réjouissent et me gonflent le cœur d'allégresse.
V. Les crimes qu'il a fait commettre lui ont fait mal dépen- ser son temps : brûler des femmes, faire prisonniers des enfants, massacrer des jeunes filles, incendier et réduire en cendres maints couvents, dont les croix et les autels ont été brûlés : ô Dieu, comment pouvez-vous tarder à prendre ven- geance d'êtres si pervers?
VI. Si Dieu ne prend pas bientôt vengeance d'Ezzelin, il fera que bien des gens se plaindront de lui, et il fera croire qu'il le voit d'un œil favorable.
POESIES DE UC DE SAINT-CIRC. gi
XXI.
Bartsch, 4^7, 5.
Mss. : Da (fo 210 b). Imprimé dans Witthoeft, Surventes joglaresc, p. 73 n.
I Antan fez coblas d'una bordeliera
Ser Aimerics e s'en det alegranza, Et aras auch q'en una lavandiera A mes son cor e Iota sa esperanza ; 5 Q'aissi s'aven d'orne q'es trop dios, Qe sos affars torna de sus en jos Quant veillesa lo rom ni desbalanza.
II Ja toseta no'il er mais lausengïera
Ni no*ill dira lausengas ni honranza;
10 Et si o fai, fara o per nessiera
Qu'aura en si, e per grant malananza; E faill li ben pans, vins, sez e maisos A leis, s'ab si lo colga ni*s met jos
14 Ni abracha sa fronzida pel ranza.
i. Witthoeft corrige e/i a. c. f, — n Qautra en si ms — i3 Ab leis cab ms.
I. Messire Aimeric fit autrefois des couplets au sujet (en l'honneur) d'une femme de rien et mena avec elle joyeuse vie ; et maintenant j'entends dire qu'il a donné son cœur à une lavandière et mis en elle tout son espoir ; voilà ce qui arrive
92 POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC.
[ordinairement] au vieillard : toutes ses affaires vont de mal en pis quand l'âge l'a brisé et mis à plat.
II. Jamais jeune femme ne lui fera grand accueil et ne lui dira de douces et flatteuses paroles; et si elle le fait, ce sera pressée par le besoin et la détresse, et il faut qu'elle soit bien à court de pain et de vin, qu'elle se trouve sans feu ni lieu pour le coucher avec elle... et baiser sa vieille peau ridée et rancie.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CI RC. 9 3
XXII.
Bartsch, 457, 21.
Deux ms9. : C (fo 227 r.); R (fo q5 r.). Imprimé, d'après C, dans Raynouard, Choix, IV, 288, et, d'après cette édition, dans Mahn, Werke, II, i5o; d'après les deux mss. dans Witthoeft, Sir ventes joglaresc, p. 55.
Graphie de C.
I Messonget, un sirventes M'as quist et donar lo t'ai Al plus tost que ieu poyrai El son d'En Arnaut Plagues;
5 Qu' autr' aver no*t donaria, Que non l'ai, ni, si l'a via, Non t'en séria amies, Que s'era de mil marex ricx, D'un denier no t'en valria.
II 10 Qu'en tu non es nulla res
De so qu'a joglar s'eschai, Que tos chans no val ni play, Ni tos fols ditz non es res; E croya es ta folia 15 E paupra tajoglaria,
Tan que, si no fos N'Albricx E-l marques que es tos dicx, Nulhs hom no t'alberg-aria.
1 Messoniet R — l\ plages C — 5 daria C — i5 paubra R — 17 q««s estodicx R —
94 POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC.
III Mas d'una re t'es ben près,
20 Que d'aisso qu'aras pus play As pus qu'anc no*n aguist may Follia e nescies; E si negus hom que sia De ta tolhor te castia, 25 Tu non creiras sos casticx; Ouar per follor t'es abricx Tais que per sen no*t volria.
IV
Per tu blasmon lo marques
Li croy joglar e#l savai 30 Per lo ben que elh ti fai ;
Per qu'ieu vuelh qu'en Verones
Al comte tenhas ta via.
Mal dig-, que mais li valria
Us braus balhestiers enicx 35 Que traisses als enemicx
Que s'ieu tu li trametia.
19 res CR; ten CR — 21 Ast R — 27 valria R — 28 blasmom C; li m. R.
I. Messong-et, tu m'as demandé un sirventés et je te le donnerai, aussitôt que je le pourrai, [composé] sur la mélodie de sire Arnaut Plag-ués ; je ne te donnerai pas une autre richesse, parce que je n'en possède pas; mais si j'en avais, ce ne serait point pour t'en témoigner de l'amitié, car, fussé-je riche de mille marcs, tu ne pourrais compter sur moi, même pour un denier.
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 0,5
II. C'est qu'en effet tu n'as rien de ce qu'il faut à un jongleur ; ton chant ne vaut rien et ne plaît à personne ; tes sottes paroles ne signifient rien; misérable est ta folie et ché- tive ta jonglerie ; au point que, sans le seigneur Albéric et le marquis... personne ne t'hébergerait.
III. Mais tu as au moins une heureuse chance, c'est que, de ce qui aujourd'hui plaît par-dessus tout, tu as plus que tu n'en eus jamais, c'est-à-dire de la folie et de la niaiserie, et si un homme, quel qu'il soit, essaie de t'en guérir, tu ne suivras pas ses conseils; car pour ta folie celui-là te protège qui, si tu avais du bon sens, ne voudrait pas de toi.
IV. A cause de toi, pour le bien qu'il te fait, les jongleurs, tant les mauvais que les bons, blâment le marquis ; c'est pourquoi je veux que tu t'en ailles chez le comte, dans le pays de Vérone. Je dis mal, car mieux vaudrait pour lui avoir un rude et farouche arbalétrier, qui tirât sur les ennemis, que toi que j'envoie à lui.
96 POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC.
XXIII.
Bartsch, ^7, 42«
Trois mss. : C, f° 227 [Lexique roman, 417)» ^> lû 2°d< '^a- Edition critique dans Zingarelli, Fntornoaduetrooatori in Italiq (Firenze, 1899, p. iti), ri, d'après lui, dans Crescini, Manuàletto* , p. 3G2.
Orthographe de C, et, pour les parties qui y font défaut, de R.
Fautes communes dans CH aux vers 2, 29.
I Un sirventes vuelh far en aquest son d'En Gui, Que farai a Faiensa mandar a-N Guillami Et al comte Gui Guerra e*N Miquel Morezi Et a*N Bernart de Fosc, et a sier Ugoli 5 Et als autres que son layns, de lor le fi. E sapchan, cum qu'a lor de laintre esti, Quel sens e*l noms e*l pretz e-1 laus qu'om de lor di Las corona d'onor, sol fassan bona fi.
II Bona fin deu ben far, e Dieus li deu far be, 10 Oui franqueza et dreitura e la gleyza mante Contra sel que non a en Dieu ni en leis fe, Ni vida après mort ni paradis non cre, E dis c'om es mens depueis que pert l'aie ; E crueltatz l'a tolta pietat e merce, 15 Ni tem layda faillida fayre de nulla re, E totz bos faitz desonra e bayss' e descapte.
1 sierventes uelh f. C — 2 fallensa CR; Guillelmi I), Guillemi R — /| Bernai A — 5 fesî G — 8 coronan D; sol] los R —
10 Que D — 11 fe] se C — 12 Le second hémistiche manque dans C — i3 mens depueis muni/ ne dans C; aie] le C — i4 ,;1 pi©tat e manque dans ('. — if> Dans i'. il ne reste une Faillida l'a — 16 Dans C // ne reste du premier hémistiche que U bos t';iii; th\
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRG. 97
III Si*l chapte'l coms Rainions, gart que-n fassa son pro, Qu'eu vi que*I papa*l tolc Argens' et Avinho E Nemz' e Carpentras, Vennasqu' e Cavalho, 20 Uzetge e Melguer, Rodes e Boazo, Tolzan e Agenes e Caortz e Guordo, E*n mori sos cojnhalz, lo bons reis d'Arago ; E s'el torn' a la preza per aital ochaizo, Encar Ter a portar el man l'autrui falco.
[V 25 Lo falcos, fil h de l'aigla, quez es reys dels Frances, Sapcha que Fredericx a promes als Engles Qu'el lor rendra Bretanha, Anjau et Toarces, E Peytau e Sayntonge, Lemotges, Engolmes, Toroinn' e Normandia e Guiana e*I Paes, 30 E*n venjara Tolzan, Bezers e Carcasses ; Doncs bezonha que Fransa mantenha Milanes E N'Albaric, que tolc que lay passatz non es.
V Passatz lai fora ben, s'elh n'agues lo poder, Que de ren als non a dezirier ni voler 35 Mas cum Fransa e la gleyza el pogues decazer, E la soa crezensa e sa ley far tener ; Don la gleyza e-l reys hi devon pervezer Oue*ns mandon la crozada e-ns venhan mantener;
et du second ejïnal. — 17 Dans C il reste ceci: Sil chapte... mons garo C; fassan E) — 19 manque D; manasce R — 20 huzetie R — — 21 Aganes C — 22 daraguo C — ii\ lora p. D — 27 Qu'il lor tien- dra R; aniou C D R — 28 Limonge D, Lemoties R — 29 Tolonie CR, Totoinne (Toroinne?) D — 3o Carcassers D — 3i que a F. man- tegn R — 33 silh C — 35-37 Dans C manquent les trois derniers mots du vers 35, tout le vers H6 et le premier hémistiche de 3j. Dans D manque le second hémistiche de 35 et tout 36. — 35 Mas o D — 37 Doncs D. denhon C —
Ç)8 POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRG.
El anem lai en Polla lo règne conquerer, 40 Quarselh qu'en Dieu non cre nondeu terra tcner.
VI Ges Flandres ni Savoya no-I devon mantener, Tan lor deu de l'elieg- de Valensa doler.
38 mande R-3g Polha R, Poilla D.
I. Je veux faire un sirventés sur cette mélodie du seigneur Gui, que je ferai porter à Faenza, au seig-neur Guillelmin et au comte Gui Guerra, et an seigneur Miquel Moresin et au seig-neur Bernart de Fosc, et au seig-neur Ugolin et aux autres qui sont là dedans, fermes dans leur fidélité. Et qu'ils sachent que, quoi qu'il leur arrive là dedans, leur sens droit et leur réputation et leur prix et les élog-es qu'on leur donne les cou- ronnent d'honneur, pourvu qu'ils arrivent à bonne fin.
II. Celui-là doit bien arriver à bonne fin, et Dieu doit bien le favoriser, qui maintient la loyauté et la droiture et l'Eglise contre celui qui n'a foi ni en Dieu ni en elle, qui ne croit ni à la vie après la mort ni au paradis, et qui dit que l'homme n'est rien après qu'il a perdu le souffle; et la cruauté lui a enlevé la pitié et la grâce, et il ne craint pas de manquer vilai- nement |à ses promesses] en quoi que ce soit, ei il déshonore, abaisse et abandonne tout ce qui est bien.
III. Si le comte Raimon le soutient, qu'il prenne soin alors d'en profiter, car j'ai vu le pape lui enlever Argence et Avi- gnon, Nimes et Carpentras, Venasipie et (iavaillon, Uzès et Melgueil, Rodez et Boissezon, le comté de Toulouse et le pays
POÉSIES DE UC DE SAINT-CIRC. 99
d'Agen, Cahors et Gourdon, et son beau-frère, le bon roi d'Aragon, en mourut ; et s'il revient à l'attaque à cette occa- sion, il devra encore porter sur le poing- le faucon d'un autre.
IV. Que le faucon, fils de l'aigle, qui est roi des Français, sacbe que Frédéric a promis aux Anglais qu'il leur rendra la Bretagne, l'Anjou et le pays de Thouars, le Poitou et la Sain- tonges, Limoges et la contrée d'Angoulème, la Touraine, la Guyenne et le Pays [Chartrain], et qu'il vengera le Toulousain et Béziers et le pays de Carcassonne ; il faut donc que la France soutienne le Milanais, ainsi qu'Albéric, qui l'a empêché de passer de ce côté là.
V. S'il l'avait pu, il y serait bien passé, car il ne désire rien tant que d'humilier la France et l'Eglise et de leur imposer sa croyance et sa foi ; c'est pourquoi l'Eglise et le roi doivent pourvoir à nous envoyer une armée de Croisés et à venir nous soutenir, de façon que nous puissions aller là-bas, en Apulie, conquérir le royaume [de Frédéric], car quiconque ne croit pas en Dieu ne doit pas régner.
VI. Ni la Flandre ni la Savoie ne doivent le soutenir, tant elles ont à se plaindre au sujet de l'évêque élu de Valence.
100 POESIES DE UC DE SAINT-CIRC.
XXIV.
Bartsch, 4^7» 41-
Ms. : N (Mahn, Gedichte, no CCXGI).
I Una danseta voil far
Jogan risen De Ma Vida, cui Deus gar Son gentil sen, 5 A qe*il tarai alegrar Son cor dolen. Ab dous chan En dansan Voil que s 'ânes conortan, 10 Baratan
E trichan Ladomnas e galian.
II Sos bons sens li fai canjar
Alberg soven, 15 Car es venguz sai estar E vai qeren Autra que puesc* enganar C'aia argen. Ab clous chan, etc.
III 20 Mantoana e Veronea, Perdut l'ai,
y saues ms. — 17 |nnvs ms. —
POÉSIES DE UG DE SAINT-CIRC. TOI
E Trevis' e Senedes
Atresi sai, E se*l perc Visentines 25 0-1 mènerai?
Ab dous chan, etc.
IV En Alvergne et en Fores
Et en Veslai, Lai on no sahon qi s'es 30 Ni-ls tra'g- q'el trai ;
Pueis me trai l'en Vianes, A Anonai. Ab dous chan, etc.
22 Seneses ms. — 28 eu ms. — 29 qi el ses ms. — 32 A man- que ms.
I. Je veux faire, en jouant et en riant, sur Ma Vie, — à qui Dieu puisse conserver sa belle intelligence — une danse dont je réjouirai son cœur soufFrant.
Refrain : Je veux qu'il aille, se consolant, en chantant et dansant, trompant, séduisant et dupant les dames.
II. Sa belle intelligence lui l'ait souvent changer de domi- cile ; c'est pourquoi il est venu s'établir ici, où il va cherchant une autre dame qu'il puisse tromper et qui ait de l'argent. Refrain,
III. 0 pays de Mantoue et de Vérone, je l'ai perdu [comme vous', et vous aussi, pays de Trévise et de Ceneda, et si le
102 INIKSIES DE lu: de SAINT-C1HC.
pays de Vicence le perd aussi , où pourrai-je bien le mener ? Refrain.
IV. En Auvergne, dans le Forez et dans le Velay, là où on ne sait pas qui il est, ni les tours qu'il sait jouer; puis je l'emmènerai dans le Viennois, à Annonay. Refrain.
POÉSIES DE VC DE SAINT-CIRC. I()3
XXV.
Bartsch, 457, 10.
Ms. H (Studj, V, 5i4).
De vos me sui partitz ; mais focs vos arg-a ; C'autra n'am mais que vos non amiei anc, E ges non es loinc de mi un trat d'arc E val d'aitals una gran plena comba.
5 Cil lauzenzier non sabon ges son nom ; Per qe neguns no m'en pot dan tener ; E ja per vos non sarai mais soffrens,
8 Ans vos prezai ben d'aiqels de la festa.
Je me suis séparé de vous — mal feu vous brûle ! — et j'en aime une autre plus que je ne vous aimai jamais ; elle n'est pas loin de moi, pas plus qu'une portée d'arc et elle vaut, à elle seule, toute une pleine vallée de femmes comme vous (?). Les médisants ne savent pas son nom : c'est pourquoi aucun d'eux ne peut me nuire à son propos; je ne connaîtrai plus par vous de douloureuse attente, mais...
Iû4 POÉSIES DE UG DE SAINT-CIHC.
XXVI.
Bartsch, /| f> 7 , 43.
Ms. Dc (Annales <lu Midi, XIV, 20/1). Imprime dans Appel, Poésies provençales inédites, p. 121 (lier ne des I. rom., XL, 420.)
Y a lor ni prez ni honor non atrai A nul home ni dons ni cortesia, Oui bel don dona lai o non s'escai, Anz es tengut per los pros a follia